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22.04.2009

À Jean-Claude

P6150049.JPGTexte écrit ici en Pologne dans la douleur du décès de mon plus cher ami et lu par mon frère aux obsèques, à Châtelaillon en décembre 2006.

Je le publie ici parce que la littérature qui mord dans la vie, qui mord dans les tripes, qui vit du sang qui palpite, la littérature qui a peur de la mort par amour du monde, qui ne poursuit pas d'autre but que sa propre survie, n'a pas de tabous.

Et je le publie maintenant parce qu'à quelques jours seulement, enfin, d'honorer ma promesse.

 

 

De tellement loin, là où résonne encore l’écho de ton  pas,
Le timbre de ta voix,
Les taquineries de ton rire,
Le silence inquiet de tes grands yeux,
De l’exil où tu étais venu et m’avais embrassé,
De ce lointain exil,  ô douleur, je te serre dans mes bras !

Vois-tu, plus rien ne sera désormais comme avant.
Et pour moi, pour nous tous qui si haut t’avons porté dans le cœur,
Une feuille manquera désormais à la branche,
Une branche à notre arbre,
Un arbre à notre forêt,
À notre forêt un sentier vagabond,
À notre sentier l'espoir de t'apercevoir au détour.

De ce côté-ci de la terre, sous ces nuages et ces étoiles aujourd’hui inondés de stupeur, je ne vois plus que le froid d’une absence.

Tu es tellement loin, mon Jean-Claude...Je suis si loin.
Mais je viendrai…
Je viendrai en boitant, je viendrai en rampant, je viendrai en tombant, je viendrai tout tremblant, je viendrai en volant.
Mais je viendrai…
Je viendrai un moment.
Et je m’assoirai là.
J’irai sur ton néant.
Je reverrai silencieux tous nos combats perdus.
Je sentirai encore ta main flotter sur mon épaule.
Je dirai en murmures l’inutile et la vanité des idées et j’inonderai ta tombe des larmes de l’éternité amicale.
Ta tombe sans croix, ta tombe sans fleurs, ta tombe nue, ta tombe toujours rebelle, toujours debout et qui brandit encore ta lutte obstinée à la face d’un monde avachi et depuis le fin fond des ténèbres.

Partant enfin, tournant le dos à ta solitude ensevelie, je cracherai à la gueule du ciel mon désespoir de toi et notre haine du mensonge !

15:59 | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : littérature |  Facebook | Bertrand REDONNET

Commentaires

C'est un cri qui m'arrache le coeur.... Car je pars demain pour enterrer un proche, un jeune homme de vingt trois ans qui venait d'être papa ... Parceque la grande faucheuse ampute comme ça au hasard ....
Combien je comprends tes mots !!

Écrit par : Débla | 22.04.2009

Merci Débla..Merci de tes mots, comme des échos fraternels dans la sombre douleur..
Je pense à ton affliction
Amitié, Débla...Ma main sur l'épaule.

Écrit par : Bertrand | 22.04.2009

Un beau texte... merci.

Écrit par : soleildebrousse | 22.04.2009

Un texte très fort, très court et très dense. Toute la détresse de l'humanité s'y trouve mais aussi la dignité de celui qui l'écrit.

Écrit par : Feuilly | 22.04.2009

@ Débla & à Bertrand
Je n'ai pas pu laisser de message mercredi tant il est des douleurs et révoltes qui empoignent. Douleur de ta douleur de la perte de l'ami, Bertrand et révolte, Débla, de la disparition prématurée de ce jeune homme de 23 ans. Puisse notre sympathie, immense, t'accompagner dans cette épreuve insoutenable.
Bertrand, ton poème, tombeau en majesté de l'ami.

Écrit par : michèle pambrun | 23.04.2009

Merci Michèle, pour Jean Claude et pour Débla.
Ce qui est émouvant dans tes mots c'est que je sais, avec conviction, combien ils sont mûris, chaque fois, à la plus éclatante des lumières : le ressenti,le vrai, l'humain.

Écrit par : Bertrand | 24.04.2009

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