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15.09.2014

Fuir ? Chanter ? Se taire ?

On m’a gentiment fait la critique, légèrement voilée, selon laquelle l’Exil des mots consacrait depuis quelque temps beaucoup de pages à la chose politique, au détriment sans doute de textes plus personnels et (ou) littéraires.
C’est vrai ; critique pleinement justifiée.  J’en ai parfaitement conscience.
Mais Honte à qui peut chanter pendant que Rome brûle, S'il n'a l'âme et la lyre et les yeux de Néron ? Comme l’écrivait Lamartine.
Lamartine auquel Brassens,
s’inscrivant en faux avec sa verve coutumière, avait répondu, le feu de la Ville éternelle est éternel, alors, quand donc chanterons-nous ?
Je ne sais dès lors que dire sinon qu’en ce moment une bonne part de mes préoccupations est liée à la situation du monde et à l’immonde fourberie des gouvernants,  notamment ceux de la république de France, puisque, si mes pieds ne sont plus là-bas depuis bientôt dix ans, une partie de mon cœur y est restée, comme un adieu sans adieu.
D’ordinaire plus enclin à épouser le point de vue de Brassens plutôt que celui du poète bourguignon, je me vois donc aujourd’hui pris dans cette contradiction qui me fait délaisser l’écriture romanesque à prétention littéraire pour la critique désabusée du monde.
Je sais bien où réside la vanité d’une telle attitude ! Mes quelques textes ne changeront rien à rien au désordre inhumain qui s’est installé parmi les hommes et ne feront pas tomber les têtes qui devraient tomber. Des coups d’épée dans l’eau…
D’ailleurs, à l’ami qui me visitait cet été, je confiais justement que de parler avec lui de la France, ici, dans cette campagne étrangère encore paisible et solitaire, me faisait pleinement prendre conscience de mon éloignement, tant tout ce qui se passe là-bas (ou qui ne se passe pas, d’ailleurs) ne touche pas de près ma vie de tous les jours, mon isolement, ma tranquillité, mon bonheur d’être en famille, mon Ailleurs.
Pourtant, mon «rapprochement négatif» est venu avec ma détestation de Hollande, elle-même survenue lors des prises de position serviles - prises de position de seigneur inféodé au roi américain - de ce dernier vis-à-vis de Maïdan, de l’Ukraine et de la Russie. Auparavant, Hollande m’était indifférent comme me le sont tous les saltimbanques à deux fesses et une chasse-d’eau qui sur la terre s’amusent à faire les puissants !
Je le pressens d’ici très fort : l’Europe et les États-Unis veulent la ruine de la Russie pour une foule de raisons établies de longue date, raisons géopolitiques, de contrôle de la planète en matière énergétique, d’anéantissement de la Syrie et de l’Iran, de mise en place de l’ignoble traité de commerce transatlantique pour lequel la Russie sera un voisin plus que gênant. L’Ukraine n’est qu’un prétexte provoqué et Hollande, dans son impéritie, sa duplicité et sa bêtise d’occidentaliste primaire, mène notre pays tout droit au chaos, pour le plus grand profit de ses amis américains.
Un homme de talent et de courage, comme la classe politique n’en compte hélas plus, aurait dit non aux desseins étasuniens et bruxelloises et aurait mené son pays non pas à l’affrontement avec la Russie mais vers une entente cordiale et de bon voisinage continental, sans pour autant faire allégeance à son désir expansionniste, à supposer que ce désir existe et ne soit pas tout simplement un réflexe d’auto-défense rebaptisé « désir de grandeur» par les occidentaux pour les besoins de leur fourbe cause.
Je rappelle pour mémoire qu’en octobre 1990, pour rassurer la Russie quant à l’entrée de l'ex-Allemagne de l'est dans l’Otan, il fut décidé qu’aucune troupe étrangère, qu'aucune arme nucléaire ne seraient stationnées à l’Est et, enfin, que l'Otan ne s’étendrait jamais plus à l’Est. Et voilà cet OTAN aujourd’hui quasiment arrivé aux portes de Moscou avec la Pologne et les Pays baltes et qui, en plus, après avoir échoué en Géorgie, guigne avec plus de gourmandise encore sur l’Ukraine !
Qui dès lors bafoue les traités ? La Russie ou l’Europe américanisée ?
Et voilà quelle politique mensongère et agressive soutient ce Hollande, le débonnaire, l'insupportable, l’innommable, le ridicule Hollande, certes, mais aussi et surtout, le très dangereux Hollande.
On ne le dit pas assez :
Hai, détesté, repoussé, dénié, vilipendé, honni, acculé, méprisé, contredit, hué, mis à nu, cloué au pilori dans son pays, cet homme qui ne sait même pas mener une vie privée décente et mêle sans arrêt ses misérables histoires de cul aux histoires de la chose publique, n’aura aucun scrupule à tenter de se refaire une santé historique en engageant des guerres, en multipliant les interventions militaires, en menant une politique dont il sait pertinemment qu’elle conduit au cataclysme, bref, en faisant s’entretuer des milliers et des milliers de gens !
Et quand je pense que ce tartuffe fait mine d’honorer la mémoire de Jaurès assassiné pour son pacifisme, c’est à pleurer de dégoût !

