UA-53771746-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

17.05.2010

La Podlachie, marche de l'Orient

P6120012.JPG

L'église uniate

Sur le sujet, une fois ne risquant pas d'être coutume ici, j'ai envie de remonter, historiquement s'entend, jusqu'à Jésus.
Selon son commandement  aux apôtres, « Allez et enseignez à toutes les nations », il paraît que ceux-ci se seraient dispersés  à travers le monde pour y semer la bonne parole.
Saint-Pierre prêcha à Rome et c'est donc là que la liturgie fut célébrée en latin et selon la culture romaine. C'est ce qu'on nomme le rite latin.
Son frère aîné, Saint-André, porta ses enseignements en Grèce. L'ancienne culture grecque servit alors de fondement  au rite grec, que l'on dit aussi rite byzantin.
Pendant 1000 ans, le christianisme s'est donc développé dans toute l'Europe sur la base de ces deux rites, sans que l'église ne connaisse de dissension, le successeur de Saint-Pierre, le pape donc, ayant pour mission de sauvegarder l'unité. Rappelons d'ailleurs que beaucoup de papes étaient alors d'origine grecque, en guise de consensus...

La première grande nation slave à se convertir au christianisme, en 863, la Grande Principauté de Moravie, avait pour apôtres Saint-Cyrille et Saint-Méthode. Membres du clergé grec, issus d'une grande famille gréco-slave de Thessalonique, ils ont composé un autre alphabet pour la langue slave et ses amoncellements de consonnes et traduit la Sainte Ecriture et les livres liturgiques en slavon.  Les Slaves adoptèrent donc, en l'honneur de Saint Cyrille, l'alphabet cyrillique.
En 868, Adrien II, évêque de Rome, ratifia l'usage de la langue slave dans la liturgie. Dès lors, la chrétienté louait son dieu en trois langues : le latin, le grec et le slave.
C'est en 1054 que la division est consommée. L'église orientale et l'église occidentale rompent leur union et fondent deux centres ecclésiastiques indépendants, l'un ayant son siège à Rome et l'autre à Constantinople.
L'orthodoxie qualifie dès lors l'église qui est dans le vrai, ben voyons, et désigne les chrétiens de l'Orient. Le catholicisme  désigne les liturgies de l'Occident et qualifie ce qui est universel et ne peut être discuté, re-ben voyons.
Le problème de fond n'est donc pas un problème de déviance spirituelle à une foi commune, mais un problème politique, Rome et Constantinople se disputant, depuis l'empereur Constantin et la fondation en 330 des deux empires romains, d'Orient et d'Occident, les zones d'influence géopolitiques.
Les différences de culture et de célébration de la liturgie ont
ainsi servi de tremplin historique à la désunion.

Des siècles après le schisme, des efforts furent faits par la communauté gréco-byzantine pour rétablir l'unité entre Rome et Constantinople. Cette église orthodoxe ayant choisi de s'unir, pour des raisons politiques, à l'église romaine, s'est alors appelée l'église uniate.
C'est donc aux frontières de l'Orient et de l'Occident, là où cohabitaient les deux églises et les deux liturgies,  que cette union s'est réalisée, comme imposée par les nécessités, comme « un passage en douceur » entre les deux grandes zones d'influence.
Sur le territoire de la Pologne de l'Est, les deux Polognes, puisqu'il y avait la Pologne dite de  la « couronne » et la Pologne de « la Grande Principauté de Lituanie », cette union a été célébrée entre les évêques russes et les évêques de l'église catholique romaine à Brest Litovsk, en 1596, aujourd'hui en Biélorussie, juste de l'autre côté du Bug.
En abusant de raccourcis tant historiques que religieux, disons que cette union de Brest  est aussi significative que le fut en France le fameux édit de Nantes.

La paroisse néo-uniate de Kostomłoty, à une trentaine de kilomètres de chez moi et où, quoique indomptable mécréant, j'aime aller flâner, est la descendante directe de cette union historique de Brest.
Sous l'occupation russe, au troisième partage de la Pologne, l'union de Brest a été abolie par le tsar et les uniates massacrés sans autre forme de procès.
Et ce ne fut qu'a la renaissance de la Pologne, le 11 novembre 1918, que cette union a été rétablie en
Podlachie en prenant le nom de néo-uniate.  Mais sur les dix paroisses existant avant la répression tsariste, une seule a survécu au régime communiste, celle de Kostomłoty.



P6120034.JPG

Le site

C'est donc là l'unique paroisse uniate de toute la Pologne. De quelque confession que l'on soit, et même sans confession du tout d'ailleurs, Kostomłoty vaut la balade du point de vue de cette singularité, du point de vue de  l'histoire comme de celui des charmes de la place.
Au bord du Bug, Kostomłoty est un  minuscule hameau sous la verdure.
Le sanctuaire occupe un grand jardin d'arbres et de plantes au milieu duquel sont l'église, le presbytère et une chapelle, le tout en bois. 

Les premiers documents historiques relatifs à Kostomłoty mentionnent l'année 1412, date où le Grand Prince de Lituanie, Witold,  a rattaché le village au couvent des Augustins de Brest.
La paroisse uniate y a été créée en 1631, peu après Brest Litovsk.


