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24.10.2011

Henryk Sienkiewicz

littératureC’est un froid joli. Un froid ensoleillé de fin d’octobre.
C’est une saison de bascule, qui oscille entre deux partis à prendre, qui fait semblant de diffuser un reste de lumière d’été tout en peignant furtivement les paysages en blanc, sous les gais cristaux des gelées matinales.
C’est une saison entre l’intérieur et l’extérieur, entre le chien et le loup. Il reste encore un peu de temps, avant les grandes réclusions derrière la nuit tombante des milieux d’après-midi, pour explorer des surfaces encore inconnues.
Quiconque aura vécu dans sa chair le déracinement de ses souvenirs, l'ailleurs de son soi,  saura cette soif d’habiter les lieux de la transplantation en les arpentant, en les tutoyant des yeux, en fouillant leur mémoire. Habiter, c’est d’abord s’approprier. Faire que son corps, son âme, son être, respirent en même temps que le Grand Tout immédiat.
Combien de gens, hélas, n’ayant jamais fait que le tour de leur jardin, n’ont cependant jamais habité nulle part parce que n’ont jamais fait battre leur cœur à l’unisson de leurs endroits ! Même pas dans leur lit  ! Souvent parce qu’ils n’ont pas su revoir leurs ambitions à la baisse, toujours intoxiqués par une identité tronquée et bien sûr de qualité supérieure à celle du facteur, du charcutier ou du paysan du cru ! Quand ils se mettent en devoir d'écrire, ces gens-là, ça ne ressemble en rien à leur vie, on se demande bien du haut de quelle cathédrale ils prennent la parole, il y a affreuse
dichotomie, discordance pénible, et, n'écrivant rien sur rien, ils en arrivent à peindre le monde en rien, sur leurs pages autant que dans leur vie, entraînant en même temps leurs proches et leurs lecteurs vers le vertige du vide absolu, qui leur plaît bien et les console à bon compte de leur propre désert.

C'est ce que je pensais hier, en roulant tranquillement sur Radziń Podlaski, Kock et Łuków. A la recherche d’un écrivain célèbre. Une partie du territoire sans grand intérêt du point de vue de l’esthétique, plaines sans forêt, seulement morcelées par des bosquets de grands pins et de vieux bouleaux. Mais, quelque part dans un village qui demande pas mal de détours, de marches arrière et de demi-tours pour y accéder, il y a la maison natale de Henryk Sienkiewicz. Son premier berceau. Toujours émouvant de marcher sur les pas d’un lointain, très lointain compagnon de la plume. Surtout dans un village embaumé par le silence d'automne.
Petit manoir isolé au toit de bardeaux délicats, avec les reliques de l’écrivain, son œuvre, de vieux livres, des manuscrits, des lettres, des photographies, de vieux objets lui ayant appartenu, ramenés de France, d’Afrique ou d’Italie. L’éternelle panoplie un peu morne des musées.
Jagoda connaît Sienkiewicz mieux que moi, Potop, W pustyni i w puszczy, Ogniem i mieczem * n’ont pas de secrets pour elle. C’est assez surprenant ce goût qu’ont les enfants pour Sienkiewicz ! Et elle était aux anges d’apprendre que W pustyni i w puszczy a été rédigé pour tenir une promesse faite à une gosse de 9 ans - qui lui faisait le gentil reproche de n'écrire que pour les adultes - de publier un livre dont elle serait l’héroïne et qui s’adresserait aussi bien aux grands qu’aux enfants.
Intellectuellement, beaucoup plus par une connaissance générale, spéculative, que par une lecture approfondie, je sais que le succès que connut l’écrivain est dû au fait que dans une Pologne étranglée, soumise, rayée de la carte, à une époque d’assassinat de toute la culture polonaise, Sienkiewicz écrivait des sagas sur les moments les plus glorieux de l’histoire de son pays et que ses compatriotes, qu’ils soient sous la botte russe, autrichienne ou prussienne, éprouvaient alors à son égard une profonde reconnaissance.

J’ai corrigé aussi, hier, une erreur que je tenais  pour vérité définitive, (une de plus !) et que je vois ce matin donnée par Wikipédia comme étant du bon pain ;  Wikipédia qui, quand même, devrait se renseigner plus profondément avant de publier quoi que ce soit sur qui que ce soit, tant cet outil est devenu outil de références pour ceux et celles qui, pressés par l'ignorance et
l’à-peu-près, veulent faire mine de tout savoir en faisant l’économie de l’essentiel ** : L’écrivain n’a pas reçu le prix Nobel de littérature pour le fameux Quo vadis, d’abord publié en feuilleton dans Gazeta Polska, mais pour l’ensemble de son œuvre.
Les documents officiels de Stockholm en attestent. 

 Le déluge, Dans le désert et la forêt, Par le feu et par le fer.
** Me fait penser à une boutade d’un écrivain de SF contemporain, Polonais, dont j’ai oublié le nom : Si je n’avais pas Internet, j’ignorerais combien la terre est peuplée de crétins !

14:30 Publié dans Acompte d'auteur | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature |  Facebook | Bertrand REDONNET

Commentaires

Wikipedia se prétend une encyclopédie mais n'est qu'un réseau social où chacun donne à moudre ce qu'il sait ou croit savoir.
Sienkiewicz, dont je n'ai toujours pas lu la moindre ligne, même pas du Quo Vadis...
Je me souviens d'une visite aux Charmettes, il y a très longtemps, et cette même sensation dans la maison déserte, devant quelques meubles ayant appartenu à Mme de Warens, très peu de choses en fait, et ça m'avait étonné. Idem dans le musée Balzac de la rue Raynouard (mais il est vrai que je suis peu féru des "maisons d'écrivains" et n'ai visité que ces deux là).
C'était avant "Les Choses" de Pérec, dont les intérieurs allaient s'emplir.


REPONSE DE BERTRAND :

Bonjour, Roland,
Les musées dédiés à une personne ont tous la même odeur palpable de la mort qui a fait son oeuvre.
Je suis pourtant, à la différence de vous, assez féru de ces maisons qui ont été hantées par des écrivains. C'est un peu mes cimetières à moi...J' y regarde, en fait, assez peu de choses, j'y navigue avec mes propres imaginations. Chose que je ne ferais pas dans la demeure d'un musicien ou de tout autre artiste, d'ailleurs. A Prague, je m'étais ennuyé dans la maison de Mozart.
à Saché, (Balzac) je n'étais pas allé à l'intérieur. J'étais longtemps resté dans le jardin.. J'ai beaucoup aimé cet endroit.

Et pour Sienkiewicz, ce n'est certainement pas un grand, grand écrivain, mais son importance vient de la situation historique.
On pourrait dire, cette situation historique en moins, qu'il est un peu l'Alexandre Dumas polonais. Je crois.
Certains exégètes vont certainement ne pas ête contents...
Amitiés à vous

Écrit par : solko | 25.10.2011

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