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05.09.2016

Ballade pour des pendus

la-ballade-des-pendus.jpgImaginez un pendu qui, juste avant que le nœud fatal ne lui brise le souffle, se plaint du chêne à la branche duquel il est accroché et non des juges qui l’ont condamné.
Imaginez cette scène un peu « Villonesque » et vous aurez, selon moi,  une vision globale du monde de ce début du XXIe siècle.
Tous les maux nous accablent. Nous sommes au bord de l’apoplexie, nous sommes pendus haut et court et nous vitupérons contre les changements climatiques qui nous étouffent, les musulmans qui nous assassinent, le travail qui manque ou, s’il ne manque pas, est payé avec des queues de cerises, contre l’amour qui fout l’camp, la littérature et les arts qui intéressent et éduquent de moins en moins de monde, les hommes et les femmes politiques qui mentent, trichent, fraudent, manipulent, j’en passe, j’en passe et j’en repasse encore…
Comment survivre dans un tel chaos ? L’athée le plus honnête, le chrétien le plus pur, le musulman le plus pacifique, le prolo le plus résigné, l’amant le plus sincère, tous s’accusent de leurs maux et versent, par ignorance atavique, dans la haine de proximité.
Et pendant ce temps-là, ceux qui nous ont réellement condamnés, ceux qui nous ont passé la corde au cou, continuent de se remplir les poches, de boursicoter et de faire la pluie et le beau temps sur les sacro-saints marchés, lesquels, in fine, règlent et conditionnent nos existences.
Ceux-là, gros cons capitalistes,  financiers de la mondialisation, affameurs des peuples, marchands d’armes et de pétrole, sont les seuls contre lesquels nous devrions tourner notre haine, qu’ils soient arabes, européens, juifs, athées, musulmans ou bons chrétiens.
Sans eux, pour qui le chaos est une tirelire exponentielle, les hommes ne perdraient pas leur dignité à se haïr sur des considérations ethniques, politiques ou religieuses.
Sans eux, la politique serait faite par des gens autres que ces pantins désarticulés qu’ils tiennent entre leurs griffes, sans ces péronnelles insignifiantes arrivées au pinacle par la vertu dont ne sait quelle insulte faite à la vertu.
Les pendus que nous sommes devrions assassiner un système, celui de l’argent et de l’économie, et le reste, oui, tout le reste, trouverait du même coup sa solution.
Tant que nous prendrons les épiphénomènes pour les causes, nous sombrerons toujours de plus en plus profondément et nous éloignerons chaque jour un peu plus de notre humaine identité.
Car les vautours qui se gavent de nos cadavres gesticulant au gibet, savent bien que, dispersant les haines pour des causes qui n'en sont pas, ils évitent du même coup d'en être la cible.

15:02 Publié dans Acompte d'auteur | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : littérature, écriture |  Facebook | Bertrand REDONNET

Commentaires

Bonne analyse en effet. Le public préfère râler sur la main d'oeuvre étrangère bon marché, qui nous prive d'emplois, plutôt que de voir que tout le système a été conçu par les riches pour devenir encore plus riches.

Écrit par : Feuilly | 06.09.2016

En voilà, une langue bien pendue !

Écrit par : cleanthe | 06.09.2016

Hello pani ! Bonne fête :)

Écrit par : Michèle | 06.09.2016

C'est bien ça, Feuilly... Lancer la haine et les ressentiments sur des fausses pistes, pour que le véritable gibier de potence puisse foutre le camp...

Cher Cléanthe, je vous dois un grand éclat de rire. Bien vu !

Merci Michèle. Hier les Saints du ciel étaient sous ma protection. Non, heu, c'est le contraire, en fait...
Ale nie jestem pani, jestem pan ! Ty, jesteś pani :)))

