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14.04.2009

Katyń, le crime, le mensonge, la souffrance.


katyn 9.jpgParis le 8 avril 2009

Cher Bertrand,

Krzysztof Pruszkowski, artiste photographe polonais vivant en France, un ami depuis plus de 25 ans, m’a invité à la projection de Katyń, le film du réalisateur Andrzej Wajda sorti le 1er avril à Paris, dans 3 petites salles, au milieu d’une grande indifférence, en catimini et sans campagne de promotion digne de ce nom.
En Pologne, la date choisie pour la sortie du film, qui a attiré plus de 3 millions de spectateurs, était très symbolique. Ce fut le 17 septembre 2007, jour anniversaire de l’entrée des troupes de l’Armée Rouge dans l’Est de la Pologne, en 1939, en vertu des closes secrètes du Pacte Hitler - Staline.

J’ai été profondément touché par ce film dur, sobre, sombre et tragique qui n’est pas une reconstitution historique made in Hollywood, mais la lecture cinématographique et dramatique par Wajda de l’histoire de ce crime, de ce mensonge et de cette souffrance qui ont ébranlé le peuple et la nation polonaises depuis bientôt 70 longues années. Je viens donc de passer de longues heures avec Krzysztof à discuter du film, de son accueil en France par la critique, la presse et la télévision. De ces discussions passionnées et de mes relectures de l’œuvre de Jozef Czapski est née la trame de cette première lettre consacrée à nos échanges sur l’histoire et la vie des Polonais, telles que toi et moi nous les voyons et nous les ressentons.

L’ombre des charniers de Katyń est tombée pendant plus de 50 ans sur les morts et les vivants, sur la Pologne, sur la Russie mais aussi sur l’Occident et sur toute l’Europe issue du cataclysme de la guerre et du partage est-ouest de notre continent. Aujourd’hui, la tragédie de Katyń est passée définitivement dans l’histoire. Elle est enfin passée pour toujours du côté de la lumière, du côté de la vérité, du côté de l’écriture et de la lecture. Voilà l’actualité de Katyń.

En effet, comment concevoir une Europe des peuples, des nations ou des régions si chacun garde pour lui le souvenir et la mémoire de ses souffrances, si chacun reproche en silence aux autres leur ignorance de ses souffrances ou si chacun s’emporte seul contre l’amnésie partielle d’une Histoire qui nous est pourtant commune à tous ?

Comment construire une mémoire commune et partagée si de la deuxième guerre mondiale nous ne retenons que l’extermination des juifs d’Europe par les Allemands et la terreur nazie ? Comment dialoguer entre Européens si des sujets comme l’agression de l’URSS sur la Pologne en 1939 restent tabous ou secondaires, sous prétexte que Staline s’est retrouvé dans le camp des vainqueurs en 1945 ? Le fait indéniable que les peuples de l’URSS aient payé un très lourd tribut en vie humaine pour la défaite du nazisme doit-il nous empêcher de connaître les vérités sur les errements assassins et impériaux de la politique stalinienne ?

Katyń est entré par ce film au panthéon du cinéma. Katyń appartient pour toujours à cette Elysée de notre mémoire contemporaine que représente aujourd’hui le septième art. Et dans le même temps, Katyń est aussi devenu un objet de consommation culturelle. Ma tante de Hollande, mon cousin de Seattle, ou ma concierge peuvent tous acheter le DVD de Katyń le visionner sur leur écran plat et s’en faire un avis. Il y a peu encore la tragédie Katyń n’était accessible qu’aux Polonais et aux spécialistes de l’histoire de la deuxième guerre mondiale.

Katyń n’est donc plus un événement contemporain, comme ne le sont plus ni le Goulag, ni Auschwitz, ni Guernica ou Oradour-sur-Glane. La génération responsable ou victime directe rescapée de ces événements est en voie de disparition. Elle n’est plus depuis longtemps aux commandes du monde dans lequel nous vivons. Notre génération n’est pour rien dans l’existence de ces événements tragiques de la première moitié du vingtième siècle. Wajda lui-même du haut de ses 82 ans est déjà et aussi le fils d’un supplicié de Katyń. Il est donc grand temps que nous, Européens, nous nous réappropriions toutes nos Histoires et que nous tentions de manière vivante et adulte d’en faire notre Histoire Commune.

La sortie de Katyń au cinéma est, quant à elle, un événement contemporain qui nous concerne tous, quelles que soient nos origines et nos histoires sur ce continent.  Katyń, ce n’est pas, ce n’est plus et d’ailleurs cela ne l’a jamais été, une affaire entre les seuls Polonais et les seuls Russes. Katyń appartient au patrimoine historique commun de tous les Européens.

Bertrand, je vais essayer de te raconter ici ce que le film de Wajda ne raconte pas.

LE CRIME


Moscou. 5 mars 1940. Palais du Kremlin. Le Politburo du Parti Communiste de l’Union Soviétique, présidé par Staline, débat du sort des officiers polonais arrêtés et capturés dans la partie est de la  Pologne agressée et envahie le 17 septembre 1939 par l’Armée Rouge. 250'000 militaires polonais sont faits prisonniers. Le Généralissime s’oppose à la libération de 26'000 officiers. Le Général Grigori Koulik, Commissaire adjoint à la Défense, qui commandait le front polonais a proposé de libérer tous les officiers. Le Maréchal Vorochilov, artisan des purges de 1938 et 1939 au sein de l’Armée Rouge qui firent plus de 40'000 victimes, parmi les officiers et le haut commandement soviétique, est lui aussi d’accord pour cette libération.

