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07.09.2010

Dématérialiser, j'en remets une couche

P4250040.JPGJe parlais hier de dématérialisation, à propos des poubelles. Voir ci-dessous pour ceux qui arrivent en retard.
Il y a quelque temps, j'avais été préalablement confronté, à mes dépens, au sens profond de ce concept qui a le don de m’agacer au plus haut point.
Le mot est à la mode. Il est employé à tout bout de champ, n’importe comment, par n’importe qui, mot récurrent qui tombe comme les cheveux  sur la soupe, qui fait à la page.
A l'écran, plus exactement.
Dématérialisation.

Tout un programme. On se donne du philosophe. Dématérialisation ?  Rendu métaphysique alors ? Abstraction plutôt ? Non ? Intangible alors ?
Alors, je ne vois pas bien.

La première fois que j'eus à froncer le sourcil devant l'emploi intempestif du concept, c’était avec un gars qui se croyait malin en matière de développement durable. Il m’avait dit, et il avait l’air content de lui comme c’est pas possible : « Faut dématérialiser l’information, mon pote. »
Moi, à part ne plus rien dire du tout, je ne vois pas comment je pourrais dématérialiser une information. Par des ondes supranaturelles, peut-être… Et encore. C’est même pas sûr.
Dématérialiser l’info, la communication, ça veut dire la numériser, oui, qu’il m’a expliqué, le gars.  En fait ça voulait dire plus simplement : Plus de papier !
Sauf aux toilettes, bien sûr. On va quand même pas tout dématérialiser d'un coup !

Bref, ça ne veut rien dire du tout parce qu’un fichier informatique, un livre numérique, il n’y a pas plus matériel, visible, tangible, palpable, transformable, lisible et transmissible. Et c'est tant mieux parce que c'est un outil de travail et de création.
Quoiqu'en dise mon camarade et ami Stéphane Beau dans un commentaire, .
J'ai travaillé autfoué avec un copain imprimeur dans les Deux-Sèvres. Un artiste du métier, du plomb d'abord, de l'offset après. Puis on l'a mis sur un Mac et il a composé sur ordi. Si on lui avait dit : " Hé, garçon, on va dématérialiser ton matériel, " il en aurait fait une tête !
Pédantisme du glissement de sens pour dire changer de support, un support qui ne participe ni de la déforestation en amont, ni de la gestion des déchets en aval.
C’était vraiment pas la peine de faire le philosophe. Numériser. Point barre.
Il y a très peu de temps, au cours d'une conversation téléphonique en France avec une employée de bureau - au demeurant fort sympathique -  et à propos des droits que je pourrais peut-être faire valoir à la retraite ( avec 16 ans de cotisations, en tout et pour tout, ça va être cocasse), une employée, donc,  me disait que, pas de soucis,  mon dossier serait transmis dématérialisé.
J'ai une des sueurs froides. Déjà que ça risque d'être maigre, très maigre,  translucide même, voilà, que ça s'était évaporé dans la dématérialisation, mes affaires ! Un dossier métaphysique.
 
Car une fois, comme je vous disais au début de ce billet qui , décidément, manque de cohésion linéaire, il m'était arrivé de dématérialiser vraiment, sans rire. Et sans la moindre pédanterie :  Il n'y avait pas de témoins.
Figurez-vous que dans un moment de colère dont je suis, hélas, assez coutumier, j’avais supprimé 20 pages d'un  texte sur lequel je travaillais.
Un tapuscrit dématérialisé, si vous voulez.

Puis j'étais allé, consciencieusement, vider la corbeille. Colère froide, donc, organisée, réfléchie, préméditée. Un assassinat beaucoup plus qu’un meurtre.
J’avais regretté aussitôt mon forfait accompli.
Peut-être qu’il y avait quelque-chose de récupérable là-dedans.
Où les retrouver les 20 pages ? Nulle part.
Dématérialisées vraiment. Comme n’ayant jamais existé, comme n’étant jamais sorties de mon cerveau.
C’eût été à la machine à écrire, que j’aurais fouillé la poubelle, défroissé les pages, les aurais repassées et que j’aurais relu.
J’ai déjà fait ça. Autrefois.
Mais là, rien.
Mortes sans sépulture.
Néant.
Et y’a pas plus dématérialisé que le néant.

Et quand je pense à mon développeur durable, j’espère qu’ils n’en viendront jamais, alors, à dématérialiser complètement l’info.
Et que  mon employée de bureau va tout faire pour donner un sens tangible, palpable dirais-je,  à sa dématérialisation.

11:13 Publié dans Acompte d'auteur | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature |  Facebook | Bertrand REDONNET

Commentaires

L'avion qui s'était abattu sur le Pentagone le 11 septembre 2001 et dont on n'avait retrouvé aucune trace, mais absolument aucune, a été décrété "dématérialisé" par les experts.

Curieux, non?

Il faut même croire qu'il s'était dématérialisé avant que de toucher le mur du Pentagone, car l'impact sur ce mur ne dépassait pas un ou deux mètres, je crois.

Ils sont fort ces islamistes. Il faut dire qu'ils ont déjà un pied dans le paradis d'Allah, alors ils doivent en connaître un rayon sur la non-matière.

Écrit par : Feuilly | 07.09.2010

Les commentaires sont fermés.