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06.08.2015

Les chrysanthèmes du silence

IMAG1633.jpgOn me fait tant de compliments de mon Silence des chrysanthèmes et ceux-ci  émanent d’horizons tellement divers, - gens que je connais maintenant, gens que j’ai perdus de vue depuis peu, d'autres depuis très longtemps, gens que je n’ai jamais vus, gens qui ont l’habitude de lire, gens qui ne lisent guère de littérature, gens qui ne lisent même pas du tout, ou si peu, gens de la foire aux livres de Varsovie en mai, gens rapidement rencontrés en juillet en Bretagne, tout ceci par écrit ou de vive-voix - que je me suis demandé s’il ne s’agit pas là, finalement, d’un  jeu de la parole sociale, surtout qu’elle tourne en l’occurrence autour d’un livre qui, il faut bien le dire, passe pratiquement inaperçu des « professionnels ».
Ceci, peut-être, explique en grande partie cela.
On peut oser dire, sans prendre beaucoup de risques, d’un livre qui rencontre le succès, qu’il est une merde affligeante. On fait montre alors d’un certain esprit critique, on ne hurle pas avec les loups, on est d’une tout autre nature et d’un tout autre goût, on prend quelque hauteur de vue.
Mais d’un livre dont pas grand monde ne prend la peine de parler et qui vous est par hasard ou par connivence tombé entre les mains, on ne peut dire qu’il est une merde, au risque de se ranger implicitement du côté du silence des marchands de consécrations et des faiseurs de réussites. Bref, au risque d’être du parti de la conspiration.

Tandis-que défilaient les autoroutes allemandes ou belges derrière mon pare-brise, c’est bien ce que je me disais.
Surtout qu’une impression revient toujours dans les commentaires que je reçois ou que j’ai entendus : je me suis régalé, j’ai replongé dans le monde de mon enfance.
Serait-ce à dire, puisque j’ai moi-même crû plonger en écrivant ce livre, en partie tout du moins, dans ma propre enfance et dans ma propre intimité, que nous avons tous une enfance universelle, des paysages, des odeurs et des souvenirs qui nous sont un bien commun ? Ou alors la part de fiction distillée dans mon écriture l’emporte-t-elle sur les éléments autobiographiques ?
Ce serait, ma foi, fort flatteur du point de vue de l’écrivain. Car tout le monde peut écrire des souvenirs, mais ceux-ci ne rentrent dans le domaine de la littérature que par l’imaginaire poétique qui les accompagne. Certains diraient, par la part de sublimation dont ils sont revêtus.
Mais sans doute dois-je plutôt comprendre que c’est l’évocation elle-même du temps qui s’est enfui que nous avons, mes lecteurs et moi-même, en complicité. Peu importe le flacon  pourvu qu’on ait l’ivresse…
Peut-être.
Cette petite phrase extraite d’un récent courrier tendrait en tout cas à me le confirmer : "Vous avez écrit les mots que nous avons tous en partage pour nous prémunir contre la peur de devoir partir bientôt."

12:23 Publié dans Acompte d'auteur | Lien permanent | Commentaires (2) |  Facebook | Bertrand REDONNET

Commentaires

Grave question, en effet. Comment des souvenirs personnels peuvent-ils émouvoir autrui ? Soit parce que les autres ont connu des faits exactement semblables (ce qui est peu probable), soit parce que l'écriture est suffisamment ouverte pour laisser au lecteur la possibilité de venir greffer sa propre histoire sur celle de l'auteur. Nous avons tous un temps de l'enfance en commun et aussi dans le cas présent une époque en commun.

Écrit par : Feuilly | 08.08.2015

" Nous avons tous un temps de l'enfance en commun et aussi dans le cas présent une époque en commun."
Oui, je crois que c'est cela.Une époque qui nous sert peu ou prou de point de repère.
Voire de coin de repaire:))
Ceci étant dit, les quelques critiques auxquelles je fais ici allusion, restent très, très confidentielles :((

Écrit par : Bertrand | 09.08.2015

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