Mais Lev Mekhlis, homme de confiance et ancien secrétaire particulier de Staline s’y oppose. Ce Commissaire politique, rédacteur en chef de La Pravda (La Vérité), est l’organisateur de l’Holodomor  la funeste politique stalinienne de 1932 qui entraîna l’extermination par la faim des paysans ukrainiens opposés à la collectivisation des terres. Cette politique fit plus de 6 millions de victimes. Mekhlis maintient que les prisonniers polonais sont infestés d’ennemis de classe dont il faut se débarrasser à tout prix.

Staline s’oppose à toute libération. Après enquête, les Polonais jugés gagnables à la cause bolchevique sont  relâchés, sauf les 26'000 officiers suspects qui voient leur sort tranché par le Politburo du 5 mars 1940.  Le Chef du NKWD Lavrentiy Béria établit dans son rapport que 14'700 officiers et policiers polonais ainsi que 11'000 propriétaires terriens « contre-révolutionnaires » sont des « espions et des saboteurs, des ennemis endurcis du système soviétique »  et qu’ils doivent être jugés et éliminés. Staline fut le premier à signer le rapport, suivi de Vorochilov, Molotov, et Mikoïan. Interrogés par téléphone, Kalinine et Kaganovitch votèrent également « pour » la mort.

Ce massacre programmé dépasse alors de loin, par son ampleur, les  éliminations physiques de masse courantes du NKWD. La police secrète est pourtant une habituée du « degré suprême du châtiment », désigné alors par ce sigle terrible de « VMN » ou par
l’acronyme « Vychka » mot de code pour signifier l’élimination simultanée de plusieurs victimes, « le gros ouvrage » comme dit Staline.

C’est Vasili Mikhailovich Blokhine, major-général du NKWD, vétéran de l’armée tsariste, tchékiste de la première heure, recruté par Staline lui-même en 1921, qui est désigné par les chefs du Politburo de l’URSS pour mener à bien ces exécutions massives.  Cet acolyte du Maître du Kremlin est à la tête du Commissariat rattaché au Département Administratif du Politburo, responsable de la prison de la Loubianka à Moscou et donc des mises à mort décidées par l’instance suprême. Le bourreau en chef des grandes purges staliniennes et sanglantes de 1936 va  brouiller machiavéliquement les pistes pour tenter de maintenir à jamais un secret total sur les responsabilités russes de ce crime génocidaire.

Blokhine va prouver qu’il est bien l’homme de la situation. Tout en planifiant l’ensemble de ces exécutions de masses, il va se mettre personnellement à l’ouvrage. Il se rend au camp d’Ostachkow où, à l’aide des tristement célèbres frères Vassili et Ivan Jigarev, exécuteurs féroces du NKWD,  il organise, en bon stakhanoviste de la mort, l’assassinat de 250 personnes par nuit, dans une baraque aux murs bien isolés.  Vêtu d’un tablier de boucher et d’une casquette, armé d’un pistolet allemand Walther PPK utilisé par la police criminelle allemande, pour brouiller les pistes, il extermine à lui seul 7000 hommes en 28 nuits. Cet acte de bravoure assassine pourrait faire de ce vaillant communiste un des meurtriers de masse, à l’arme de poing, le plus prolifique de l’histoire humaine.

LE MENSONGE

Le 14 octobre 1992, ce sont les photocopies de cette décision du Politburo de l’URSS du 5 mars 1940, signée de la main de Staline et de ses acolytes, qu’un émissaire du Président de la Russie Boris Eltsine viendra, à Varsovie, remettre au Président Lech Walesa. C’est la preuve indiscutable de l’organisation de ces massacres par le gouvernement de l’URSS. Après 50 années de secret et d’intox sur les responsables de ces massacres, il s’agit enfin du premier document signé de la main de Staline, impliquant directement le Politburo de l’URSS et ordonnant au NKVD de procéder à des exécutions de masse, qui soit  rendu public.

Revenons à cette terrible époque. Dès le 10 février 1940, 140 000 Polonais, propriétaires fonciers, paysans aisés, artisans et commerçants étaient arrêtés et déportés au Goulag. Enfin plus de 65 000 personnes, essentiellement des femmes et des enfants furent aussi arrachés à leur terre, leurs maisons, leurs parents, leurs amis. Entre septembre 1939 et juin 1941, les Soviétiques assassinèrent et déportèrent plus de 440 000 Polonais.

Mais les pages de l’Histoire se tournent. Le 22 juin 1941 l’Allemagne envahit la Russie. Le 30 Juillet 1941 le traité soviéto-polonais, signé à Londres, proclame la caducité du Pacte Hitler-Staline  de 1939 concernant le partage de la Pologne entre les nazis et les communistes. Les deux pays rétablissent les relations diplomatiques et s’engagent à coopérer dans la lutte contre l’Allemagne nazie. Il est prévu de constituer, sur le territoire de l’URSS, une armée polonaise soumise pour les questions opérationnelles au commandement soviétique. Une « amnistie » - terme étrange et même humiliant, s’agissant de civils et de militaires déportés - est étendue à « tous les citoyens polonais privés de liberté sur le territoire soviétique. »

Août 1941, l’armée polonaise commença à se reconstituer en Russie. Manque à l’appel les 25 000 hommes des massacres de la Forêt de Katyń. Les Polonais les chercheront en vain pendant des mois dans l’immense prison des peuples que constitue alors l’URSS de Staline. Ils butent sans cesse et sans fin sur les silences et les fausses pistes savamment entretenues par tout un régime de terreur complice de ce crime et solidaire dans le maintien absolu, et à tout prix, de ce terrible secret d’Etat.

