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09.02.2018

Marcher

littératur,écritureJe marche sur et dans les campagnes enneigées.
C’est ce que j’ai écrit ce matin à mon ami des bords de mer, là-bas, du côté de La Rochelle.
Joie initiale, et jamais égalée, d’être  debout dans l’espace. Aller à la rencontre du vide.
Marcher sans dire.
Surtout marcher seul.
Parce qu’on marche d’abord vers cet horizon courbé et qu’on ne sait pas ce qu’il y a derrière ce dos rond.
Le soleil y plonge dans la neige. C’est à peu près tout ce qu’on sait.
Encore qu’on n’en soit pas vraiment certain. On se demande toujours si, derrière la chute de l’horizon, d’autres horizons ne s’enflammeraient pas.
Car vient un moment où l’on ne sait plus si l’étoile incandescente sort de la terre ou si elle va s’y enfouir, tant que l’on ne sait plus, non plus, à quel bout de sa promenade on en est.
Au début ou vers la fin. Si elle est initiatique ou testamentaire.
Une plaine ? Une colline ? Un fleuve ? Des bois ? Un désert ? Des animaux ténébreux ? Au pire d’autres hommes, qu’il y aurait derrière cette échine enluminée ?
On ne peut rien affirmer de cet horizon voûté. Ou alors des bêtises. Des plates ou des savantes. Ça dépend comme on marche. En tout cas ne rien écouter, sinon son propre murmure.
A écouter les bêtises plates ou savantes qu’on dit de la courbe de l’horizon, forcément on dira soi-même des bêtises.
Plus affligeant : on les croira bientôt.
Comme si on avait déjà été voir là-bas alors qu’on voit à peine jusqu’au bout de ses pieds. Il n’y a pas plus présomptueux, plus répugnant même, que quelqu’un qui marche en faisant croire qu’il sait déjà le paysage de derrière la colline.
Celui qui dit qu’il est habité comme celui qui affirme qu’il n’y a là-bas que du néant.

Non. Marcher, c’est ça qu’il faut. Marcher avec le vent qui vous pousse ou qui sort de devant, on ne sait d'où, et qui chahute les poils du visage.
Je marche sur la piste du loup. La plus solitaire.
Et il arrive  que je m’y perde.
Le chemin jusqu’au point de chute semble  pourtant largement ouvert.
Mais peut-être suis-je en fait passé de l’autre côté de la colline en feu et que c’est ça qu’il y avait derrière la colline en feu.
Simplement.
Des imbéciles errants parce qu'ils avaient perdu le sens des allégories.

 

11:47 Publié dans Acompte d'auteur | Lien permanent | Tags : littératur, écriture |  Facebook | Bertrand REDONNET