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22.12.2014

Sale populiste !

h_poulaille_001.jpgPar amalgame intéressé, mensonge facile, raccourci idéologique, manipulation de chafouine, malhonnêteté intellectuelle, souvent les mots sortis des bouches de la caste  «républicaine» sont vidés de leur sémantique, détournés de leur substance initiale et servis ainsi à toutes les sauces, selon la couleuvre du moment qu'il s'agit de faire avaler aux vilains.
On peut s’en offusquer, bien sûr, mais il n'y a pourtant dans le fait rien de bien original, le langage étant d’abord la conscience formulée des intentions.
S’il fallait décortiquer tout ce que fait frauduleusement passer la parole du spectacle politique, il faudrait écrire un traité de trois mille pages et plus encore, tout pouvoir se voyant contraint d’émettre des messages ambigus dans une langue qui, au départ, est parfaitement claire pour qui entend s'en servir pour communiquer sans ambages.
Une illustration criante de ce saccage intéressé est le terme populisme. Ce mot, chargé d’histoire comme tous les mots,  sert de repoussoir épidermique et de boule puante chaque fois qu’une voix - réelle ou feinte - s’élève pour critiquer un tant soit peu les élus bien propres sur eux, blancs comme neige et vautrés dans leur aisance capitonnée d’énarques ou d’avocats d’affaires "au service" de la république,  avec un immense "r" minuscule.
Ainsi, ne vous avisez pas de dire que les couches populaires de nos sociétés sont étranglées par les lois, les impôts, les injustices fiscales, les salaires et les retraites misérables et qu’il faudrait enfin pouvoir virer toute cette clique de grands bourgeois et de financiers, de toutes couleurs partisanes, qui pontifient dans les parlements, les commissions et les ministères.
Le mot populiste vous entartera et vous clouera le bec aussitôt. Il faut être, pour avoir droit à un bout de parole désincarnée, républicain, tout simplement. Et ce mot désormais défonceur de portes ouvertes, plein comme un œuf sous la monarchie et les deux Empires, a lui aussi été vidé de toute sa substance historique.
Il admet, dans la bouche de tous les politiques, que seuls les gens au pouvoir sont légalement mandatés pour parler au nom du peuple souverain et que, seuls, ils savent ce qui est bon ou mauvais pour lui. Ce qui, soi dit en passant, lui écorche pas mal sa souveraineté, au susdit peuple.
Tout le reste, c’est du populisme, c’est-à-dire de la parole boueuse qui s’octroie le droit de dire sans passer par l’isoloir. La voix du caniveau.
Mélenchon, Le Pen et bien d’autres, sont donc des populistes. Et là, nous assistons au double mensonge se perpétrant par et pour lui-même car, en fait, ils ne sont populistes que pour les autres politiques et seulement parce qu’ils les contestent, mais, au premier sens, le vrai, du terme, ils ne le sont nullement.
Ils sont donc doublement non-populistes. S’ils l’étaient, ils ne s’offusqueraient pas du qualificatif, mais, étant politiques eux-mêmes et usant de la falsification sémantique, ils le reçoivent dans le sens aliéné de démagogues qui caressent la bête dans le sens du poil, c’est-à dire que eux et leurs "adversaires" parlent le même langage et acceptent de jouer avec des cartes biseautées.
Rappelons que le terme désignait au départ un mouvement d’intellectuels russes s’opposant au tsarisme et proposant une redistribution des terres en faveur des paysans et que ces intellectuels ont tous été fusillés ou anéantis dans les camps sibériens. Qu’il désignait un mouvement aux États-Unis partisan de mesures révolutionnaires, d’ordre économique et social, pendant la grande crise agricole des années 1890-1905. Qu’il a qualifié les idéaux de toute l’Amérique latine opposée à l’impérialisme des États-Unis, idéaux trahis et qui, politiquement institués, ont débouché sur des régimes autoritaires tels qu’au Mexique, qu’en Argentine, ou qu’au Venezuela.
Pour Lénine et Trotski, révolutionnaires patentés et seuls éclairés pour discerner les lois de l’histoire, l’anarchiste Makhno et sa guérilla rurale, n’était qu’un populiste. C’est la raison pour laquelle, après s’en être servi contre les armées blanches et coalisées de l’Europe, ils ont tout simplement noyé son armée de paysans dans le sang et, pour n’avoir pas réussi à l’assassiner lui-même, contraint Makhno à l’exil parisien.
Dans les années soixante-dix, tout homme qui s’opposait aux idées révolutionnaires de libération de tout et de rien, était un facho. Dans les années 2010, tout homme révolté par les conditions sulfureuses du mensonge républicain est un populiste.
C’est là un couperet, un sans-appel et un déni flagrant de la liberté de parole.