Au printemps 1943, nouveau rebondissement de l’Histoire. L’occupant nazi découvre le charnier de Katyń, convoque sur place des spécialistes de douze pays et un représentant de la Croix Rouge Internationale qui tous prouvent, sans aucun doute, la culpabilité des Soviétiques dans ce massacre.

Les Nazis orchestrent alors autour de ce crime une ignoble campagne de propagande antisémite dont ils ont le secret. Ils prétextent l’origine juive d’une partie des cadres du parti bolchevique et du NKWD pour mettre en garde les peuples d’Europe sur le sort semblable que leurs réserveraient les « Judéo-bolcheviques » s’ils arrivaient au pouvoir. « L’anéantissement des juifs pour ne pas être anéanti par eux », c’est le thème qui constitue le cœur de cette infecte propagande allemande sur Katyń.

Les Soviétiques nient farouchement. En décembre 1943, ils réinvestissent les lieux de leur crime où ils mettent en scène leur mensonge d’Etat. Le 24 janvier 1944, une « Commission Spéciale » constituée exclusivement d’experts soviétiques rend ses conclusions : les prisonniers polonais détenus dès 1939 par l’Armée Rouge auraient été affectés à l’entretien des routes dans trois camps à l’ouest de Smolensk. En août 1941, surprises par l’avance rapide de la Wehrmacht, les autorités soviétiques n’auraient pas eu le temps de les évacuer. Les Allemands les auraient alors exécutés pendant l’automne 1941, juste après leur arrivée en ces lieux.

Mais 18 mois plus tard, pressentant le retournement de la situation militaire, les SS auraient imaginé une « provocation » pour imputer à l’Union Soviétique la responsabilité de leur crime. Ils auraient exhumé les cadavres et les auraient dépouillés de tout document postérieur à avril 1940.  Enfin ils auraient fait ensevelir une deuxième fois les corps. Cette opération aurait été, toujours selon les Russes, effectuée par un groupe de 500 prisonniers de guerre russes dont des témoignages fiables auraient été recueillis par la « Commission Spéciale ». Forts de leur «mensonge d’Etat », les Soviétiques organisèrent, film à l’appui, une campagne de désinformation et de propagande internationale accusant les Allemands de cette extermination de masse qui, durant des décennies et jusqu’à aujourd’hui encore, fut relayée par les communistes et les progressistes du monde entier.

En mars 1959, 6 ans après la mort de Staline, 3 ans après les dénonciations de ses crimes par le Parti Soviétique lui-même, Chelepine, chef du KGB, adressa un rapport à Khrouchtchev. C’est ce même Khrouchtchev qui avait été en 1940 l’organisateur de la déportation au Goulag des 440 000 Polonais, habitants des territoires occupés en septembre 1939 par l’Armée Rouge. C’est ce même Khrouchtchev qui était devenu entre temps le chef du PC soviétique et le pourfendeur angélique des crimes de Staline.

Avec le plus grand cynisme, Chelepine rappelait dans son rapport le détail du massacre des officiers polonais et se félicitait du succès de sa désinformation, estimant que désormais « les conclusions soviétiques s’étaient profondément enracinées dans l’opinion publique internationale. » En conséquence, il préconisait de détruire toutes les archives concernant l’affaire afin d’éviter « qu’un cas imprévisible puisse mener à la révélation de l’opération réalisée, avec toutes les conséquences désagréables pour notre Etat. » Khrouchtchev donna l’ordre de destruction, mais les archives du Politburo ne furent pas expurgées, personne ne pouvait douter un seul instant à cette époque que toute l’URSS disparaîtrait de la surface de la terre 30 ans plus tard et que les « ennemis du communisme » auraient alors accès à ces archives.

Durant les années 1960 et 1970, l’URSS poursuivit son mensonge d’Etat, allant jusqu’à faire interdire l’érection en Angleterre d’un monument privé à la mémoire des victimes de Katyn. La complicité dans l’étouffement de la vérité autour des massacres de Katyń a été partagée, à des degrés divers, par l’ensemble des élites politiques, des historiens, des médias et des intellectuels européens.
Dis-moi Bertrand, quand as-tu vu une seule fois en 40 ans un appel d’un comité pour la vérité sur Katyń appuyé par une liste de politiciens et d’intellectuels célèbres en Occident et faisant la une de nos quotidiens ?

LA SOUFFRANCE

Après 1945, les Russes prétendaient offrir aux Polonais une alliance pour plusieurs siècles entre leurs deux pays. Mais comment une telle alliance aurait-elle pu se bâtir sur une telle atrocité et sur un tel mensonge d’Etat? Le régime communiste né en Pologne de l’occupation soviétique de 1945 s’est toujours aligné sur le mensonge des Russes. Katyń était un mot interdit en Pologne. Ceux qui l’évoquaient pour dénoncer le mensonge russe se voyaient persécutés, privés de leurs droits à une vie normale, emprisonnés ou torturés. L’exil était alors leur seule planche de salut.

Nombreux furent les artistes, intellectuels, écrivains, scientifiques, opposants au régime communiste à continuer la lutte pour la vérité sur Katyń depuis leur terre d’exil.  Jozef Czapski fut un des plus renommé de ces opposants. C’est lui qui fut désigné en été 1941, par le général Sikorski  pour retrouver en Russie les 26'000 militaires disparus.

