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28.04.2012

Aimer faire ce que l'on fait

Deux.jpgUne fois n’est pas coutume, j’ai envie de vous parler de ce que je vais faire, à peu près, de ma vie ce week-end. Ceci dit, je ne suis pas certain que le sujet soit de nature à vous follement intéresser, mais bon… Ecrire, n’est-ce pas  surtout satisfaire - partiellement du moins -  une envie ?
Tout d’abord,  je ne suis absolument pour rien dans ce qui se prépare : il va faire très beau et même très chaud, aux alentours de 30 degrés.  Il y a deux mois, il faisait également 30 degrés, mais dans la partie congélateur du thermomètre.
Le ciel sera donc vide et bleu au-dessus des verdures premières, et il y aura certainement un léger vent, du sud, qui aura pris naissance sur les rivages de la mer noire. Je regarderai ces paysages à angle plat entrecoupés par la forêt. Il y aura du silence, du beau silence ; je serai à des années-lumière des préoccupations tapageuses du monde, notamment de celles de mon pays, qui est en train de se mordre la queue et qui, in fine, d’une colline mille fois fouillée ne sortira qu’à peine une souris.
Dans les grands bouleaux que la sève fait frémir, je guetterai le loriot. Je ne l’ai pas encore entendu. Il me tarde. J’aime cet oiseau, son chant, son habilité à se camoufler, son jaune et noir, une plume pour l’anarchie, une autre pour l’opprobre.
Je ferai tout ça en finissant de fendre mon bois. Du pin qui sent bon la résine, le jus de la forêt. Car il ne faut jamais perdre de vue le soleil : s’il monte en ce moment, pris d’une mégalomanie de lumière, je sais bien qu’il déchoira, emporté par son élan, fusillé par le grand basculement des choses et qu’un jour, les arbres se remettront à geindre sous des griffes gelées. Il faudra alors suppléer son absence par de grands feux. J’aime cette idée de travailler sous le soleil pour un temps où il ne sera plus qu’un sourire falot des  horizons en déclin. J’ai toujours aimé savoir comment je n’ai pas froid. Je n’ai jamais supporté ces maisons et ces appartements dans lesquels on ne voit pas la source de chaleur, sinon par un immonde tuyau ou un radiateur vissé au mur, laid comme le cul des chiens. La chaleur, ça a, ça doit avoir, quelque chose d’esthétique. D'humain. Sinon, c’est froid. Ça ne chauffe que la peau.
Je travaillerai donc pour construire de la chaleur à venir.
Et quand je serai fatigué ou quand descendront les ombres, je lirai. Je continuerai ma lecture d’une écriture colossale, qui m’emporte et me fait frémir. C’est un livre impromptu, tombé dans ma boîte aux lettres cette semaine. Un livre que j’avais lu dans ma jeunesse, enfin, non, vers quarante balais je crois, un livre qu’on m’avait offert à Paris. La Gana, Fred Deux, alias Jean Douassot. C’est sous pseudonyme que Maurice Nadeau avait publié le livre en 1958. La réédition de George Monti, 2011, est établie, elle, sous  le nom véritable de l’écrivain.
Je lirai et je fendrai du bois.
Je suis sûr que le loriot viendra.

Illustration : Fred Deux, photo empruntée à Georges Monti

08:17 Publié dans Acompte d'auteur | Lien permanent | Commentaires (3) |  Facebook | Bertrand REDONNET

Commentaires

Cher Bertrand, beaucoup de Français pourraient t'envier parce que tu as choisi cette meilleure partie de la vie, celle qu'on sent avec tous les sens et celle qui est la plus belle et vraie. Je te remercie de cet excellent texte. Pour ce soir: Regulus (une des plus brillantes étoiles, la plus brillante de la constellation du Lion), Mars et Lune se sont donné rendez-vous. Les Parisiens ne verrons pas cette rencontre. Et un peu à droite, vers le nord-ouest, déjà après le coucher du soleil, brille la belle Venus qui est maintenant le plus brillant objet céleste après la lune.
J'avais les mêmes sensations en lisant Giono. Cher Bertrand, merci encore une fois.

Écrit par : Marian | 30.04.2012

Merci Marian de ta belle lecture et de ce regard porté sur le ciel.
C'est beau, un ciel, la nuit.
A bientôt

Écrit par : Bertrand | 30.04.2012

...vous ecrivez tous si bien que mettre un commentaire relève de la bravoure!
Pourtant, modestement, j'ose et vous souhaite Bertrand, de voir enfin poindre le bout du bec de ce loriot....et en meme temps, peut etre, en profiterons-nous aussi!....si vous continuez à partager avec nous ces quelques instants miraculeux de bonheurs simples!
Ce petit instant de lecture, chez vous, invite à reconsiderer les frontieres de nos esperances desespérées (....et l'esperance n'était plus désespérée...Brassens)

Écrit par : Ninon | 30.04.2012

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