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18.06.2010

Ce champ peut ne pas être renseigné - 6 -

horl.jpgLe grand danger est que vous vous isoliez maintenant dans la tour d'ivoire de l'orgueil blessé et de la paranoïaque.
De toute façon, paranoïaque, vous l'êtes depuis que vous êtes - et qu'importe ! - alors que, contradictoirement, vous vous montrez, dans vos relations affectives, d'une imprudence souvent coupable, offrant spontanément votre confiance à qui sait vous ouvrir les bras.
Cette tour d'ivoire, donc, est un refuge dangereux et serait de nature à compromettre un certain équilibre entre vous et vous, si elle n'était régulièrement visitée par vos doutes.

Si tant de gens que vous aimiez sincèrement vous ont tourné le dos comme un seul homme, n'ont pas défendu votre cause privée alors que vous en aviez, moralement et matériellement, tant besoin, c'est bien, vous dites-vous, que la cause était indéfendable et que vous ne pouvez décemment avoir raison contre tous.
Ce serait d'ailleurs un affront sans appel fait à votre discernement passé, car vous n'auriez jusqu'à présent aimé que des salopards.
Un seul de vos amis se serait fourvoyé, n'aurait pas levé le petit doigt pour vous éviter
la spoliation que vous avez subie, que vous n'eussiez pas eu l'ombre d'une hésitation dans votre jugement. Mais deux, trois, puis quatre...Difficile à admettre ces comportements par la seule force d'une duplicité commune, sinon concertée, avec vous au milieu resplendissant de votre bon droit.
Vous voilà donc contraint de reconnaître que, peut-être, vous attendiez des gens que vous aimiez des choses qu'on ne doit pas attendre de l'amitié quand on sait se tenir.
Vous attendiez ce que vous auriez donné -
vous en êtes absolument certain - le cas échéant. Ce en quoi, vous vous êtes trompé, dès le début, sur le sens même de l'amitié.
Et comment ne pas se tromper sur tout quand on se trompe sur l'essentiel ?

Fort de cet enseignement douloureux cependant,  il vous faut également convenir que l'amitié n'est pas une valeur dont la réciprocité est inviolable et que, dès lors, elle ne vous intéresse plus. La camaraderie, la rigolade, l'éphémère, mais pas l'amitié.

Car même indéfendable - ce dont, quand même, vous continuez de douter très fort par le seul argument du bon sens primaire - une cause se défend aussi par affection. Si on ne défendait que les causes justes, on ne défendrait jamais rien de sa pauvre vie, une cause juste étant toujours injuste aux yeux de ceux qu'elle dessert et un engagement étant toujours armé par la subjectivité et la passion.
Votre tour d'ivoire n'est donc pas près de se fissurer, même en butte à vos interrogations. Vous avez été abandonné et peu importe que vous eussiez eu tort ou raison dans votre combat personnel. C'est là langage d'ensoutanés et de chats fourrés.
Le fait est.

Vous pensez aujourd'hui que, ne pouvant attendre de l'amitié qu'elle s'exprime clairement à vos côtés dans les moments les plus difficiles, vous êtes vraiment libre de vous être débarrassé à vos dépens de cette lénifiante illusion !
Et si un jour vous revenez vivre dans votre pays, vous saurez que vous y aurez  des contacts, avec joie sans doute, mais point d'amis.
Même descendu de votre tour d'ivoire,  l'ombre de son refuge s'accrochera désormais à l'ombre de chacun de vos pas.
Car on ne franchit pas deux fois les tourbillons d'un même torrent sur les mêmes planches pourries.

Image : Philip Seelen

09:57 Publié dans Apostrophes | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : littérature |  Facebook | Bertrand REDONNET

Commentaires

ne rien attendre des proches - une façon d'être ébloui par les quelques gestes qui viennent - avec l'inconvénient de se vouer un peu trop à ceux qui les ont eus

Écrit par : brigetoun | 18.06.2010

Plus j'avance en âge, plus je doute de l'amitié et en cela, je te rejoins, Bertrand;les deux mots que tu emploies et qui sont une partie des clefs, c'est "jugement" et "attente des autres";on s'est sans doute attachés dans la durée par affinités et bonne entente, on partage de bons moments d'amusement , on est prêts à s'entraider mais voilà, tout le monde juge tout le monde; des tensions naissent, certains ont un besoin de reconnaissance et toujours quelque chose à prouver,mieux vaut garder des distances, ne pas s'embrasser sur la bouche tous les jours et tout va bien.
D'ailleurs,ces contacts que nous avons par le net sont très reposants,cette nouvelle façon de se lier par écran interposé facilite sans doute les choses; vois comme il est plaisant de découvrir les analyses des autres.
Tentons de ne pas laisser les déceptions prendre le dessus; la raison en est peut-être l'angoisse de la vieillesse qui approche et la peur de la solitude.

Écrit par : Anne-Marie Emery | 18.06.2010

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