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08.08.2015

Invasion caniculaire

drakkar.jpgChez un bouquiniste de Normandie, j’eus l’heur de découvrir une vieille édition, 1966 en 8 volumes, de l’Histoire de France de Jules Michelet.
J’ai tourné autour pendant trois jours, hésitant, tergiversant, calculant, trouvant des prétextes, maugréant, avant de capituler.
Question récurrente du discours byzantin :
Jules Michelet est-il un poète ou est-il  un historien ?
Michelet est tout simplement un remarquable écrivain, qui a su mettre à profit la monumentale documentation à laquelle il avait accès en tant que chef de la section historique des Archives nationales.
Il se lit ainsi par goût de l’Histoire autant que par celui de la littérature.
Plongé dans ses pages, je redécouvre ce qu’on a trop vite oublié ou peut-être mal appris : les empereurs romains après César furent en majorité des Celtes, des Gaulois.
Ce qui fait dire au poète que Rome a conquis les Gaules autant qu’elle a été conquise par elles.
Délectable description de ces siècles de chaos guerrier qui ont suivi la chute de l’Empire, jusqu’à la "victoire" des Francs et la restauration d’un nouvel empire, socle de notre histoire, celui de Charlemagne.
Bref. Sans jeu de mots sur Pépin...

Pendant que je s’en suis donc encore au Haut Moyen-âge, dehors, l’atmosphère est en flammes.
Un mois d’août exceptionnellement torride, après un mois de juillet non moins tropical ; une canicule durable à ne pas mettre un Sarmate dehors. Affligeante désolation des pelouses et des jardins et, surtout, des tilleuls et des bouleaux qui, accablés par le feu d’un ciel céruléen, ont pris les couleurs qu’ils revêtent d’ordinaire en octobre, laissant s’éparpiller alentour leurs feuilles desséchées, calcinées,
tuées par la soif, et qui craquent, sinistres sous les pas.

Je lis, attendant dans l’ombre des volets refermés, les jours plus cléments de septembre. Du mois l’espéré-je…
Certains historiens, que désavoue Michelet, avancent pour une des causes des invasions vikings des 9e et 11e siècles un brusque réchauffement climatique. Certaines terres du Danemark et de Norvège auraient en effet dégelé, la surface agricole disponible s’en serait trouvée agrandie, des habitations et des fermes nouvelles auraient surgi un peu partout sur les terres ainsi conquises et, par conséquent, s’en serait suivie une surpopulation inquiétante.
Les farouches nordiques se seraient, contradictoirement, retrouvés à l’étroit sur un territoire devenu plus grand, mais pas assez grand pour supporter l’augmentation des naissances et la baisse de la mortalité, dues à une alimentation de plus en plus abondante.
En ces temps-là et sous ces cieux polaires, la famine tenait lieu de sélection naturelle au genre humain.
Les nordiques prirent donc la mer, poussèrent la rame sur toutes les mers du globe et, accostant aux rivages inconnus, pillèrent sans retenue, brûlèrent, massacrèrent, jusqu’à ce que, pour ce qui nous concerne, Charlemagne leur donne la Normandie, où, justement,  j’ai trouvé mes volumes de Michelet...

Mon thermomètre indique 37°.
Ça dure et c’est dur.
Je me demande bien quelles invasions nous préparent le ciel, vitrine accablante d'un changement climatique de plus en plus évident.

20:30 Publié dans Acompte d'auteur | Lien permanent | Commentaires (2) |  Facebook | Bertrand REDONNET

Commentaires

C'est l'Histoire de la Révolution française de Michelet que tu avais lue... La Mer, aussi, je crois. Et peut-être La Sorcière... Jules Michelet est un bel écrivain, un poète, oui.

Contente que tu aies repris l'écriture sur l'Exil. Ça nous manquait...

Écrit par : Michèle | 08.08.2015

Bonjour Michèle,

Oui, c'est bien ça... "Histoire de la Révolution française" et "La Mer", un très beau texte que François Bon avait eu, à l'époque, le bon goût de publier.
Il y a "l'Oiseau" aussi... De beaux textes, vraiment. Et là, c'est vrai que je me régale avec cette plongée dan le Moyen-âge...

Et c'est l'été étouffant, torride, pesant. C'en est même angoissant.

Écrit par : Bertrand | 09.08.2015

Les commentaires sont fermés.