UA-53771746-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

02.01.2012

La Pologne atlantique

897597271.JPGMe souviens avoir écrit une certaine détestation pour les climats tempérés, humides et fangeux. Pour cet océan, radiateur et prétentieux. Un sentiment anti-océanique. Par jeu de mots, bien sûr. Encore que...Si le sentiment océanique est celui de la totalité, celui d'être un pan de la totalité, je ne me suis jamais senti appartenir à la tiède grisaille des hivers atlantiques.
Et il est vrai qu’aussi loin que je remonte dans mes souvenirs de petit campagnard, je me vois guetter en hiver les nuages qui seraient venus du nord ou de l’est. Je guettais du froid, de la neige, des chemins durs comme la pierre et des cours d’eau immobilisés sous la glace. Je n’ai jamais trop compris pourquoi. Est-ce une rupture du quotidien que je demandais, déjà, aux cieux, ne pouvant la demander aux hommes ? Est-ce que j'attendais des nuages qu'ils brisent la normalité des choses ? Qu'ils contredisent leur latitude ?
Je me demande aujourd’hui si, en fait de tempérance, ce ne sont pas les hommes tempérés, que je n’aime pas. Ceux qui ressemblent aux climats sans amplitude. Les mous. Les calmes. Les sereins. Les cools. Les qui ne montrent jamais d’humeur, ou rarement. Les pacifistes. Et je n'aime pas que les ambiances paysagères prennent le visage des hommes que je n'aime pas. Peut-être.

Quand je suis arrivé en Pologne, il m’a semblé réalisé, aussi, comme une  espèce de communion avec le climat continental. Il m’a semblé être venu combler une frustration lointaine, mes attentes enfantines s’étant à peu près toujours soldées, de ce côté-là, par des pluies étalant leurs immenses traînées.
Et il faut dire que j’ai été servi. Si je regarde les deux hivers précédents, on a totalisé  sept mois sous la neige et atteint des températures jusqu’à moins 33. J’ai vu le Bug gelé, j’ai vu les routes coupées sous des congères de glace, j’ai vu des toits s’écrouler sous le poids de la neige, j'ai vu toutes les tuyauteries de ma maison bloquées.
Je n’en espérais pas tant, évidemment. Et même j'ai déploré tant de sévérités. Jamais content, quoi.

Cet hiver, mon ancienne détestation me revient avec force. Je sens l’Océan qui flotte dans l’air et depuis un mois, son haleine poisseuse m’a poursuivi jusques là. Ce sont alors des brouillards nonchalants, lourds, disgracieux, opposant aux paysages la force d'une inertie déconcertante. Et ce sont des températures clémentes, des températures hypocrites, mielleuses, entendez par là de - 4 à + 1 degré. Et c’est le gris désolant, ce gris que je connais si bien. Celui de Rochefort et de toute la côte. La neige tombe parfois. Une neige océanique, lourde, humide, collante, poussée par les vents d’ouest...Cette nuit, il en est tombé près de dix centimètres, à gros flocons, et, dès le lever du jour, la pluie, la gadoue. Et les toits qui pleurent comme sous une averse de printemps.
Le blanc refuse obstinément de s’accrocher à la toile des paysages.
Les Polonais vivent cet hiver ce que je voulais vivre enfant :  leur latitude contrariée.
Je suis content pour eux. Moins pour moi.

Vous allez me trouver idiot, et pourtant : moins envie d'écrire dans cette ambiance de climat faux-cul.

Illustration : le Bug gelé, - 25,  janvier 2010

14:55 Publié dans Acompte d'auteur | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : littérature |  Facebook | Bertrand REDONNET

Commentaires

Comment dit-on Bonne année en polonais, Bertrand ?

REPONSE BERTRAND :

Szczęśliwego nowego roku !

Littéralement : heureuse nouvelle année, et, sous-entendu "je vous souhaite", donc tout ça décliné au génitif car COD parfois génitif en polonais...Ouf !

Écrit par : solko | 02.01.2012

Hé bé. J'imagine, dans les bureaux, les entreprises, les boutiques, cette semaine, les gens en train de se le dire... (C'est surtout le début qui coince. Véritable exercice d'articulation pour ateliers d'apprentis comédiens...)

REPONSE DE BERTRAND :

Comme vous dites ! En gros, ce début, ça fait : tchinch'li, mais en chuintant bien et à la vitesse du son....C'est le cas de le dire

Écrit par : solko | 03.01.2012

Les commentaires sont fermés.