27.09.2010
Bingo !
Je devais prendre un vol Air-France en octobre, puis, à partir de Roissy, rejoindre pépère mon cher Poitou-Charentes en TGV.
Je ne reviens pas souvent en France. La dernière fois, c’était en avril 2009 !
Mais j’ai pris toutes mes précautions. Je suis un homme attentif à ses brèves incartades sur le sol de la mère-patrie : J’ai donc tous mes billets réservés, dûment payés, depuis le 22 février.
Huit mois à l’avance, que je m’y suis pris, pour être sûr de revoir la mer, mes frères, un ou deux copains et mon Zozo mis en lecture-spectacle.
Hé ben, bingo ! Ce jour-là, grève…Me voilà comme un con avec mes billets soigneusement rangés depuis le début de l’année dans un gros livre, les œuvres complètes d’Apollinaire, exactement !
C’est assez dire si j’y tenais à ces billets !
Je ne vais pas vous chanter les sempiternelles jérémiades anti-grévistes du consommateur de base pris en otage…Non… Non…On sait bien que les syndicats ont raison, les manifestants itou et que c’est dégueulasse de vouloir faire travailler les gens jusqu’à avoir un pied dans la tombe. On sait bien aussi que les syndicats vont faire reculer le législateur, que tout ça va s’arranger ; iIs sont résolument contre cette loi, les syndicats !
Je le sais bien : Je faisais déjà la grève contre Juppé, puis contre la loi Fillon, alors ministre des Affaires sociales sous Raffarin, c’est-à-dire ministre ayant en charge de briser menu les acquis sociaux… Quatre jours que j’ai fait la grève, la dernière fois...On était mobilisé à fond ! Sur 1200 employés que comptait mon administration, on était cinq ou six à la faire…Y’avait même un gars de FO qui ne la faisait pas toute, la grève. A cause des sous, voyez-vous…
Mais j’suis bien content d’avoir fait cette grève : Fillon, il a reculé…D’un poil de cul pour faire un bond en avant de dix mètres !
Comme il va reculer, là, c’est sûr…d’un millimètre pour foutre tout le monde dans la merde jusqu’à 67 ans.
Et ils le savent bien, les ténors grassement payés des syndicats….Ils le savent bien…Si cela ne se passe pas comme je dis là, je leur ferai, ici même, des excuses publiques.
Bref, me voilà dans l’incertitude complète pour un voyage que j’ai prévu depuis huit mois et tout ça, pour rien, en plus…Si ça devait servir à ce que les gens arrêtent de travailler à 60 balais et même avant, je serais prêt à sacrifier mes visites en France jusqu’à la Saint-Glinglin. Peut-être même jusqu’au dernier soupir et je le dis sans ironie aucune.
C’est ça, qui me fout en rogne…L’inutilité complète. Et mon manque de bol, aussi…Parce que je leur ai quand même donné huit mois et sur ces 240 jours, ils choisissent le mien pour faire grève ! On est parano, des fois, on se demande pourquoi…
Parce j’essaie bien de changer les billets, mais ils ne veulent pas, les malins…Oh, c’est pas sûr, on peut pas dire à l’avance, ce n’est pas de notre faute, faut venir à l’embarquement ….Et si l’avion i vole pas ? On trouvera un vol….Et la correspondance à Paris ? Ah, ça, c’est pas notre problème…Bon, ce doit être le mien alors…De toute façon, s’il n’y a pas d’avion, y’aura des sacs de couchage, au moins, que j’ai envie de demander ? Je serais seul que je m’en foutrais. Mais il y a une gamine aussi…
On s’arrangera pour vous trouver un vol, ne vous inquiétez pas…
On s’arrangera, j’aime bien l’expression…Et à l’autre bout, démerde-toi !