Jozef Czapski, officier emprisonné au camp de Starobielsk, miraculeusement rescapé de la tuerie, avec 62 de ses camarades, dressera de mémoire la première liste des disparus, qui comporta rapidement plus de 4000 noms. Il consacrera le reste de sa vie à se battre pour imposer la vérité sur Katyn. Son combat commence en juillet 1941, lorsque fut annoncée la constitution de l’armée polonaise sur le territoire de l’URSS avec tous les citoyens polonais présents ou emprisonnés. Il ne s’est jamais arrêté de combattre jusqu’à sa mort en 1993 à 97 ans.

Czapski vivant son exil en France, figure emblématique, référence morale de l’intelligentsia polonaise, peintre et écrivain, francophile passionné, auteur d’un journal personnel de plus de 250 volumes, témoignage lumineux sur le siècle des génocides entre européens et sur la résistance des Polonais aux affres des guerres, des révolutions et des massacres,  Czapski nous a laissé une  merveille sous la forme d’un petit ouvrage écrit à chaud en 1945 : « Souvenirs de Starobielsk ». Czapski y avoue sa souffrance personnelle, son impuissance et sa défaite. Envoyé à la recherche de ses compatriotes disparus en URSS, il doit faire un rapport négatif au Général Anders chargé par Sikorski de reconstituer une armée polonaise en Russie.

Czapski est de ceux qui énoncent alors une série de faits crus qui détonnent dans l’ambiance générale de 1945. Il est de ceux qui risquent de nuire à la reconstruction de
l’Europe organisée à leur guise par les vainqueurs, les Russes et les Américains, qui ont décidé ainsi du sort de la Pologne à Yalta, sans aucunement tenir compte des aspirations réelles de son peuple. Le monde choqué par les horreurs nazies n’est pas prêt à écouter les victimes d’autres horreurs. Parler d’autres crimes paraît alors déplacé.

Dans « Souvenirs de Starobielsk » Czapski nous raconte comment, en 1939,  lui l’officier polonais, en guerre contre l’Allemagne, a vécu l’attaque surprise de l’Armée Rouge dans le dos de son régiment. Il décrit le déroulement farouche des ultimes batailles contre l’envahisseur venu de l’Est par traîtrise. Il relate le long voyage des prisonniers vers les camps où ils seront détenus. Il évoque la vie quotidienne de ses compagnons d’infortune au camp de Starobielsk. Il nous retrace comment, progressivement, après mars 1940, il voit partir ses amis, le lieutenant Ralski, naturaliste et professeur à l’université de Poznan, le docteur Kempner médecin chef de l’hôpital de Varsovie, Stanislas Kuczinsky architecte qui fut le premier à partir pour une destination inconnue en automne 1939, comme tant d’autres. Le décompte funeste se déroule inexorablement, page par page. On s’attache ainsi à des dizaines de ces figures de prisonniers qui recevront bientôt une balle dans la nuque comme 25'000 autres figures avec qui Czapski passe leur dernier hiver, l’hiver très dur de 1939-1940.

Czapski nous fait aussi le récit détaillé de sa libération et de sa longue et infructueuse recherche des prisonniers disparus dont on est sans nouvelles. Czapski, qui parle couramment  russe, mentionne les portes closes, les réponses évasives, les mensonges, les silences gênés qu’il rencontre partout auprès des officiels soviétiques interrogés dans le cadre de son enquête.  Il fait état de la réflexion, en fait le seul véritable aveu russe du crime, de Mierkulov, substitut de Beria chef du NKWD qui, interrogé en octobre 1940 sur la possibilité d’utiliser les détenus issus des camps de Kozielsk et Starobielsk comme cadres de la future armée polonaise, déclare : « Non, pas ceux-ci ! Nous avons commis à leur égard une grave faute ».

Les Généraux Sikorski et Anders, l’Ambassadeur Kot et Czapski sont les héros de cette recherche sans espoir. Ils vont rencontrer Staline à trois reprises dans son bureau du Kremlin. Pour retrouver la trace de ses amis disparus, Czapski va interroger des centaines de Polonais et de Russes libérés et de retour des camps du Goulag. Avec une obstination et un courage sans borne il s’impose même au général Nasiedkin, chef de tous les camps qu’il va jusqu’à débusquer dans son PC secret du GOULAG (Direction supérieure des Camps) à Orenbourg. Il dévoile ainsi au monde, 20 ans avant Soljénitsyne, l’existence de l’organisme chargé de centraliser l’administration des camps de la mort de l’archipel du Goulag, tout cela en vain. Il rencontrera même l’officier qui interrogea pour le NKWD, les officiers disparus, le Général Raichman. Mais ce fut toujours la loi du silence qui l’emporta.

Czapski découvrit le fonctionnement véritablement maffieux des plus hautes instances qui gouvernaient l’URSS. L’omerta, pour protéger le secret d’état que représentait alors l’exécution des Polonais fonctionnait sans aucun raté. Staline le premier montrait l’exemple. Le signataire de l’ordre des exécutions mentait avec aplomb et bonne figure aux généraux Sikorski et Anders pourtant devenus ses alliés contre les Allemands. Staline manifestait un grand étonnement et même de l’indignation pour le « retard » que son administration mettait à libérer les 25'000 officiers recherchés. Il donnait des ordres par téléphone devant les Polonais et promis de punir les coupables qui avaient désobéi à ses ordres. Il disait en faire une affaire personnelle.

