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23.11.2011

Le Théâtre des choses dans le Magazine des livres

Le theatre 1er 2.JPGStéphane Beau signe un article très positif sur Le Théâtre des choses, dans le Magazine des livres n° 33. Je l’en remercie vivement, lui et la rédaction du Magazine, et vous en livre ci-après le texte.
Entre autres émotions bien compréhensibles éprouvées à la lecture de cet article, il me faut dire que j’ai entamé la première phrase, par un sourire.
Car il semblerait que je sois "un conteur." C’est aussi ce que disait Yves Revert. Et cela me rassure beaucoup, voyez-vous, tout occupé que je suis ces temps derniers à réécrire une vingtaine de contes et légendes du Poitou pour les éditions Gisserot.
J’éprouve quand même quelque difficulté : réécrire est bien plus difficile que d'écrire. J’en détiens maintenant la preuve. J’entends réécrire sans plagier, bien sûr. Réécrire vraiment. Avec sa propre langue.
Mais ça avance, ça avance et, tenant absolument, autant pour moi que pour les lecteurs du livre futur, à faire des textes de qualité, à allier en quelque sorte l'utile à l'agréable, j’y éprouve aussi satisfaction.
Quant au fait que je sois habitué à monter sur scène comme le souligne Stéphane, oui, quoique cela ne me soit pas arrivé depuis un an environ. Je remonterai en octobre 2012 pour un spectacle avec Jean-Jean-Jacques Epron et sur lequel nous travaillons d’arrache-pied en ce moment. Les textes - La Fontaine, Couté, Baudelaire, Villon, Marot, Apollinaire, Bruant- ont été mis en musique par mézigue. Jean-Jacques les chantera et j’accompagnerai à la guitare, soutenu par un sax.
Bon, mais je suis hors sujet et bavard. Je passe le micro à Stéphane.

 img108.jpg Géographie

Avant tout autre chose, Bertrand Redonnet est un conteur. Ceux qui le connaissent un peu n’ignorent d’ailleurs pas qu’en plus d’être un écrivain, c’est également un homme qui a, à de nombreuses reprises, tâté de la scène, un homme habitué, armé de sa guitare, à s’adresser en direct à un public, à jouer avec lui et à moduler ses effets en fonction de la manière dont il le sent vibrer. Et cela se ressent dans ses écrits.

Le fait que le titre du recueil de nouvelles qu’il vient de publier nous parle de « théâtre », est à cet égard loin d’être anodin tant la vie pour Bertrand Redonnet semble s’apparenter à un grand théâtre qu’on ne peut guère appréhender autrement qu’en le mettant en scène. D’ailleurs, plus on avance dans la lecture de son recueil et plus on se  demande si, chez lui, d’une certaine manière, le théâtre ne compte pas plus que les acteurs eux-mêmes, tant, dans tous ces textes, les héros principaux ne sont jamais véritablement les humains, - qui traversent les récits de manière presque contingente -mais bien les décors, les paysages de Pologne et du Poitou, qu’il nous dépeint avec une poésie et une précision rares.

Car Bertrand Redonnet est un amoureux de la nature. Non. Plus précisément, c’est un amoureux de la « Géographie » convaincu que les hommes et le sol qui les a vu naître - ou qu’ils ont adopté dans leur exil - sont les deux faces d’une même réalité, que la terre n’est pas seulement un support qui se déploie sous leurs pieds, mais que c’est une dimension essentielle, au sens propre du terme, de leur sensibilité, de leur psychologie, en un mot, de leur être. Les héros des dix nouvelles réunies dans Le Théâtre des choses apparaissent ainsi indissociables de l’environnement dans lequel ils vivent. Ils en sont en quelque sorte des éléments «naturels», finissant parfois par faire corps avec la terre même, comme dans les nouvelles intitulées Souricière et Résurgences.

Cette approche terrienne de la nature humaine,  qui confère à ses personnages une dimension quasi mythologique, est une des grandes forces de l’écriture de Bertrand Redonnet et apporte à son volume une épaisseur et une cohérence qui manquent souvent dans ce genre de recueils.

Magnifique conteur, donc, Bertrand Redonnet est aussi un brillant écrivain et c’est cette double qualité - qui n’est pas si courante que cela dans le monde des lettres, malgré ce qu’on pourrait penser, tant les auteurs semblent souvent accorder plus d’importance au fait de s’écouter parler qu’à celui d’être entendus -qui donne toute leur puissance à ses nouvelles. Car si ses textes, qu’on s’imagine très bien lire devant un parterre d’amis, le soir au coin d’un feu de cheminée, relèvent bien d’une certaine oralité, ils n’en sont pas moins merveilleusement écrits dans une langue qui n’a rien à envier aux illustres auteurs - tels que Maupassant qu’il cite comme modèle - qui ‘l’ont précédé dans ce genre littéraire si difficile à maîtriser. Après nous avoir séduit avec son roman  Zozo, chômeur éperdu, puis avec Géographiques, un dialogue philosophique publié il y a peu de temps aux éditions Le Temps qu’il fait, Bertrand Redonnet confirme donc avec Le Théâtre des choses, qu’il possède plus d’une corde à sa lyre et que son talent s’adapte sans soucis à tous les modes d’écriture.

 Stéphane Beau
Le Magazine des livres, N°33, Décembre 2011/Janvier 2012

12:37 Publié dans Acompte d'auteur | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature |  Facebook | Bertrand REDONNET

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