Surtout qu’à l’autre bout, c’est la SNCF qui prend le relais et la SNCF, celui qui s’en méfie ne perd pas son temps…Dernièrement, un groupe de Polonais n’a pas pu avoir son avion parce que le train avait plus de deux heures de retard ! Cloués à Paris, les Polonais ! Ils ont dû prendre un bus grandes lignes ; 36 heures de route, à leurs frais…
La SNCF rembourse ? Sans doute que non parce que le retard était dû à un vol de câbles, que ce n’était pas son fait à elle et que…Mais oui, mais c’est quand son fait à elle ? Quand un désespéré ou une, choisit de se jeter sous le convoi, elle n’y est pour rien non plus. Quand un arbre tombe, qu’un grand animal s’échoue sur les rails, qu’un automobiliste grille le passage à niveau, que la météo est vraiment trop mauvaise (formation de blocs de glace sur les câbles), elle n’y est pour rien non plus…Elle ne prend pas beaucoup de risques, l’entreprise modèle !
Les Polonais, ils sont revenus un peu éberlués par les façons de faire à la Française….
Alors, venir échanger, sans frais, des billets parce que les camarades sont en grève, non, ça, c’est de l’utopie. Du culot même !
Les syndicats, eux, pendant ce temps-là, ils comptent leurs ouailles ; ils donnent un coup de peinture fraîche à une légitimité qui en avait bien besoin…
Et la clique au pouvoir n’en a rien à foutre de tout ça ; un jour par ci, un jour par là…Bof, ça fait désordre mais les meubles seront sauvés…Pour lui faire lâcher l’os qu’elle tient dans sa gueule, il n’y aurait qu’une bonne grève insurrectionnelle, illimitée et coordonnée, tiens ! Mais ça, syndicats, politiques de tous bords et patronat en ont une telle peur bleue - et c'est bien là le consensus et le modus vivendi de tous ces apôtres - que c’est pas demain la veille que vous danserez la Carmagnole de la victoire, camarades empêcheurs de rentrer au pays en rond !
13:28 Publié dans Acompte d'auteur | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : littérature, politique, parti socialiste | Facebook | Bertrand REDONNET
Commentaires
J'imagine la déception. Il n'y a donc pas ce fameux "service minimum" dont on nous a rebattu les oreilles ? Il est vrai que le ministre des Transports est sur le départ...
J'espère que vous allez trouver une solution : pour une fois qu'un immigrant vient chez nous pour des raisons autres - dixit Marine Le Pen - que de Sécurité sociale, logement pour une bouchée de pain, prestations médicales gratuites... il serait dommage de s'en priver !
Bernard Kouchner, vous avez essayé de lui exposer votre cas ?
Écrit par : Dominique Hasselmann | 27.09.2010
Non, non... La spécialité de Kouchner, c'est l'ingérence humanitaire. Il ne va pas s’occuper d’un écrivain polonais de langue française qui veut visiter le Poitou. A la rigueur si Bertrand avait été enlevé par une secte catholique et retenu contre son gré en Pologne, il aurait pu faire quelque chose pour le rapatrier, mais ici, il s’agit d’un exil volontaire alors franchement … A moins de faire passer notre écrivain pour un espion de la CIA chargé de surveiller la frontière russe, mais cela va être dur.
Moi je demanderais plutôt à Sarkozy, la littérature et la culture c’est son domaine non ? Il nous a déjà parlé de la Princesse de Clèves et une fois il a même cité du Camus. Après tout, il a un avion personnel, lui, il pourrait le prêter et le faire atterrir directement en Poitou-Charente, sous les yeux ébahis de Ségolène, la royaliste à la rose.
Écrit par : Feuilly | 27.09.2010
Ah, je vois, avec joie, que vous n'êtes pas à court de solutions, auxquelles les limites de mon esprit ne m'avaient pas donné l'heur de réfléchir !
Et je vous dois à tous les deux une bonne rigolade, en plus...
Si, si, il y a bien cet affreux pléonasme (à moins que ce ne soit un euphémisme)de service minimum, mais ça veut dire poireauter, piétiner, attendre, dissocier la bonne nouvelle de la mauvaise, et tout ça pour arriver finalement après la messe..
Imaginez ce que peut être un service minimum dans un service perpétuellemnt réduit à sa portion congrue !
Non,non, si je réussis à prendre un autre vol, plus tôt, d'autorité je sauterai dans un train avec ma p'tite famille et là, à nous deux, le contrôleur casquetté...Chacun ses arguments.
