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12.01.2011

Partir, c'est mourir un peu

p.jpgQuand il traverse des fleuves, quand il va voir sur l’autre rive si la vie y est plus printanière, le voyageur passe des ponts.
Il les passe. Il les franchit. En vainqueur. Et  s’il a dans l’idée de rebrousser un jour chemin  - car enfin un voyage ne vaut aussi que par la possibilité de son propre échec - il s’assure que ces ponts seront réutilisables au cas où.
Il tâche d’éviter la Bérézina. Il est un voyageur. Pas exactement un aventurier.
Mais les ponts qu’on traverse sont éphémères. Ils sont beaucoup moins solides que les murs. Si le voyageur tarde trop à se retourner, il voit s’écrouler tous les pontons. Vermoulus. Sans objet.
Et l’eau qui tourbillonne d’écumes, exactement là où son pas s'était inscrit. 

Remonter l’aval ou descendre en amont pour trouver un nouveau gué ? Peine perdue tout ça. Le voyage que commande la nécessité n’en est déjà plus un. Il est la déroute du renoncement.
Alors ? Dresser là son campement et ne plus se soucier des échos de l’autre rive ?
Ils viennent pourtant les échos, si on les interroge de la voix. Ni les voix ni les échos n’ont  besoin de ponts pour traverser les fleuves.

Un copain est sous les froides ténèbres depuis bientôt deux ans, qu’ils viennent de me dire les échos. Un vieux copain.
Quoi leur répondre ?
On ne répond rien aux échos.
C'est eux qui vous répondent. Alors, on les écoute et on se tait.
On sait trop bien qu’un jour, c’est de vous qu’ils partiront, ces échos-là.

11:01 Publié dans Acompte d'auteur | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : littérature |  Facebook | Bertrand REDONNET

Commentaires

...Les échos tapissent l'intérieur. Pas de manivelle d'écluse.

Écrit par : ArD | 12.01.2011

il y a aussi, avec l'âge, ceux dont on ne sait plus si le pont s'est écroulé, et la prudence dans les mots quand on rencontre ceux qui étaient de son bord

Écrit par : brigitte Celerier | 12.01.2011

ArD, les écluses sont faites pour corriger le niveau...Quand le niveau est négatif, y'a plus grand'chose à corriger.
Comme tu dis, Brigitte. Vient une étape du voyage où il ne faut plus demander de nouvelles..
Amitiés à vous deux.

Écrit par : Bertrand | 12.01.2011

Les commentaires sont fermés.