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17.01.2012

Les filles de joie du verbe

1914717575.JPGL’idée géniale de tendre une toile où les mouches de l’écriture, de la vanité, du narcissisme, de l’ennui, du besoin d’exister, de la misère quotidienne, de la fuite des amours et des amitiés, viendraient se prendre et s’engluer s’appelle en fait blogosphère…On a même vu des cons vouloir appeler ça la bouquinosphère, histoire d’enfoncer tout le monde un peu plus dans l’erreur et la magouille prétentieuse.
Dans ces milliers de frémissements - auxquels je participe - d'insectes nerveux pris au piège, on entend toutes les musiques, tous les genres et toutes les générations. Des misères quotidiennes, des poissons rouges, des alouettes, des mères au foyer, des vieillards, de jeunes pubères, des imbéciles en mal de philosophie, des élucubrations, des fantasmes, des textes qui veulent être de la littérature, des frustrations, des érudits de la critique, des champions de la subversion, des partisans du système coercitif et financier, des pauètes…
On ne peut décemment tout identifier. C’est le grand bazar, la foire, le zouk, la planète au verbe multiple, entremêlé ! Le champ d’expression libre et c’est...gratuit !
Gratuit ! C’est en cela que réside le génie de l’idée ! On écrit gratuitement, on est publié dans les vingt secondes et, en plus, tout le monde lit gratuitement, publie son avis, se met en colère, critique, cite, congratule, renvoie à et etc. La révolution achevée…
Viva l’anarchia !
Sauf que, quand même, on est en droit de s’étonner que dans un monde de merde pataugeant dans la dictature économique et financière, dans un monde où les âmes et les sensibilités en sont réduites à ne plus guère réagir qu'aux cliquetis des tiroirs-caisses, on trouve, comme ça, des oasis rafraîchissantes, à l’abri de toute aliénation marchande.
On voit alors, si on se pose une ou deux questions, que les blogs ne sont que les putains abusées, inconscientes, d’un système bien en place.
Bon. Pourquoi pas ? Il n’y a pas de sot métier, il n’est que de sottes gens ! Mais alors, déclinons notre identité véritable, ne faisons pas, lecteurs comme blogueurs, croire au mensonge que nous entretenons…Cessons de faire, par notre parole lustrée, les beaux ! Modestie, modestie, profil bas…
La gratuité, je suis pour, absolument pour…Pour tout le monde. Mais…

Voici ce qu’en disait Stéphane Beau dans un commentaire :
« Je crois qu’il y a là encore une illusion d’optique très trompeuse et un partage des richesses très discutable. Car contrairement à ce que tu écris, nos blogs ne sont pas gratuits, ils sont payants. Sauf que les sous ne tombent pas dans nos poches, mais dans celles des fournisseurs d’accès à internet, dans celles des sites d’hébergement, dans celles des fabricants de logiciels, dans celles des fabricants de matériel informatique, dans celles de ces grosses boîtes qui font que, maintenant, plus rien ne fonctionne chez toi (télé, téléphone, internet... à quand l’électricité et le gaz ?) si elles décident de te stopper la fourniture...
Pour accéder (entre autres) à ton blog tous les jours, je dois dépenser (si on fait une moyenne de tous les coûts cités plus haut) 30 ou 40 € par mois... Et ouais... A multiplier par le nombre d’internautes, ça fait combien de milliards ?... Mais qui fait vivre le web sinon ceux qui alimentent les blogs et les sites ? Si demain tous les blogueurs et tous ceux qui ont un site (et qui payent même, parfois, en plus, pour avoir un nom de domaine ou une formule un peu plus fonctionnelle) décident de faire grève et de retirer toutes leurs billes, ils deviendront quoi tous ces fournisseurs d’accès, tous ces fabricants de micro, tous ces magouilleurs de mp3, de ebooks ou de divX ? Tu ne crois pas qu’il y a des droits d’auteurs (et des baffes) qui se perdent, là aussi ?
L’idée de la gratuité d’internet est une grossière et scandaleuse illusion ! »

09:51 Publié dans Acompte d'auteur | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : littérature |  Facebook | Bertrand REDONNET

Commentaires

Ben oui, il semblerait que tu aies raison. Mais difficile aussi de ne pas voir des accès de générosité absolument sans prix, parfois. Difficile aussi de supporter un coin sans ombre aucune; juste une lumière crue partout, tu vois...

REPONSE DE BERTRAND :

Suis bien d'accord avec Toi..
"Le vent se lève, il faut tenter de vivre"
Et pour vivre nos vies, nous avons nos coins de bonheur, d'espérances, notre gratuité...Mais pas ici, dans ces miroirs aux alouettes; alouettes qui se prennent d'ailleurs le plus souvent pour des aigles.
Bien Cordialement

Écrit par : Alain L. | 17.01.2012

Je travaille tous les jours avec des hommes et des femmes qui vivent avec trois fois rien. Un couple et un enfant avec 700 € par mois, par exemple. Quasi rien pour bouffer sans l'aide des restos du coeur ou des colis alimentaires, une fois toutes les charges déduites. Et pourtant, ces familles là dépensent assez régulièrement entre 80 et 100 € de téléphonie (internet, deux ou trois portables...) par mois. Parfois même ils payent encore des forfaits pour des téléphones qu'ils ne possèdent plus depuis plusieurs mois. J'en rencontre même de plus en plus souvent qui ne peuvent plus payer leurs factures d'eau ou d'électricité tant ils dépensent dans ce poste budgétaire. Je ne critique pas : ils sont pris dans un système qu'ils ne contrôlent pas plus que nous, prisonniers comme nous de cette illusion de communication libre qui nous enveloppe tous. Mais si on leur disait demain : "au lieu de dépenser tant de fric dans ces dépenses virtuelles, pourquoi ne le dépenseriez vous pas en achetant une demi-douzaine de livres ou de disques par mois", ils crieraient tous au fou ! au gaspillage !

Quand je dis que tout cela n'est pas gratuit, c'est aussi à eux que je pense. Et quand je lis ta citation joliment revisitée de Debord, c'est encore à eux que je songe et à qui profite le crime de cette soumission totale aux dieux de l'internet et de la téléphonie.

Quand je vois qu'aujourd'hui la campagne électorale des prochaines présidentielles se joue pour une part sur Twitter et pour l'autre part sur les ordinateurs qui gèrent le cours des bourses je me dis que j'ai peut-être un début de réponse...

Écrit par : stephane | 18.01.2012

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