Quand à l'amende si amende il y a (ils ont quand même pris les sous pour un train qui risque fort de ne pas exister)ils pourront attendre longtemps, très longtemps sans doute...
Comme disait Coluche, avec cette histoire d'un train qui peut en cacher un autre, ils arrivent à te fourguer des billets pour des trains qui n'existent pas !
On verra bien.
En tout cas merci pour votre franche et fraternelle compassion.
Écrit par : Bertrand | 27.09.2010
@ Feuilly : Moi aussi , j'ai bien ri en imaginant la situation... Il ne nous restera bientôt guère plus que ça : rire. Dire à quel point la situation est grave....
@ Bertrand : On a dû faire notre dernière grève ensemble (2003 ?). Quand je vois tous mes collègues, à l'âge qu'ils ont, défilé sous des ballons en appelant cela lutter... Se souvenir toujours que si les manifs étaient une arme en 36, c'est parce que le patronat avait peur que le peuple français devienne bolchévik. Aujourd'hui, il faut établir, si l'on veut vraiment lutter (le veut on vraiment ?) de nouveaux rapports de force. Des rapports de force idéologiques. Le débat sur les retraites, désolé de le dire, est un débat de consommateurs...
En tout cas, je comprends et partage de loin vos "emmerdements". Quant aux "camarades", il se comptent désormais sans moi.
Écrit par : solko | 27.09.2010
Ah si, si, un train dont le départ n'existe pas est convertible en bons d'achat valablse un an, voire remboursable (avec retenue). De toutes façons, un PV dressé avec une domiciliation en Pologne, vous ne craignez pas grand chose : je fus une spécialiste des PV adressés en Chine au milieu des années 80, même un cas n° 5 (tribunal de police) parce que javais démarré bd St-Germain en vélo avant que le feu ne fût vert. Là où ça coince réellement, c'est pour les redressements fiscaux non réglés : ils bloquent à l'aéroport !
Si vous avez d'autres questions,n'hésitez pas, hein !...
Bonne nouvelle, les Russes viennent de rétablir la liaison ferroviaire Moscou--Nice en 56 heures à rythme hebdomadaire.
Écrit par : ArD | 27.09.2010
C'est vrai, Solko, qu'on est en droit de se demander ce que viennent faire des ballons de fête foraine dans un défilé de gens adultes en lutte pour la qualité de leurs vieux jours..
Des coktails Molotov seraient bien mieux indiqués...Mais ça met les syndicacats en colère, alors...
Ard, bien d'accord, mais la SNCF, c'est métaphysqiue : il faut d'abord prouver que le train n'existe pas. C'est-à-dire qu'il faut d'abord prouver qu'on s'est bien cassé le nez.
Après, on peut discuter comment on répare ce nez. Mais les carottes sont cuites, du coup.
Moi, je préfère nettement discuter avant et si ça n'aboutit pas, agir à ma guise.
Pour la liaison Moscou- Nice, j'avais lu ça sur ce blog :
http://plume-de-loin.over-blog.com/
Écrit par : Bertrand | 28.09.2010
Ah oui, bien sûr, la SNCF constate que son train n'est pas parti avant d'envisager qu'il ne partira pas. C'est donc une procédure a posteriori que j'évoquais. L'essentiel, c'est d'avoir un titre de transport, le reste se négocie (oralement).
Le premier nouveau Moscou—Nice est arrivé ce W.E. Les prix oscilleront entre 300 et 1200 euros: Pour 52 heures, ça vaut le coup !
Écrit par : ArD | 28.09.2010
Et qu'est-ce qui peut bien justifier un écart de prix de 900 euros ?!?
Faudrait pas que la SNCF ait vent d'une telle désinvolture !
Pour les trains :
http://www.youtube.com/watch?v=tIoWK7olqbM
Écrit par : Bertrand | 28.09.2010
La différence se justifie par la classe et le service. En moyenne, un membre du personnel pour cinq voyageurs, c'est pas mal
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Merci pour Coluche ;-).
Écrit par : ArD | 28.09.2010
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