UA-53771746-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

14.12.2010

Fin sans guère de suite

histoire-des-naufrages.jpgAvec la fin de Non de non, s’achève aujourd’hui ma troisième expérience d’un blog collectif.
Sans doute aussi la dernière car les trois navires ont prématurément sombré. Pour des raisons diverses.
Mais peut-être ce genre d’entreprise est-il voué à l’éphémère et que son essentiel réside justement là-dedans.
C’est ce qu’on appelle une réflexion empirique, a posteriori : Si les faits disent le contraire, suffit de modifier les  faits.

La première de ces expériences date de février 2009, sur l’initiative de Marc Villemain, que je salue bien amicalement au passage.
Les sept mains. Il y avait là, outre Marc et moi-même, Claire Le Cam, Jean-Claude Lalumière - pas encore envoyé sur Le Front russe -  Emmanuelle Urien, Fabrice Lardreau et  Stéphane Beau.
Les sept mains jetèrent l’ancre six mois après, chacun étant appelé sur d’autres priorités et, surtout, il était inscrit sur son  bulletin de naissance que ce blog serait de courte vie. Parole tenue.
Ce furent de joyeux moments, pleins d’échanges et d’amitiés tant que je fomentai de prolonger l’expérience. Je proposai alors Tempête dans un encrier . Stéphane et Emmanuelle acceptèrent. Aglaé Vadet, Thomas Vinau et Manu Causse nous rejoignirent et c’était reparti pour un tour.
Là, je fus seul à la barre et je ne m’en plains nullement. C’était gratifiant.
La tempête annoncée fut cependant déroutée par un anticyclone imprévu et s'avéra n'être bientôt qu'à peine  un ouragan, audience plus médiocre, en dépit d’une réelle qualité des textes. On s’est un peu marré et on s’est vite lassé…C’est comme ça.
Les bouteilles  à la mer, c’est bien, mais c’est quand même mieux quand il y a quelqu’un sur la plage pour ramasser les messages.
On s’est quitté bons amis…Tchao ! C’était en janvier 2010.

Stéphane Beau et moi-même ne l’entendîmes cependant pas tout à fait de cette oreille. On a la vie dure. On est des têtus, tous les deux. De mails en mails, nous mîmes au point une nouvelle formule. On était d’accord sur le ton : Révolte et indignation face au monde de cloportes et de soumission qui nous est chaque jour proposé de vivre. Large part faite aux auteurs anarchistes.
Stéphane amène avec lui Stéphane Prat, le joyeux et perspicace Manchot Epaulard, j’amène avec moi Roland Thévenet, alias Solko,  parce que nous nous lisons réciproquement depuis longtemps, que nous ne sommes pas toujours d‘accord mais nous vouons cependant l’un et l’autre une belle estime.
Son blog est d’une haute tenue et ceux qui ne le lisent pas ont tout simplement tort.

Et c’est reparti….
Je note donc que Stéphane et moi, sommes ensemble depuis février 2009. Déjà un vieux couple.
Salut à toi, camarade nantais et Grognard impénitent !
Et, là aussi,  le souffle peu à peu s’est épuisé.
Je n’ai, personnellement, pas  été assez disponible. Stéphane a tout fait, puis il en a eu un peu marre d’avoir à peu près seul les mains dans le cambouis. Il a battu le rappel. Peu d’écho….Salut !
On se saborde. Mais on ne se noie pas. On reste ensemble. Pour quoi faire ?  Rien d’apparent en continu.
C’est ça aussi la grande trouvaille du net. Des rencontres qui ont du sens et qui meurent avant les grandes morosités de l’épuisement.