Staline fit courir toutes sortes de bruits et de fausses informations pour égarer les Polonais. Alors découragé mais tenace, Czapski finit par rédiger  un mémorandum qu’il adressa aux Russes et qui finissait ainsi : « La promesse formelle faite par Staline en personne, son ordre formel visant à élucider la question des prisonniers polonais, ne permettent-ils pas d’espérer qu’on pourrait nous indiquer le nom de l’endroit où se trouvent nos camarades ? Ou bien, s’ils ont péri, ne sommes-nous pas en droit de savoir quand et dans quelles circonstances cela a eu lieu ? »

Pas de réponse du côté russe, mais une dernière intox, une ombre de dernier espoir habilement entretenue par les membres du NKWD qui sont affectés à l’Armée Anders : Les Polonais espéraient encore que leurs camarades disparus, déportés dans les îles arctiques lointaines, les rejoindraient en juillet ou en août, c’est-à-dire dans la seule période de l’année où la navigation est possible en ces mers. Le NKWD leur murmurait toujours en grand secret : « Surtout, ne dites rien.  Vos camarades arriveront au mois de juillet et d’août ; prenez patience. » Mais les mois de juillet et d’août passèrent et personne ne vint.

A Paris en Juillet 1987, à propos de la terreur et des mensonges staliniens, Czapski déclara : « Alors je suis revenu les mains vides et tout le temps encore je m’entêtais, je ne voulais pas croire, vous savez, tuer à froid des millions de gens qui eux-mêmes ne se sont pas battus contre la Russie me semblait, même en Russie, incroyable. En revenant, je suis naturellement allé tout de suite chez Anders pour lui faire le rapport de mes voyages de recherche et il m’a dit : « Mon cher, tu dois comprendre, moi je suis tout à fait sûr qu’ils ne vivent plus, qu’ils sont morts pour la patrie, qu’on les a tous égorgés. »  Puis il y a eu cette découverte des charniers de Katyń. J’ai joué dès lors un rôle assez essentiel parce que puisque j’avais voyagé partout et fait partout des rapports de mes contacts avec les grands du communisme, j’ai défendu tout simplement la thèse élémentaire que ce sont les Russes qui l’ont fait. »

Cher Bertrand certes j’ai été long. Mais comment faire autrement quand il s’agit de décrire les méandres profonds de l’âme humaine ? La Terreur bolchevique est montée des entrailles de l’histoire et de la Russie. Elle édifia une dictature fondée sur l’extrême violence et le mensonge. Tout en s’accrochant aux symboles émotionnels de la révolution des pauvres contre les riches et par-dessus tout au drapeau rouge, elle put se présenter ainsi longtemps en championne de la cause du peuple et des ouvriers avant que toute cette tromperie sanglante ne s’écroule, juste après 70 ans d’une existence cruelle.

Bertrand, je me pose souvent cette question idiote. Est-ce que des types dans notre genre, dans de telles circonstances, coupables d’individualisme et de manque d’enthousiasme pour le productivisme, amoureux de la liberté d’écrire, n’auraient-ils pas, eux aussi, fini au fond d’une fosse commune, les mains liées derrière le dos, une balle logée dans la nuque ?

Toutes mes amitiés, Vieux Frère.

Ton dévoué Philip Seelen

 

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Images : Philip Seelen

13:06 Publié dans Correspondances avec Philip Seelen | Lien permanent | Commentaires (21) | Tags : littérature |  Facebook | Bertrand REDONNET

Commentaires

A la dernière question de Philip, on ne peut répondre que par l'affirmative, évidemment.

Par ailleurs, à l’excellent résumé qui est ici fait de cette affaire, il faut ajouter que le général Sikorski, chef du gouvernement polonais en exil à Londres et qui demandait des comptes aux autorités soviétiques, mourut dans un accident d’avion à Gibraltar en 1943 (accident ou attentat ?). Sa disparition soulagea les Anglais, qui n’avaient pas envie de se fâcher avec l’allié russe en pleine guerre contre les Allemands.

Écrit par : Feuilly | 14.04.2009

C'est exact, Feuilly...La disparition de Sikorski tombait en tout cas très bien.
Oui, les Anglais,et les Alliés en général, en ont avalé des couleuvres pour ménager leur puissant allié. La Pologne à côté, ça ne pesait pas bien lourd...

Écrit par : Bertrand | 14.04.2009

Je viens de mettre en place un lien en direction de ce papier qui mérite d'être lu par le plus grand nombre tant il est remarquable. Je ne reverrai sans doute pas ce film avant longtemps car il me hante encore mais sans doute me procurerai-je le DVD afin de le revoir quand je me sentirai prête à affronter de nouveau ces images et le message qu'elles contiennent. S'obstiner à ignorer c'est se faire complice.

Écrit par : simone | 14.04.2009

Bouleversant. Et édifiant.

