17.12.2008
Franche répartie
Le colonel Bigeard à Brassens :
- Et vous, Brassens, vous aimez votre patrie ?
Brassens :
- Je n'aime pas ma patrie. En revanche, j'aime beaucoup la France.
12:38 Publié dans Musique et poésie | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : littérature | Facebook | Bertrand REDONNET
Commentaires
ma seule patrie la poésie / ma seule armée la pensée
Écrit par : Philip Seelen | 17.12.2008
Moi pour qui les positionnements politiques de Jean Ferrat auront toujours été un peu discutables, je ne me lasse d'aucune de ses chansons - pas même de ses plus politiques. C'est un mystère qui cesse de l'être dès lors que je ne m'attache plus qu'à sa poésie, et à cette tendresse qui habite chacun de ses textes.
Écrit par : Marc | 17.12.2008
Et notre drapeau, philip, sans jamais la blancheur des armistices, côte à côte...
Salut Marc, heureux de vous retrouver en ce jardin...Je suis tout à fait au diaposon. Les positions politiques de Ferrat, hum, hum...C'est pas tout net.
" Si t'es pas communiste à 20 ans, c'est qu't'as pas d'coeur. Si tu l'es à 40, c'est qu't'as pas d'tête...."
Mais comme vous, la tendresse de ses chansons, son verbe qui sonne si juste, me touchent, surtout ces vers là, à 2500 Km du pays depuis plus de deux ans.
J'ai à peu près le même pb de dichotomie avec Roger Vailland. C'est vrai que lui, dandy et libertin , s'était lui-même exclu du Parti après connaissance des crimes de Staline.
Des fois, souvent même, toujours peut-être, la fibre poétique, sensible se situe par-delà les écrans de fumée de l'idéologie...
Écrit par : B.redonnet | 17.12.2008
...ma môme
elle joue pas les starlettes
elle porte pas des lunettes de soleil
ma môme
elle pose pas dans les magazines
elle travaille en usine à Créteil...
rien autant que cette chanson me rappelle mon propre romantisme ouvriériste et mes petits matins devant les Câbleries à alpaguer le prolo pour lui fourguer un de mes tracts...
Écrit par : Philip Seelen | 17.12.2008
Faut dire qu'à droite c'est pas Philippe Clay qui aurait pu nous faire rêver avec "Mes universités" son simili-tube en forme de matraque et au goût de lacrymo ...
Écrit par : Philip Seelen | 17.12.2008
Le croirez-vous, j'ai aussi une certaine tendresse pour le susnommé Philippe Clay - dans une moindre mesure, est-ce bien utile de le préciser, son "oeuvre" étant autrement moins conséquente que celle de Ferrat.
Je trouve un peu sévère, et c'est peu dire, le jugement formulé ci-dessus : Clay, aussi homme de droite fût-il, ne cultivait nulle affection, ni pour la matraque, ni pour la lacrymo : gardons-nous de ces exagérations. Le combat des étudiants n'était pas le sien, voilà tout : ce n'est pas, en soi, nécessairement répréhensible. Résistant à l'âge de seize ans, ami de Prévert, de Vian et de quelques-autres du même acabit, on peut aussi comprendre qu'il n'ait pas totalement adhéré à son temps, et que son expérience de la vie l'ait conduit à d'autres considérations.
Écrit par : Marc | 17.12.2008
Bonsoir Marc, je peux le croire, Philippe Clay était un artiste, un comédien et un chanteur de talent...et sa vie, sa carrière sont respectables... Pour quelqu'un qui s'était engagé à 16 ans dans le combat à mort contre l'occupant allemand, je peux aussi trouver normal que le slogan "CRS-SS" ait pu paraître excessif et déplacé, de même que cette révolte, dans une société nantie et en plein "boum" consumériste, contre l'autoritarisme, le paternalisme et les conservatismes aie pu le décontenancer.
Merci d'apporter vos nuances à ma remarque d'humeur qui ne tenait pas à porter un jugement sur l'artiste Clay mais sur le sentimentalisme partisan qui animait une partie de la jeunesse des années septante...
La proximité de Ferrat avec le PCF lui a aussi inspiré des chansons telles que "Pauvres petits cons" ou "En groupe, en ligue, en procession" dans lesquelles il exprimait lui aussi une distance certaine avec quelques composantes des mouvements de la jeunesse de ces temps là...Bien à vous. Philip Seelen.
Écrit par : Philip Seelen | 18.12.2008
Oui, voilà, je me retrouve bien dans ce que vous dites là, Philip, et qui me semble résumer avec beaucoup d'à-propos ce qui pouvait, non sans quelque bonne raison, "décontenancer" Clay.
Je ne voulais surtout pas me poser en donneur de leçon, j'espère que vous l'aurez compris ; juste, sans en être un admirateur et pas même un connaisseur, ne pas faire preuve de trop d'injustice à l'égard de Philippe Clay. Il fut ce qu'il fut, un bonhomme à la gouaille appréciable et non dénuée de poésie ; quelques politicards voulurent récupérer ses humeurs, mais tout cela est parfaitement négligeable.
Et merci de nous rappeler aussi la distance de Ferrat, qui n'était pas moins sévère. Et pour lequel j'ai évidemment bien plus d'admiration.
A vous. MV
Écrit par : Marc | 18.12.2008
Merci à vous deux de l'élégance de ce petit débat. Je m'en vais y mettre mon grain de sel avec...avec...avec..et, oui, vous avez bien deviné, Brassens.
Brassens a 47 ans en mai 68.
Pas encore vieux, mais déjà décalé. Poète subtilement engagé sur les grands thèmes éternels de la littérature (et de la vie), l'amour, la mort, la difficulté d'être, poète solitaire aussi, dès qu'il se mêle de coller à l'actualité, aussi brûlante soit-elle, il dit un peu, sinon des conneries, du moins écrit-il des vers qui lui collent moins à la plume.
Je pense à "Boulevard du temps qui passe", néanmoins magnifiquement écrit :
"Quand sonna le "cessez-le feu", l'un de nous perdait ses cheveux et l'autre avait les tempes grises
Nous avons constaté soudain que l'été de la Saint-Martin n'est pas loin du temps des cerises.",
mais où il résume, en fait, l'émeute de 68 et la grève insurrectionnelle à un conflit des générations, c'est-à-dire qu'il reprend mot pour mot le langage de l'idéologie dominante au pouvoir et à l'époque.
Il n'en avait pas moins gardé son humour. Hospitalisé pour ses coliques néphrétiques, il répondit plus tard à un journaliste qui, sournoisement, lui demandait ce qu'il faisait en 68, qu'on l'avait alors bien peu entendu :
- Moi, monsieur, en 68, je faisais des calculs.
Amitié à vous.
Écrit par : B.redonnet | 18.12.2008
Eminente pirouette !
Écrit par : Une Ville Un Poème | 18.12.2008
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