Écrit par : bertrand | 07.09.2016

Franchement, Bertrand, tu sais combien de temps ça prend pour, sur 100 athées, en faire un d'honnête, sur 100 chrétiens, un de pur, sur 100 musulmans, un de pacifique, etc ???
Parce que le Christ en croix révèle au chrétien son péché, et que la plupart des chrétiens reculent quand il faut s'en purifier ; parce l’athéisme aveugle l'homme quant à son péché, et que la plupart des athées passent leur vie à lui céder interminablement la place; parce que l'Islam enferme le musulman dans une sacralité sans charité, et que la violence sans pardon de la charia finit par rester la seule issue pour lui...
L'utopie des belles âmes est un doux idéal rousseauiste, l'anticapitalisme une idéologie aussi funeste que les autres. Parce que tout le monde, les 99& d'athées, chrétiens, musulmans et consorts trouve son compte dans l'empire, le condamner reste un vœu pieu.
C'est vrai qu'on ne peut adorer Dieu et l'argent, parce que l'homme n'a pas créé Dieu, mais qu'il a créé l'argent. Tu me diras que je raisonne en chrétien, mais je vois tellement ça partout : ce n'est pas au système que nous sommes pendus, mais au péché, c'est à dire au mauvais de notre nature. Je ne vois nulle autre issue que le Paraclet, le Redempteur, le Christ lui-même.

Écrit par : Solko | 07.09.2016

Mon cher Roland, il y a un point, essentiel, où nous ne pourrons jamais être d’accord : c’est la certitude figée.
„Le Christ en croix révèle au chrétien son péché”... Quel péché ? Moi, homme du hasard, comme Toi, comme Vous, comme Nous, je n’ai jamais demandé à exister et je suis effrayé à l’idée de mourir. Quel péché devrais-je porter sur mes épaules, que je n’ai pas commis en tant qu’individu ? C’est de la poésie, Roland... Seule la mort, dont tu ne sais pas plus que mézigue sur quel peut-être elle ouvre le néant, est en soi l’insupportable punition faite à la vie.
J’ai déjà beaucoup à porter, comme Nous tous, sur mes inconduites sans prendre en responsabilité „ „une faute” qui ne serait que celle d’exister. Réfléchis, Roland : Où es-tu dans tout ça, dans ton quotidien, tes pensées, ton travail, tes amours, tes amitiés, ton rapport à l’autre, ta chance de vivre ? Quel rôle es-tu contraint de te jouer si tu t’écartes à ce point de ce que sont, en vrai ou en apparence, les hommes puisque tu n’es ni un loup ni un chien, ni un chat ni encore une poussière ?!
Puisque tu portes la foi, avec sincérité, explique-moi encore comment la conviction anticapitaliste, que j’ai, que je porte en moi depuis ma tendre enfance, est une idéologie plus funeste que la croyance en la rédemption ? Pour peu que je sache du christ, j’en sais l’essentiel : l’esprit du pouvoir et de l’argent conjugués sont dans sa parole vivement vilipendés et mon rousseauisme est certainement dès lors plus près de lui que n’importe quelle messe dite à sa gloire et qui, jamais, ne dit un mot des iniquités du monde et des souffrances des humbles !
Non, Roland, je ne te suis pas sur le terrain que seul le chrétien repentant, culpabilisant de sa mauvaise nature, soit dans le vrai.
C’est peut-être là, justement, la suprême utopie, le dernier rempart de tout un système pour que, uniquement préoccupé du salut de son âme, l’homme laisse à ceux qui n’en ont cure le loisir de le gouverner, de lui mentir, de le voler, de l’exploiter, de le museler, de l’anéantir le temps de sa vie...
Non, non, non et mille fois non, Roland !
L’un de nous se trompe lourdement. J’ose croire que c’est Toi... Simplement en ouvrant les yeux, en activant mon intelligence (faculté de comprendre) et en laissant parler mon cœur.
Pour autant, les ennemis „politiques” des chrétiens ne sont pas mes amis. Tu le sais. Parce qu’ils sont pire encore, voulant à une certitude en substituer une autre qui ne me convient pas du tout, du tout, du tout... Parce qu'ils nous ont supprimé la croix du christ, justement, trop lourde à porter, pour nous pendre aux systèmes mafieux de l'économie.
Et c'est bien là, je maintiens, que nos vies sont pendues et c'est sur ce gibet de la vie réduite aux quatre sous nécessaires pour un bout de pain dans une assiette de soupe que se balancent nos cadavres.
Et puisque le christ a dit qu'il n'interviendrait plus avant le jugement dernier, c'est aux hommes ( et non à leurs croyances ) de tenter de dépendre les hommes !

Écrit par : bertrand | 07.09.2016

Ah merde ! Pardon ! Voilà ce que c'est de ne pas vérifier. Toi pan ou mezczyzna et pas pani. Je-me-le-tiens-pour-dit :)))

Écrit par : Michèle | 07.09.2016

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