Écrit par : solko | 16.04.2009

Ce film est à voir d'urgence en effet
À noter les deux chroniques de JG Malliarakis :
"Katyn un film magnifique de Wajda"
http://www.insolent.fr/2009/04/katyn-un-film-magnifique-de-wajda.html
et
Katyn le poids historique du mensonge et du crime
Le contexte mémoriel et politique du film
http://www.insolent.fr/2009/04/katyn-le-poids-historique-du-mensonge-et-du-crime.html
et leur version audio sur Lumière 101
http://www.lumiere101.com

Écrit par : Emile Koch | 16.04.2009

Merci pour tous ces liens dont nous ferons bon usage
Cordialement

Écrit par : Bertrand | 17.04.2009

Bertrand,

Je crains fort à la lumière des derniers évênements, de vous avoir sinon froissé du moins agacé en me permettant de créer un lien en direction de ce papier - courrier devrais-je dire - qui vous appartenait en propre. J'aurais pour le moins dû vous en demander l'autorisatin au préalable ! Sachez que je ne voulais nullement me parer des plumes du paon et afin que cela soit bien clair, je l'ai supprimé. Par ailleurs, je tiens à vous préciser que je ne nourris aucune prétention quant à la qualité de mes écrits. Je ne fais que communiquer des impressions de peu de consistance sans doute et si elles ne peuvent séduire que les imbéciles, ma foi - tant pis - je m'en contenterai. Si je me prenais pour un(e) écrivain(e) sans doute n'irais-je pas m'égarer sur la toile ! Portez vous bien.

Écrit par : simone | 18.04.2009

Cher Bertrand,

Je viens de prendre connaissance du commentaire de Simone ci-dessus et je viens de lui laisser un message sur la colonne des commentaires réservés à son blog, message lui faisant part de ma réaction dépitée et pleine d'aigreur devant l'acte de censure que représente ainsi la suppression du lien entre vos deux blogs au sujet de ma lettre sur Katyn, suppression unilatérale sans explication aucune à l'auteur de la lettre pourtant objet du lien.

Tu vas peut-être me rétorquer, ainsi peut être que Simone, que ceci ne me regarde pas puisque je ne suis ni l'éditeur de l'Exil des Mots, ni l'éditeur du blog de Simone. Bien, dans ce cas là comment juger alors une participation publique au blog d'un ami? Ecris et advienne que pourra ? Ecris et Inch Allah ? Tu sais toutes mes réticences à l'égard de ce que l'on appelle les commentaires et surtout la crainte que j'ai souvent exprimée de voir des propos raccourcis et mal interprétés ou de voir les passions s'envoler pour une lettre de plus ou de moins.

C'est précisément ce qui se passe ici. Quelqu'un que je ne connais pas, spontanément établit un lien avec ma lettre et aussi spontanément et sans aucune explication supprime ce lien, ne se préoccupant même pas de ce que cela pourait signifier pour l'auteur de la lettre, qui est pourtant un être pensant et non un produit qu'on dispose ou qu'on enlève à sa guise sur un présentoir.

Je ne connais pas le conflit qui vous oppose, mais je ne vois pas pourquoi ma sensibilité d'imagier écrivain devrait encaisser sans rien moufter un acte de censure même s'il est l'oeuvre d'une propriétaire de blog privée fâchée pour je ne sais quelle raison à ton égard. Une telle censure d'ailleurs est peut être plus intimement violente que celle d'une institution ou d'un éditeur commercial dans la mesure où tous ces rapports d'édition entre nous sont réglés par des principes de confiance et de gentlemen ou gentlewoman agreements.

Voilà mes états d'âmes. Et tout ceci m'affecte parce que le sujet traité dans nos premiers échanges est extrêmement lourd et complexe et ne saurait être censuré par quiconque sans réaction, quelque soit la méthode. Pour moi ceci a aussi une importance symbolique, que Katyn soit l'enjeux de traficotages mesquins ne m'étonne guère. Ce sujet a toujours été considéré par les intellectuels de l'ouest comme un sujet de second choix, ne méritant aucunement la passion et le respect que méritent plein d'autres causes dignes celles-là de leurs attentions mobilisées.

Bien à toi. Philip Seelen

Écrit par : Philip Seelen | 18.04.2009

Cher Bertrand,

Après un échange de lettres très courtois, Simone a fait le geste amical et chaleureux de rétablir le lien avec ma lettre Katyn, le crime, le mensonge, la souffrance sur l'Exil des Mots.

Bien à toi et encore merci à Simone pour son geste et sa compréhension fort respectueux pour le sujet qui nous a fait tous nous rencontrer, la mémoire des martyrs de Katyn.

Bien à vous Simone et bien à toi Bertrand. Philip Seelen.

Écrit par : Philip Seelen | 18.04.2009

@ FEUILLY de la part de Seelen

Cher Feuilly, la disparition de Sikorski est devenu un véritable feuilleton historique en Pologne.

En novembre 2008 les Autorités polonaises ont même fait exhumer les restes de Władysław Sikorski, afin de procéder à des tests scientifiques permettant de se prononcer en faveur ou non de la thèse suivant laquelle le décès de ce dernier en 1943 aurait été provoqué par une conspiration étrangère. Des experts ont donc déménagé le corps embaumé depuis sa tombe localisée à Cracovie où Le corps du général Sikorski reposait dans la crypte de la cathédrale Wawel.

Nombreux sont les polonais à penser que le général, qui était réfugié à l’époque sur une base militaire de Londres, a été tué sous les ordres du dictateur soviétique Staline. En effet, d’après cette thèse, il aurait été important pour Staline de se débarrasser du général Sikorski car celui-ci étant profondément anti communiste, il s’agissait donc de l’écarter de tout retour au pouvoir après la seconde guerre mondiale.

D’autres théories estiment que ce sont les services secrets britanniques qui ont assassiné le général, car ce dernier représentait un allié gênant, aussi bien pour les britanniques comme pour les soviétiques. L’accident d’avion est par ailleurs survenu quelques mois après qu’eurent éclaté de vives tensions entre le général polonais et Staline, et ce suite à la demande internationale qui avait été stipulée par la Pologne afin de faire reconnaître le massacre des officiers militaires polonais en Russie.