Reste ses limites.
 - Ses limites résident dans son immensité. On a tous un blog perso et un blog, c’est exigeant, il faut y être tous les jours, avec, tant qu’à faire, des mots qui portent.
C’est épuisant mais c'est notre plaisir et halte à la vieille dichotomie entre travail et plaisir, autant que halte à la confusion entre travail et travail salarié.
Si on a tous un blog, ça veut dire qu’on a beaucoup de lectures sur le net. On se lit, on se commente, on s’écrit en privé. On lit aussi à la maison, d’autres livres…Pour l’heure, j’en ai quatre en chantier. Quatre c'est beaucoup et je ne lis pas vite.
Ça m’a toujours amusé d'ailleurs les gens qui parlent sur le net de tous les livres qu’ils lisent. J'ai fait une fois le calcul. Il ne restait pas  beaucoup de place pour faire autre chose. A peine dormir quelques heures.  D’un sommeil sans coquineries, bien sûr.

 - L’audience. Le  net n’est pas une chambre d’écho.  Ou alors il y a trop de réverb….ça sature…on n’entend pas toutes les notes. Chacun aussi cultive sa parcelle par-devers lui.
Le temps, c’est humain. La parcelle par devers-soi aussi.
C’est humain vous dis-je. Ce qui veut tout dire et rien du tout.
Souvent quand même l’impression de parler dans le vide, ou du moins entre lascars toujours du même tonneau.
Lassitude.

Je salue donc fraternellement tous ces amis et amies, des  Sept mains, de Tempête dans un encrier, et  en dernier, mes trois compères de Non de non
Un grand  merci pour tous ces échanges, écritures et lectures. Notre réussite réside dans la tentative. C'est comme les utopies : si on en réalise seulement un pour cent, on a déjà avancé beaucoup plus loin que tous  les spécialistes de la résignation.

- Reste aussi que ces blogs sont toujours en ligne.
Comme de la matière morte ? Non de non ! Comme les messages échoués d’une volonté  encore imparfaite.

Il faudra un jour inventer une archéologie du net.

12:44 Publié dans Acompte d'auteur | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : littérature |  Facebook | Bertrand REDONNET

Commentaires

Ce qui est bien avec le collectif (même pour "tempête", le sentiment d'un collectif) c'est qu'il n'y a pas de personnalisation de l'aventure, pas de focalisation sur un individu je veux dire. Et donc ça respire tout le temps.
Et puis il y a l'entraide : quand l'un a une baisse de régime, l'autre prend le relais. Stéphane B. a bien assuré sur Non de non, mais avec une telle élégance que c'est le collectif qu'il a toujours représenté. Ndn a été une aventure collective tout du long avec toujours un capitaine à la barre. Cela mérite d'être salué.

Non de non, comme les autres blogs collectifs, a permis des découvertes, de belles rencontres. Gratitude et reconnaissance.

Les arrêts, du point de vue du lecteur, ne sont pas dramatiques, sans doute parce que la direction collégiale permet de garder la bonne distance. C'est peut-être cela la plus belle réussite de ces aventures.
Merci.

Écrit par : Michèle | 14.12.2010

Merci à toi, Michèle.
Et d'avoir souligné l'élégance du gars Stéphane....

Écrit par : Bertrand | 14.12.2010

Pour le gars Stéphane, donc,
ce poème de Thomas Vinau (qui me pardonnera de n'avoir pas demandé son autorisation) :

Poème préhistorique

Je m'occupe du feu
mes doigts sont souvent brûlés
mais cela n'a pas d'importance
parce que je m'occupe du feu

http://etc-iste.blogspot.com/

Écrit par : Michèle | 14.12.2010

Il n'y a de toute manière pas lieu à nous lamenter. Nous avons quand même tenu quelques chouettes mois au rythme de presque un billet par jour, avec quasiment pas de remplissage discutable, et en nous offrant même parfois le luxe de refuser des textes qui étaient loin d'être mauvais, mais qui ne plaisaient pas à tous les quatre.

Et puis il y a le plaisir des rencontres, avec des auteurs ayant proposé des textes, avec des visiteurs qui parfois, telle Michèle, laissaient des commentaires qui avaient autant d'intérêt que les textes commentés.

Donc aucun regret. J'ai assumé avec plaisir le boulot tant que j'ai pu le faire, mais j'ai aussi surestimé mes forces. "Le Grognard" repart pour une nouvelle année (la 5ème!!!) et il faut bien que je m'en occupe un peu. J'espère d'ailleurs retrouver la plupart d'entre vous, Solko, Bertrand, Feuilly, Michèle, Heptanes (et bien sûr les habitués, O'Prato, Thomas...) dans de futures aventures du Grognard.