J'ai entendu une fois Raffarin, face au journaliste Jean-Claude Bourdin, user du mot avec tellement d'affront que, bien malgré lui, il avouait le mensonge. Ce financier ventru du Poitou-Charentes affirmait que s’opposer à ce qu’un bonhomme soit en même temps maire, député, président d’une communauté d’agglomération, président d’un S.I.VO.M, c’est du populisme !
Réclamer une augmentation du SMIG, je suppose aussi que c'est du populisme... Comme de dire que François Hollande est un gros con et un ignoble menteur.
Hé bien, soyons-le donc, populistes, et disons ce que nous nous avons envie de dire !
Ça nous évitera bien des débats oiseux. D'ailleurs, nous n'avons nul besoin de débats. Notre confrontation à la réalité nous est suffisante pour savoir les contradictions.
Et je note au passage que, dans la conception de ce Raffarin-là,  la République de Pologne est une République populiste après avoir été une République populaire : aucun homme politique n’y a en effet le droit d’exercer deux mandats.

08:43 Publié dans Acompte d'auteur | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : littérature, écriture |  Facebook | Bertrand REDONNET

Commentaires

Il n'y a pas la totalité de l'article car la suite est payante, mais je trouve la pensée de l'historien allemand clairement exprimée

http://www.lemonde.fr/idees/article/2014/05/02/triomphe-du-populisme-europeen_4410465_3232.html

Écrit par : Michèle | 23.12.2014

Il me semble que le populisme c'est une simplification à outrance de la pensée. C'est une réduction de vue, utile à ceux qui veulent le pouvoir pour le pouvoir.

La démocratie c'est tout autre chose. Comme la liberté, la démocratie demande un apprentissage. Elle n'est pas un confort. Elle est (comme le dit entre autres, Cynthia Fleury) 'une construction hypersavante, fruit d'une réflexivité permanente". La démocratie suppose une pensée libre et complexe. Tout le contraire de ce qui est prôné par les pouvoirs en place. Je ne dis pas qu'il ne faut pas de pouvoirs, je dis qu'ils doivent être pluriels. Il faut du pluralisme dans les espaces publics, les pouvoirs publics. Il faut de la complexité, de la dialectique, de la pensée contradictoire.
Rien ne me met plus en colère que la condescendance avec laquelle des instances ou des médias s'adressent aux gens. Comme s'ils étaient des enfançons qui ne comprennent rien. Absurdité d'autant plus énorme que les enfants comprennent beaucoup plus de choses qu'on ne croit et que ce qui leur manque (parce que les apprentissages prennent du temps) c'est d'y faire réflexion, de conscientiser ce qu'ils savent.

Bref. Pour moi populisme = simplisme et ça me gonfle. Terriblement.

Écrit par : Michèle | 23.12.2014

Simplisme, oui, d'accord et idéologie paravent. Mais il me semble que l'article mis en lien (merci) se tire une belle balle dans le pied quand même :

"Cette revendication à être les seuls représentants légitimes du peuple"

C'est excactement le principe républicain érigé en dogme. Ecoute Hollande avec ses 17 pour cent, il ne dit pas autre chose. Et Valls, et tous les autres, d'hier et d'aujourd"hui.
Et pour moi, c'est parce que le scrutin majoritaire est vraiment une forme achevée du populisme.

La démocratie, ce serait des élus révocables à tout instant, dès lors qu'ils trahiraient leurs visions de canditats.
Ce n'est pas pour demain qu'on sera en démocratie !

Écrit par : Bertrand | 24.12.2014

Non, on s'en éloigne même de jour en jour, de cette démocratie...

Écrit par : Feuilly | 24.12.2014

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