L’Institut National du Souvenir a donc demandé l’exhumation du corps du général car il a trouvé de nombreux éléments qui tendent à réfuter la thèse suivant laquelle le général serait décédé lors d’un accident, lui même ayant été provoqué par un problème d’un des moteurs de l'avion qui le transportait de Gibraltar à Londres. Les experts examinent donc l’existence d’os fracturés, et ce sont les analyses médico-légales qui seront à même de déterminer les causes du décès du général.

La suite dans quelques mois .... Bien à vous. Philip Seelen

Écrit par : Philip Seelen | 19.04.2009

Bonheur de vous lire, malgré tout le malheur et l'ignominie accumulés. Bonheur de penser que la longue route de quelques Justes, dont notre ami Joseph Czapski, n'a pas abouti à la fosse de l'oubli, après tant d'années de déni. Je viendrai à Paris dès que je le pourrai, rien que pour voir ce film. Merci les amis. De tout coeur merci.

Écrit par : JLK | 19.04.2009

Chers amis Philip et Bertrand,

L'intérêt que vous portez à l'approfondissement de ce tragique épisode de l'histoire de la Pologne qui a été occulté pour deux générations de polonais et pour tous les citoyens du reste du monde est une pierre de plus dans le monument à la mémoire de tous les martyrs de Katyn.

Comme le film de Wajda, chaque texte écrit est important pour que le crime soit dit, le mensonge soit démasqué et la vérité soit verbalisée. Ainsi cette horreur ne sera pas pour la mémoire des générations actuelles et future une tragédie floue comme une rumeur mal transmise par des bribes de ouï-dire.

Amitié à vous deux. Krzysztof Pruszkowski. Varsovie.

Écrit par : Krzysztof Pruszkowski | 19.04.2009

Je suis heureux du lien établi vers Barbara Miechowka et suis évidemment entièrement d'accord avec ton initiative, Philip.
Je suis également heureux des signatures ici de Krzysztof, de JLK, et des autres commentateurs.
Je suis en revanche profondément choqué par l'attitude de Simone. D'autant plus que je n'y comprends rien ce matin...
Je ne sais pas à quels derniers évènements elle fait allusion. Si j'en crois la teneur de son commentaire, c'est que, quelque part, Chez Feuilly ou Solko, j'aurais écrit que l'écriture ne pouvait faire longtemps illusion et ne tromper durablement que des imbéciles. j'essaie de retrouver où...En tout cas, je ne faisais allusion à personne en particulier et surtout pas à cette dame.
Je suis donc choqué qu'elle prenne une initiative de la sorte, sur un réflexe paranoïaque et au sujet d'un thème aussi grave. On met un lien, on se vexe, on l'enlève..Oui, mais on n'est pas là pour vendre des pastilles, Madame : On est là sur la mémoire d'un génocide, d'un crime.
Alors, Madame, un peu de tenue. Et comme je vous laisse parfois des commentaires sur votre blog, vous avez mon adresse mail privée. Il eût été plus élégant avant de prendre une décision théâtrale et indigne, de m'informer de votre vexation et je vous aurais alors assuré que je ne faisais nullement allusion à la qualité de votre écriture.
De quel droit aurais-je porté un tel jugement ? Vous me prenez vraiment pour ce que je ne suis pas.
Profondément déçu que votre comportement vienne ici troubler le respect qui s'impose face à la mémoire des grands drames et aurait pu être de nature à porter ombrage à l'amitié que Philip et moi-même entretenons, en privé et publiquement.
Enervé aussi d'être sommé de m'expliquer ici.
J'aime m'expliquer quand je suis coupable et que j'assume.
Je déteste me justifier quand rien ne justifie qu'on se justifiât!

Écrit par : Bertrand | 20.04.2009

Post scriptum :

Je viens de retrouver la trace du malentendu.
Cette dame, sur son blog, faisait allusion au monde de l'être confronté à celui du paraître et parlait, en substance des blogs "mas-tu vu".
J'ai écrit, plaisamment, que je n'étais pas d'accord, que l'écriture ne pouvait faire durablement illusion et sa médiocrité ne tromper que des imbéciles.
C'était une réflexion de portée générale. Je ne pouvais savoir la susceptibilité de la maitresse de céans et sa propension à prendre pour elle le moindre trait critique.
Je le regrette vivement.
Il me faudra désormais apprendre à ne pas me livrer, en confiance, chez n'importe qui.
Ma réaction tardive vient du fait que j'habite un lieu complètement isolé, sans téléphone ni Internet et que, le plus souvent, je n'écris jamais publiquement durant le week-end.

Il faudra bientôt, pour ne pas être accusé de je ne sais quel mauvais goût sur Internet, donner ses mensurations, la couleur de ses étrons et la consistance de son petit déjeuner.
Tout cela est parfaitement ridicule et dramatiquement hors-sujet.

Écrit par : Bertrand.redonnet | 20.04.2009

@Philip Seelen

Excellent article, très éclairant sur cette page d'histoire pratiquement ignorée du grand public français.

Écrit par : spqr | 20.04.2009

Nous permettriez-vous de reproduire votre article sur notre blog ?
Avec naturellement un lien vers le votre.