Ça, c’est sur "la scène internationale", selon le mot des journaleux comme si les drames et les misères étaient ceux ou celles d'un théâtre.
Intra muros, le tableau est tout aussi dégueulasse et me révolte autant.
Les p’tits vieux, fatigués, la joue ridée, qui voient déjà, là-bas, scintiller le bout tant redouté de la piste, qui n’ont en leurs poches trouées que quelques menues monnaies à se mettre sous la dent, quand ils en ont, des dents, n’ont qu’à bien se tenir et se serrer encore la ceinture.
Et s’ils n’ont pas de ceinture, ils n’ont qu’à remonter leurs bretelles !
C’est d’ailleurs ce que le gouvernement socialiste vient de leur gracieusement offrir : une remontée de bretelles en les privant, eux qui n’ont que mille euros et parfois moins à bouffer par mois, de 5 euros promis en avril dernier, repoussés en octobre et finalement, sans autre forme de procès,  renvoyés aux calendes grecques.
On a envie de vomir en écoutant le gros Sapin, repu, rotant, suant le cholestérol d’une chaire trop riche et trop abondante, expliquer que l’inflation ayant été plus faible que prévue, ces 5 euros dans la poche des vieux n’étaient plus nécessaires. Superflus, pour tout dire.
Qu’en auraient-ils fait, hein, de ces 5 euros de plus, ces vieux chiens ?
C’est-à dire qu’on dit, sans honte et sans bégayer, que les vieux n’ont pas le droit de s’acheter une tablette de chocolat en plus, de s’offrir le caprice d’une petite friandise ; n’ont pas le droit d’améliorer ne serait-ce que d’une once leur misérable vie. Quand on leur balance un quignon  de pain supplémentaire, ce n’est pas qu’on les augmente pour leur confort. Que non ! On  les  réajuste ! On les maintient au même niveau, comme on maintient les bêtes dans leur enclos sur le fumier de la survie !
Pire encore,  je ne sais plus quel salaud ou quelle salope a dit que, même, on aurait pu leur baisser leur retraite aux vieux débiles, tant l’inflation a été insignifiante. Et de rajouter, en remuant de fatuité un cou flasque et gras comme celui des dindons : mais notre gouvernement, dans son infini sentiment socialiste,  ne fera pas ça.
Je suppose qu’il fallait applaudir !

D’aucuns cependant, ayant bien conscience de tout ce bourbier, disent, en se frottant les mains : oh, mais tout cela se paiera dans les urnes ! Ils seront battus à plate couture.
Et moi je dis : NON ! Des défaites électorales pour sanctionner tant de turpitudes, de bassesses, de mépris immonde, c’est peu, très peu. Les gars passent, font du dégât, gouvernent en véritables bandits et s’en retournent tranquillement dans leur jardin cultiver la fraise et le poireau, les poches bourrées d’une grasse retraite de ministre ! Le tour est joué ! Au suivant de ces messieurs  !
De telles exactions méritent un châtiment bien plus équitable et beaucoup plus sévère ! Je ne suis pas certain que Louis XVI monté sur l’échafaud se soit rendu plus coupable envers le peuple de France que ne se le rendent impunément aujourd’hui tous ces voyous de haut vol !

