05.10.2011
aie aie ouille ouille !
La langue, parfois, n’est pas traduisible scientifiquement parlant, étymologiquement, sinon par les sons qu’elle a entendus pour dire le monde et qu’elle a récupérés pour son propre compte, au cours de sa longue histoire.
Maladroit et distrait, pensant à tout sauf à ce que j’étais en train de faire, je me suis entaillé le doigt en fendant des bûches. La vindicative hachette a glissé sur un joli nœud récalcitrant, a dérapé sournoisement le long de l'écorce et fini sa course assassine sur mon pauvre doigt… Aie ! Aie ! Une assez profonde blessure à l’index gauche.
N’étant évidemment pas à jour avec les vaccins antitétaniques et me demandant s’il fallait recoudre, me voilà donc parti aux urgences de l’hôpital. Papiers, explications, direction vers la salle d’attente par de longs corridors baignés de lumière jaune, avec, comme toujours et dans toutes les urgences du monde quand tombe la nuit, l’alcoolique de service, chronique ou d’un soir, qui rouspète contre le monde entier, qui saigne un peu, qui s’est blessé en tombant, soit la tête, soit le genou, soit…Bref, là, c’était la tête, déjà largement bandée. Une gueule un peu comme celle de Brasseur maquillé par l'ami Philip...
Mais je m’égare.
Rien d’autre à faire, donc, dans cette attente, qu’à lire les différents panneaux d’information accrochés là et à maugréer sur ma gaucherie et ses conséquences immédiates, par exemple, pas question d’empoigner la guitare avant une bonne quinzaine de jours. Peux plus faire la vaisselle non plus....Mais ça, hein, c'est quand même une aubaine. A toute chose malheur est bon, dit-on.
Je cherche, pour me distraire un peu, le nom du médecin qui va me recevoir. Voyons voir, ah, c’est là : Lekarz dyżurny. Lekarz, le médecin…ça, d’accord. Mais dyżurny ? Je prononce dans la langue polonaise : dé journée. Médecin du jour.
Renseignements pris plus avant, ça ne veut rien dire, stricto sensu, ce dyżurny, sinon phonétiquement, en souvenir d’une expression française.
C’est beau la langue. Avec un son chopé à la volée, ça conçoit une orthographe et de cette orthographe naît un mot officiel. Ça a des mémoires inattendues, la langue.
Oui, et alors ? Un parking, un week-end, un crumble, ça ne veut rien dire non plus en français, que je me suis dit. On n'a même pas pris le temps de changer l'orthographe nous autres. En plus !
Bref. Il était au demeurant bien sympa le Lekarz dyżurny. Nie ma problemu, assez superficiel, qu’il a dit.
Me reste une poupée pour montrer le monde de la main gauche. Et ne voyez là, je vous prie, aucune allégorie désobligeante en direction de Monsieur Hollande.
Image : Philip Seelen
10:49 Publié dans Acompte d'auteur | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : littérature | Facebook | Bertrand REDONNET
Commentaires
J'espère que ça ne te fait pas trop mal. En tout cas ça ne t'empêche pas d'écrire, c'est déjà ça !
Écrit par : elizabeth l.c. | 06.10.2011
C'est ça, le propre de la médecine, rendre superficiel ce qu'on trouve au premier abord profond. C'est aussi le propre des discours politiques...
Écrit par : solko | 06.10.2011
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