A+

Stéphane B

Écrit par : stephane | 14.12.2010

Je ne saurais mieux dire que Bertrand, qui décidément sait ce que signifie le ton juste - et à qui je retourne, non sans chaleur, le salut amical et complice.

Le temps est d'abord affaire d'hommes - d'humains, s'entend. Et comme tous les acteurs ici cités cultivent une sorte de pathologie perfectionniste, alors disons que le temps leur est compté doublement. Ce fut, pour ce qui me regarde, la rigolote aventure des 7 Mains ; que j'ai donc en son temps stoppée, parce que même rigoler, ça prend du temps et de l'espace dans le cervelet. Ce qui est venu ensuite, Non de non de Tempête, a perfectionné le module, et c'était très bien ; c'était même, pour tout dire, ambitieux.

Après, tous autant que nous sommes, avec nos petites faiblesses et nos marottes respectives, nous sommes avant tout des auteurs. C'est-à-dire, quoi qu'on en ait, des individus. Moyennant quoi, ça marche au coup de cœur, au coup de sang, à l'enthousiasme pour aller vite. Quand ça s'épuise, faut pas forcer. Faut attendre un peu, histoire de s'assurer de la chose. Et si ça persiste, passer outre. Internet charrie ça aussi, oui, Bertrand, tu as raison. Alors c'est retour à nos fondamentaux, ou à nos pénates - nos blogs respectifs, bien sûr, les autres, la lecture de leurs livres, mais surtout, parce qu'après tout c'est notre vie, nos propres travaux, que je n'ose qualifier d'œuvres, mais pourtant c'est bien de ça qu'il s'agit - ce qui ne préjuge pas de leur qualité, cela va sans dire, mais ça va mieux en etc...

Alors voilà. Ça veut dire, et c'est heureux, qu'on ne fait pas toujours ce qu'on veut, dans la vie. Qu'on a par moments envie de se lever, et à d'autres de se coucher - au moins de s'asseoir et souffler un peu. Moyennant quoi, une chose qui s'achève n'est guère que l'annonce prématurée de ce qui peut advenir. Et, passez-moi le jeu de mot, l'advenir a de l'avenir.

Amicalement à tous - Marc

Écrit par : Marc V. | 14.12.2010

Bien agréable de retrouver Marc Ici. Impression de boucler la boucle !

Écrit par : stephane | 14.12.2010

Oui, merci Marc d'avoir apporté contribution sous ce texte. Cela me fait vraiment plaisir. Une boucle, comme le souligne Stéphane.
Et je ne sais pas, comme tu dis, si j'ai le mot juste, en tout cas je signe des deux mains cette contribution tant elle reflète le fond de ma pensée (et je ne sais jamais si dans ce cas-là, fond prend un "s" ou non.....)
J'espère que non...Parce que je sais que fonds de commerce en prend un.
Amitiés à toi
Bertrand

Écrit par : Bertrand | 15.12.2010

Et on ne mesure jamais très bien l'impact et l'importance que peuvent avoir ce genre d'espace. Répondre à l'invitation de "tempête dans un encrier", par exemple, m'avait amené à écrire une nouvelle qui m'a finalement remis le nez dans de vieux, de très vieux machins extrêmement importants pour moi, et auxquels j'ai enfin pu mettre un point final...

Écrit par : Stéphane Prat | 15.12.2010

Ah, tu vois, Stéphane....ça n'aura alors pas été vain.
A bientôt !

Écrit par : Bertrand | 16.12.2010

J'aimais beaucoup mes visites ici, même si je ne me manifestais pas toujours. Je continuerai à vous lire dans vos blogs respectifs, mais Non de Non était un bel alambic.

Écrit par : Zoë Lucider | 17.12.2010

Merci..Cette appréciation en forme d'allégorie me plait bien...Et je subodore qu'elle sera aussi du goût des trois autres compères.

Écrit par : Bertrand | 17.12.2010

Les commentaires sont fermés.