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09.03.2012

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littératureVous n’avez plus d’amis dignes de ce nom à porter dans votre cœur, parce que vous en avez trop eu sans doute. Vous avez dilapidé votre pain blanc.  Vous avez galvaudé et le terme et la chose. Vous avez posé vos mains sur bien trop d’épaules et on vous l’a souvent dit : expansif !
Vous vous êtes à présent persuadé qu’on peut bien vivre sans et vous avez eu raison. Tout comme le renard et ses raisins verts, vous avez compris qu’une chose inaccessible ne l’était plus dès lors qu’elle était déclarée de mauvais goût ou inutile.
Mais ne vous formalisez pas trop de vos abandons : tous les humains font ainsi. Ils vivent un bonheur par soustraction. Un bonheur négatif. Ils vivent ce puissant adage de la résignation accomplie qui leur dit que lorsqu’on n’a pas ce qu’on aime, il faut aimer ce qu’on a.
Je vous le concède, c’est intellectuellement bas, socialement traître, ça ressemble aux pommades onctueuses des dogmes et c’est humainement trivial. Mais il en est ainsi et retourner la question cent fois dans votre crâne et dans votre poitrine non seulement ne la résoudra pas mais encore la fera de plus en plus cruelle.
Et les jours n’en succéderont pas moins aux jours, ponctués de nuits qui vous emmèneront jusqu'au dernier crépuscule.
Alors, filez donc votre chemin de solitude. Laissez dire et laissez faire. Quelle importance que vous ayez raison ou tort dans les différents conflits que vous avez engagés et dans le fossé qui s’est creusé entre vous et ceux que vous aimiez ? Laissez ces termes bas du tort et de la raison aux avocats, aux chats fourrés et aux roussins ! Vous n’avez rien à avouer et vos vis-à-vis non plus. Chacun d’entre vous croit tenir, avec raison, la raison au creux de ses mains vides.
Alors, si vous pouviez cesser de vous emporter, que vos colères aux allures de torrent prennent la sérénité des ruisseaux de prairie !
Se mettre en rogne ne sert que les objets de la rogne. Les cibles qui la déclenchent sont toujours impassibles, froides et silencieuses. Bref, tout ce qui vous manque et vous accuse in fine.

Vous avez regardé ce matin la lumière rose s’élever au-dessus du Bug.
Personne à votre place n’aurait su la regarder comme vous l’avez regardée. Un autre l’aurait regardée avec ses yeux à lui, chargés de sa propre histoire.
Vivre, n’est-ce pas cela ?
Etre unique en son regard sur le monde et sans qu’aucune échelle de valeur ne vienne embuer ce regard ?

Image : entrée de la tanière d'un loup. Photo prise en forêt de Włodawa.

11:47 Publié dans Acompte d'auteur | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : littérature |  Facebook | Bertrand REDONNET

Commentaires

Oui c'est exactement cela, et la dernière phrase est particulièrement belle. Mais ce n'est pas facile et en plus quand même ça fait mal!(je veux dire avant de parvenir à cette sagesse) je n'avais jamais vu l'entrée de la tanière d'un loup, c'est près de chez toi?

Écrit par : Sophie | 09.03.2012

Cette tanière est à 30 bornes environ, Sophie. Au fin fond de la forêt. Impossible à découvrir seul, ce sont des forestiers qui nous l'ont montrée.

Écrit par : Bertrand | 09.03.2012

Ah ça c'est un billet parfait.

Écrit par : Alfonse | 09.03.2012

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