Extrait d'un projet (plus de 200 pages et 100 photographies) abandonné faute de moyens et d'oreilles pour nous écouter :  
" Vade mecum de la Podlachie du sud" par Dorota et moi-même

11:50 Publié dans Acompte d'auteur | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : littérature |  Facebook | Bertrand REDONNET

Commentaires

J'ai les oreilles pour vous écouter et les yeux pour vous lire, hélas, pas un brin de fortune pour vous aider à poursuivre. J'ai aimé ce texte qui me raconte quelque chose que je n'ai jamais appris. Cela fait du bien à la tête. Merci!

Écrit par : Natacha | 17.05.2010

j'ai énormément apprécié ce que je n'ai pas le droit de nommer une remise à niveau; j'ai tout simplement appris plein de choses que je ne savais pas; merci, Bertrand; ç'est très interessant de voir comment ont évolué ces religions, comment et pourquoi.

Écrit par : Anne-Marie Emery | 17.05.2010

"Vade mecum de la Podlachie du sud", joli projet. Vous pourriez le transformer en "Dictionnaire amoureux de la Podlachie du sud", c'est très à la mode ; ça pourrait marcher...

Écrit par : Michèle | 17.05.2010

Comme quoi, rien de tel que de venir chez un mécréant pour avoir un cours de culture religieuse.

Écrit par : Feuilly | 18.05.2010

Un bel article, intéressant, clair et précis, et qui remet les choses à leur place sans agression aucune, mais à la lumière de l'histoire. Merci. Puis-je vous emprunter quelques passages et PHOTO(s) pour mon blog, avec lien ici?
Il faudrait reprendre le projet, nous avons tous des yeux - même si nous ne sommes pas tous des mécréants, (sourire).

Écrit par : Mary Longwood | 18.05.2010

Anne-Marie et Natacha, bien content si ce petit texte a pu vous éclairer modestement sur l'histoire (un peu méconnue) de ces uniates, de ce qui il y avait réellement au fond du schisme de la chrétienté et aussi que c'est bien, ici, en Pologne de l'est, que se situe la zone tampon de ces deux....cultures.
Chère Michèle, j'espérais un peu que "l'Exil des mots", du haut de ses trois ans, avait été transparent au point de convaincre ses lecteurs que l'auteur ne s'intéressait pas forcément "à ce qui marche"....Sinon, ça se saurait déjà...Je suppose que c'était là une boutade...
Ah, Feuilly, les mécréants sont souvent mieux renseignés sur l"histoire des religions que les prosélytes du ciel qui eux, forcément, ne s'intéressent qu'à leur nuage.
Mary, bien sûr, vous pouvez relier depuis votre territoire d'écriture.
Amitiés à tous toutes et restons uniates..heu...unis, je voulais dire.

Écrit par : Bertrand | 18.05.2010

Je confirme (j'ai toujours eu beaucoup de pratiquants autour de moi)que l'embrigadement et le bourrage de crânes du catéchisme et des messes sont souvent à l'opposé de toute culture religieuse; il ne faut surtout pas qu'ils réfléchissent,se posent des questions;personnellement, je suis absolument fascinée par certains lieux comme la cathédrale de Chartres ou l'abbaye de Senanque en Provence; ce sont des lieux où les mots esthétique et sérénité prennent tout leur sens; ils sont à l'inverse de ce qui , selon moi, manque de grandeur en ce moment et je conçois, Bertrand que tu aimes t'y promener; mais là, je parle de l'architecture ou des vitraux; en revanche, dans les musées, l'art religieux pictural ne me touche pas trop.
Un vade mecum de la Podlachie du sud, je suis à fond pour...
En réalité, tu nous y sers de guide depuis déjà longtemps.
Amitiés Anne-Marie

Écrit par : Anne-Marie Emery | 18.05.2010

Bien sûr Bertrand que c'était une boutade et une façon de dire qu'il est insupportable qu'un travail pareil reste dans les tiroirs...

Écrit par : Michèle | 19.05.2010

Merci Anne-Marie..Ce qui me touche ici, ce sont les constructions en bois, complètement intégrées aux paysages de la forêt. Les églises (comme bâtiments) en bois...beaucoup ont été évidemment détruites au cours des divers et sanglants tumultes de l'histoire de ce pay. Le bois brûle mieux que la pierre, c'est bien connu...Celles qu'ils ont construites après, " en dur", en briques, ont la laideur de leurs affligeantes prétentions.
Michèle, je savais bien qu'il s'agissait d'une boutade, quand même...Pire, pour ce vade mecum : La libraiie polonaise de Paris (en même temps maison d'édition) n'a même pas daigné répondre.
Je suis un peu dégoûté de tout ce petit monde, pour tout dire...

Écrit par : Bertrand | 19.05.2010

Vade mecum de la Podlachie du sud : Un projet qui, peut-être, verra le jour, qui sait ?

Écrit par : solko | 13.08.2014

Que vous entendent, cher Solko, les mânes de mes aïeux !

Écrit par : Bertrand | 13.08.2014

Les commentaires sont fermés.