Alors ? Je  pourrais, après tout ça, chanter le bonheur de vivre et louer la beauté des choses de la terre ?
Difficile. Très difficile… En tout cas, il me faut d’abord respirer un grand coup et tâcher de me résigner à plus de solitude encore.
Pour l’heure, que ceux que cela ne dérange pas ou qui, même, peut-être, en profitent, chantent à s’en faire péter la glotte !
Et que grand bien leur fasse !

14:56 Publié dans Acompte d'auteur | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : littératute, écriture, politique, histoire |  Facebook | Bertrand REDONNET

Commentaires

Grave problème et que je ressens également. Peut-on faire des vers quand la planète s'embrase et qu'on nous ment tout le temps ? Et d'un autre côté, on n'a qu'une vie et autant faire ce qu'on aime bien (lire et écrire) plutôt que de se rendre malade pour ce qui se passe en des pays lointains. Que convient-il de faire? Parfois l'écriture est une manière d'oublier toute cette turpitude ambiante. Parfois elle est révolte et veut dénoncer les mensonges quand ils sont trop gros.

Écrit par : Feuilly | 15.09.2014

Oui, mais il faut que le coeur y soit...

Écrit par : Bertrand | 15.09.2014

Comme j'aimerais pouvoir vous contredire, vous traiter de Cassandre fou et de visionnaire pessimiste ! Mais depuis longtemps, je partage ces mauvais pressentiments, cette intuition concernant cet homme et le pouvoir qui se cache derrière.
@ feuilly : "ce qui se passe dans des pays lointains" Pour plus très longtemps encore, j'en ai peur.

Écrit par : solko | 15.09.2014

Ce que j'aime entendre, c'est ce qu'on appelle une "voix".

Que tu écrives un texte à visée littéraire ou un billet d'humeur, cette voix est là, Bertrand.

Donc ça me va. Ce qui me va, c'est que, quoi que tu écrives, tu écris.

Écrit par : Michèle | 15.09.2014

Bien sûr je parle de ce que tu mets sur ton blogue. Quand tu fais ta liste de courses avec Dorota, j'espère pour toi que ce n'est pas de l'écriture (quoique les listes peuvent être de sacrés poèmes). En sorte que l'écriture c'est de l'écriture, quand on est tombé dedans on ne s'en sort plus. Et comme disait l'autre, après l'écriture il y a encore de l'écriture.

Et encore une chose, j'aimerais que la première mission de l'école soit de faire que chacun tombe en écriture. Non pas pour avoir sept milliards d'écrivains, mais pour que chacun puisse être au summum de lui-même. On peut toujours rêver...

Écrit par : Michèle | 15.09.2014

Moi itou, Solko, j'aimerais qu'on puisse me contredire, qu'on m'avance des arguments énormes, indubitables, sains,, solides et alors je dirais : je me suis alarmé pour rien, je suis un fou, j'ai été idiot et j'en suis heureux, heureux à chanter à tue-tête !
Mais...

Merci, Michèle. La liste des courses est souvent en polonais, j'aurais dès lors du mal à trouver les rimes :))
Ce que tu dis de l'école me plairait bien, nous plairait bien à tous...
Mais (bis)
Cher Feuilly, ta réponse à Solko n'est plus là ? me demande si je n'ai pas fait une vraie fausse manœuvre en supprimant le doublon de Roland.
Toutes mes excuses

Écrit par : Bertrand | 16.09.2014

Ce que disait Feuilly et qui m'a frappée par sa justesse, c'est que c'était l'Europe à toujours reculer ses frontières qui provoquait les conflits.
Sa formulation était plus percutante.

Écrit par : Michèle | 16.09.2014

Oui. J'avais bien retenu car je me proposais depuis quelque temps de faire un texte qui aurait fait une analogie avec l'empire latin. C'est en reculant sans cesse ses frontières que l'empire latin s'est finalement écroulé. Dans ses légions, il n'y avait quasiment plus un romain, notamment en Dacie.
L'Europe en s'étendant sans cesse à l'est veut englober le monde slave qui n'a pas les mêmes conceptions d'une intégration ni la même "culture sociétale"...
De même au sud, avec la Turquie. On l'a vu aussi avec la Grèce.

Écrit par : Bertrand | 16.09.2014

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