28.05.2014
De l'idéologie parasitaire chez les fourmis
Un philosophe américain s’appuyant sur des certitudes scientifiques démontrées, un philosophe de l’empirisme donc - mais dont je n’ai pas le nom sous les yeux - a osé un grand écart spéculatif entre le cerveau d’une fourmi et le nôtre. Mazette !
Mes sources prennent leur source dans un article de Polytica.
Á première vue, ça pourrait paraître délirant, voire assez désobligeant, n'est-il pas ?
Mais les conclusions de l'intellectuel ne me semblent pas dénuées de fondement, même si le chemin pour y arriver est assez curieux. Mais en philosophie, comme partout ailleurs, qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse. Un raisonnement n’étant en effet jamais très raisonnable, dans un CQFD, c’est le dernier mot qui compte, surtout s’il alimente peu ou prou notre propre moulin.
Mais oyez plutôt.
Le champ expérimental est donc une prairie où paissent des moutons.
Facile. Ça court les paysages, ça. Tant que j'aurais même pu dire la prairie expérimentale est donc un champ où paissent des moutons.
L'’observation, quant à elle, porte sur le comportement des fourmis qui vaquent à leurs occupations dans l’herbe de la susdite prairie. Et voilà qu’on observe maintenant que certaines de ces besogneuses bestioles ont un comportement complètement loufoque et qu’on est bien amené à se demander pourquoi.
Oui, en voilà une, par exemple, qui tente d’escalader un brin d’herbe folle et qui, arrivée à mi-parcours, tombe par terre. Elle recommence, retombe, elle insiste, tombe à nouveau, elle remet ça et se retrouve encore au ras des pâquerettes et ainsi de suite. Le manège peut durer des heures.
C'est le mythe de Sisyphe chez les fourmis.
Et pourquoi donc ? Parce que son cerveau, a-t-on découvert, est parasité par un micro-organisme à l’état larvaire et que ce locataire indélicat ne peut se développer et atteindre son stade final que dans le foie du mouton. Notez que nous sommes dans l'infiniment petit exponentiel : une fourmi, un cerveau dans une fourmi, un micro-organisme dans le cerveau de la foumi ; un micro-organisme encore plus micro qu'un vrai micro-organisme puisqu'à l'état larvaire !
Bref. Il faut donc que la fourmi soit broutée au plus vite par un ovin pour que la larve devienne adulte et c'est ainsi que ladite larve, question de survie pour elle, s’y emploie sans relâche, commandant sournoisement à la fourmi de se maintenir le plus près possible du sol et de ne point escalader les sommets vertigineux de la pelouse.
La pauvre fourmi, complètement aliénée, obéit donc, et, bien qu’ayant fortement envie d’escalader son herbe, adopte le comportement complètement contraire à la réalisation de son désir et se retrouve le cul, si j’ose, par terre, jusqu’à ce qu’une bête ovine passant par là ne l’expédie au fin fond de ses miasmes hépatiques.
Et maintenant, le grand écart du philosophe. L’anthropomorphisme sympathique.
Ce cerveau, c’est le nôtre et ce micro-organisme, c’est notre idéologie, morale, politique, religieuse et cætera et et cætera, qui colonise notre cerveau, tout en nous laissant l’illusion du libre arbitre. Cette idéologie induit un comportement contraire à nos désirs et à notre recherche spéculative du bonheur. CQFD : nous sommes parasités ! Non ? Si, si...
Il y a quand même du vrai là-dedans et si c’est la philosophie qui vous dérange, ou le mouton, ou la fourmi, ou même la larve microbienne, prenez tout ça comme une allégorie.
Personnellement, ça change ma vision des choses, ça bouscule la hiérarchie de mes analogies spontanées, car les hommes, je les voyais jusqu’alors beaucoup plus dans la peau du mouton que dans celle de la fourmi.
Mais bon…On ne va pas chipoter.
Quant aux micro-organismes larvaires, c’est simple, je les vois partout. Surtout en période électorale.
11:01 Publié dans Acompte d'auteur | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : littérature, écriture | Facebook | Bertrand REDONNET
Commentaires
C'est fou quand même, la nature... Est-ce la hasard ? Seuls auraient survécu les larves ayant colonisé le cerveau des fourmis ? Ou bien existe-t-il une volonté qui nous échappe et qui aurait poussé ces larves à coloniser précisément le cerveau desdites fourmis ? Et il faut encore pour leur survie qu'on mouton passe par là. Pas évident tout cela.
Écrit par : Feuilly | 28.05.2014
Excellent, cher Bertrand ! Il n'est bien que l'écriture pour nous faire tenir debout :)
Écrit par : Michèle | 29.05.2014
Oui, c'est compliqué. Ces larves ne sont que dans le cerveau de la fourmi et ont besoin de l'estomac d'un mouton pour leur métamorphose. Véridique
Ce sont de grandes originales:)))
Mais vois comme elles arrivent à leur fin et aliènent complètement la pauvre fourmi !
Comme les idées prégnantes, en fait...
Chère Michèle, il est vrai que tout ça dit scientifiquement, ça ne doit pas être très réjouissant. L'écriture donne une autre dimension aux choses. C'est sans doute pour cela qu'elle peut traiter de tout.
Écrit par : Bertrand | 29.05.2014
Les commentaires sont fermés.