Écrit par : spqr | 22.04.2009

Cher Monsieur,

Pour louable que soit votre dénonciation du mensonge et des crimes de Katyń, je crains fort que les émotions qui nous animent dans cette démarche humaine, moi et mon ami Philip, soient diamétralement opposées aux vôtres.
Le crime, monsieur, se dénonce partout où il sévit et quel que soit la couleur idéologique des couteaux.
Le sang, lui, n'a qu'une couleur.
Salutations

PS : Et dites au Président auquel vous avez fait allégeance, que les littérateurs, comme les journalistes, ne sont pas tous des corniauds mais qu'il en est parmi eux qui pensent et, le cas échéant, savent combattre la veulerie partout où elle opère.

Écrit par : Bertrand.Redonnet | 23.04.2009

@ SPQR

CQFD. HLM. URSS. CRS. UMP. PCF. LCR. FN. ANPE. PS. RF. PPH. USA. RFS. SBB. CFF. SOS. TSF. BASF. SDF. LAPD. SNCF. PPDA. PROUT. COOP. VISP. CGT. VSOP. CAHIN. PCC. TRASOP. ALOE. BSA. JJ.SS. COMECON. SATRAP. ELF. TNT. SMERT. DGSC. DDT. TIR. SOPQ. VOSP. SS. CSA. CFDT. PSS. PDT. TL. RN. SIS. FR. DVD.
SAS. TWA. UIOP. ONU. OTASE. SERP. PROTOC. BRAT. GPRA. OAS. FLN. BIT. BRAS. OPECQ. PEP. VAL. TROC.
DIRE. SNEP. PSU. FLIC. PONS. RPC. RPDVN. NET. SPECTRE. SIRP. PET. etc ... etc ...

PS: Ktazenblumenschwitz und Wagenplatvandom. PhS

Écrit par : Philip Seelen | 23.04.2009

Je suis très surpris de votre réponse, qui contient des insinuations et un procès d'intention à notre égard :

"je crains fort que les émotions qui nous animent dans cette démarche humaine, moi et mon ami Philip, soient diamétralement opposées aux vôtres."

Que voulez-vous dire par là ? Qu'est-ce qui vous permet d'écrire cela ?

"Le crime, monsieur, se dénonce partout où il sévit et quel que soit la couleur idéologique des couteaux."
Où avez-vous lu qu'il aurait des crimes que nous approuverions ? (c'est en effet ce qu'insinue votre phrase).

"Le sang, lui, n'a qu'une couleur." Où avez-vous lu que nous dirions le contraire ?

"Et dites au Président"
Nous n'avons rien à dire au Président.

"auquel vous avez fait allégeance"
Où ça ? Première nouvelle !

"que les littérateurs, comme les journalistes, ne sont pas tous des corniauds"
Si c'est au Président que vous vous adressez, pourquoi le dire à nous ? Ou alors auriez-vous lu que nous disions "que les littérateurs, comme les journalistes, sont tous des corniauds" ? J'aimerais bien savoir où !

"savent combattre la veulerie partout où elle opère." Qui vous dit que approuverions la veulerie ou que nous ne la combattions pas ?

Désolé de ma réponse un peu sèche, mais je crains qu'il n'y ait une incompréhension ou un sérieux malentendu qu'il conviendrait de dissiper.
Bien à vous.

Écrit par : spqr | 23.04.2009

@Philip Seelen

Je ne comprend absolument pas votre longue liste de mots-clefs :-) De quoi s'agit-il et quel message voulez-vous nous faire passer ?

Je ne comprend pas plus votre PS : j'ai cherché ces deux mots sur le Web, introuvables.

Ne nous confondriez pas avec un autre site ??

Écrit par : spqr | 23.04.2009

A l'attention de Senatuspopulusqueromanus (spqr),

Monsieur ou Madame, ou Messieurs et Mesdames, parfois un pseudonyme peut cacher et représenter plusieurs noms,

Je vous demande spqr de ne pas insister. Laissez nous en paix et en dehors de vos combats pour les idées que vous croyez justes, idées que je n'ai pas envie ni de lire, ni de mieux connaître. Je ne veux pas être entraîné dans vos combats, vos luttes ou je ne sais comment vous caractériseriez votre action.

Votre site de propagande politique ne peut pas faire jeu égal avec un blog littéraire, avec des artistes, avec un écrivain, un poète, un imagier.

Notre refus de voir ma lettre sur le massacre ignoble des patriotes polonais et le mensonge immonde des communistes soviétiques à Katyn et sur le magnifique et admirable combat du patriote et peintre Josef Czapski figurer sur votre tract militant défendant des causes religieuses, politiques, idéologiques qui vous sont chères et qui ne regardent que vous, ne devrait pas vous surprendre, étant donné nos différences d'approche et de conception du monde.

Je suis un ami de la culture, des arts et de la société polonaise depuis plus de quarante ans. J'ai été activement solidaire avec la lutte des opposants polonais au communisme depuis les heures sombres de la répression de 1968.

Je n'ai pas besoin de vous, de vos conseils de vos analyses, de vos liens dans le monde avec toutes sortes de groupes et de gens proches de vos idées pour continuer mon aventure de vie avec mes amis polonais artistes, intellectuels, écrivains, poètes, cinéastes. Je ne veux pas et je ne serai jamais le faire valoir d'une organisation politique quelconque et surtout si les principaux membres de celle-ci se cachent derrière l'anonymat des pseudonymes.

En espérant Messieurs, Mesdames de spqr que vous me compreniez et qu'ainsi vous nous laissiez en paix.

Philip Seelen, artiste imagier.

Écrit par : Philip Seelen | 23.04.2009

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