31.03.2018
Retours
L’hiver s’en va.
Aux lisières et sur les eaux dormantes, il a longtemps musardé, accroché ça et là les lambeaux de ses blancs oripeaux, hésité, lutté encore, dégelé l’eau le jour pour la congeler la nuit, sous la lumière tremblante des étoiles….
Mais il s’en va à présent.
Et cela s’entend alentour, qu’il s’en va.
Les grues sur l’eau des prairies crient vers le ciel, ailes déployées et cou levé en une folle sarabande.
La grive musicienne fait ses gammes, la fauvette donne le la, le pinson pérore, l'étouneau s'y met aussi, on se coupe sans vergogne le sifflet. Comme si chacun de la gent emplumée revendiquait d'avoir été le premier revenu au pays.
Au bord d’un étang, une cigogne arpente, à la recherche d‘un improbable vermisseau.
L’hiver s’en va donc. Vaincu par la rondeur du ciel et de la terre. Par l’éternel retour des saisons marchant derrière les saisons.
Sur mes balades à travers la campagne, il n’y a plus traces d’animaux sauvages. L’archéologue de leurs courses sous la lune n’a donc plus rien à lire.
Alors il lit ailleurs, dans sa propre histoire.
Il tourne les pages et fait défiler les chapitres.
Comme l’hiver, il voit bien que le temps s’en va, et il sait bien où il va, ce temps.
Mais il sait aussi que la peur n’évitera pas le danger.
Là comme partout ailleurs,
17:28 Publié dans Acompte d'auteur | Lien permanent | Facebook | Bertrand REDONNET