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21.06.2016

Euro-vitrine

écritureJ’aime bien le foot. Comme jeu sportif et ce n’est pas une honte. La honte serait d’en avoir honte au point de le cacher. Misère !
Cela me vient sans doute de mon enfance quand, le dimanche après-midi, on allait applaudir les exploits - assez approximatifs -  de mes grands frères sur les différents terrains alentour et les tournois inter-clochers.
Mais aujourd’hui, il est de bon ton, on le sait trop bien, dans certaines sphères zélées, de détester le foot et d’aimer Arthur Rimbaud. Autant dire de ne rien apprécier par soi-même et de ne rien comprendre à rien, car aimer regarder un match et aimer lire des classiques du patrimoine littéraire ne peut être incompatible que pour des esprits codés.
J’aime donc le foot et l’écriture parce que les deux font partie de mon archéologie.
Ceci étant dit, je m’empresse évidemment d’ajouter qu’on peut bien évidemment détester le football, ou le vélo, ou le tennis,  sans pour autant être un idiot formaté. Je parle du jeu. Pas de la perversion marchande qui accable le sport, comme elle accable d’ailleurs toutes les activités humaines, parmi lesquelles, aussi, la littérature.

Ce petit préliminaire pour dire qu’il ne me déplaît pas de regarder, parfois, un match du tournoi européen actuellement en cours.
Et ça m’amène à quelques réflexions.
D’abord quels matchs ? Quelques-uns du pays que j’ai quitté et quelques-uns de celui qui m’a accueilli. C’est tout et c’est beaucoup.
Car bi-patriote, que je me découvre, et je rigole bien car les thuriféraires français les plus en vue de ce tournoi sont en même temps les destructeurs et les pourfendeurs de tout sentiment national, de tout sentiment d’appartenance à un pays ; les chantres d’une Europe sans cultures particulières et d’un monde confondu dans une même mixture.
On dirait alors que cette amitié naturelle pour un pays, le sien ou celui qu’on habite, bannie comme éminemment réactionnaire et dangereuse sur le terrain politique, trouve sur le terrain de foot sa soupape de sécurité pour s’exprimer. A l'extrême parfois, les sentiments guerriers n'étant pas toujours absents du délire supporter.
Ce n’est pas joli tout ça et tous les clichés, libérés des tabous, s’étalent sans vergogne. Les Russes, par exemple, sont les méchants, les Anglais itou, et les Français jouent les mieux du monde ; les Islandais quant à eux,  on ne sait pas trop parce qu’on en a, dans le fond,  rien à foutre.
Bref… Laissons cela. Ce qui me navre, me fait peine même, à travers les commentaires que j’entends s’exprimer à l’occasion de ce tournoi, c’est l’état dans lequel semble sombrer le vieux pays français.
Des journalistes polonais sont outrés par l’organisation. Jamais vu ça, nulle part, écrivent-ils… Train en retard ou pas de train du tout, avion annulé, chauffeur de taxi qui fait mine de ne pas comprendre un mot d’anglais et qui ne donne donc pas de facture pour le défraiement, réunions de presse bâclées ou improvisées, barrières de sécurité ridicules qu’on enjambe sans difficultés, pagaille et imprécision à tous les étages, menaces d’attentat partout, et, pour achever le tableau, arrogance et inhospitalité des restaurateurs, hôteliers et autres commerçants  français !
Un bon copain, que je sais féru de sport et que je n’ai pas revu depuis dix ans,  m’écrit en substance : Ce pays est tellement dans la merde que même son équipe, on n’a pas trop envie de s’y intéresser…

Que le meilleur gagne, comme i disent...
En tout cas, il me semble que la France, elle, a déjà beaucoup perdu pour avoir montré à tous la profondeur de sa blessure, qu'une dérisoire victoire footballistique ne  suffira pas à cautériser.

12:07 Publié dans Acompte d'auteur | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : écriture |  Facebook | Bertrand REDONNET

Commentaires

Moi ce qui m'étonne toujours, dans ces tournois entre nations, c'est le sentiment étrange qu'a le public de s'identifier à son équipe nationale. Alors que le citoyen ordinaire se montre habituellement for méprisant pour les Noirs ou les Maghrébins, voilà que ce même citoyen devenu supporter pendant une heure applaudit à tours de bras SON équipe composée de trois Sénégalais, deux Algériens et quelques Slovaques. C'est une bonne chose en soi, dommage qu'après le match les vieux atavismes reprennent vite leurs droits.

Écrit par : Feuilly | 22.06.2016

Tout à fait, oui...

Écrit par : Bertrand | 22.06.2016

Ce qui signifie que ce n'est pas le Sénégalais, l'Algérien ou le Slovaque qui se voient méprisés mais plutôt le prolo sénégalais, le prolo algérien ou le prolo slovaque. Les "héros" eux, qu'ils le soient du sport, de la politique ou de la finance, sont regardés autrement... Peu importe la couleur de peau ou la nationalité... Nous sommes petits petits petits :)

Écrit par : Michèle | 24.06.2016

Sans doute... L'étranger, l'autre, celui d'ailleurs, qui marque des buts n'est plus tout à fait un étranger.
Le même suant sang et eau sur son marteau-piqueur sera l'objet de tous les mépris du supporter..
Quelle misère ! Petits, que nous sommes ? Oui, bien petits, petits...

Écrit par : Bertrand | 25.06.2016

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