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10.03.2010

Clins d’œil des latitudes

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Là-bas,
sous les respirations océanes, le vieux Lacus Duorum Corvorum, au retour promis de l'équinoxe, quand le grand mouvement des choses se décidait enfin à peser équitablement sa lumière, s'habillait d’une
subtile aquarelle.
Le vert et le bleu y tenaient le haut de la toile. Le bleu deux fois, qui se mirait avec volupté, vers le bas. Deux fois parce qu’épuisé par sa longue absence, comme s’il voulait reconquérir le temps puni de réclusion , derrière la voûte des mortes saisons.
La terre était ivre alors. Elle déversait sur les paysages son surplus d'orgie liquide et des souffles en vadrouille, déjà confortables, dessinaient sur ce lac  impromptu  des vaguelettes tremblantes.
C'était de l'eau qui n'avait jamais été que de l'eau. De l'eau entière.

La fille rebelle et victorieuse des décors gris.
Parfois,
surgies de leurs blanches falaises, les mouettes et les goélands poussaient le coup d'aile jusque là, voir si la machine ronde ne venait pas de leur offrir un  nouvel océan.

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Ici,
Sous l’haleine encore gelée des grands continents, la plaine et les bois, au retour promis de l’équinoxe, quand le grand mouvement des choses se décide enfin à peser équitablement sa lumière, s’habillent  d’une aquarelle, plus compacte, et jouent un moment aux rivages océaniques.
Le bleu et le blanc y tiennent le haut de la toile, le bleu qui se mire aussi, mais de façon moins péremptoire…. Il sait bien, allez, qu’il n’a pas encore purgé toute sa réclusion derrière les nuages.
Il  a dès lors tous les délices de l’éphémère illusion.
La terre s’est enivrée. Pas d’eau. De tempêtes neigeuses et de glace. Elle exige maintenant de respirer liquide, épuisée par les mois d’attente sous le noir d’une chape, froide comme les tombeaux.
C’est de l’eau devenue. Qu’on ne voyait pas telle. Parce que jusqu'alors déguisée en fantôme, pour vaincre les ténèbres.
La fille rebelle et victorieuse des lourds hivers continentaux.
Parfois,
surgis de leurs sombres forêts, de grands corbeaux poussent le coup d'aile jusque là, voir si la machine ronde ne vient pas de leur voler un bout de territoire.

Les latitudes sont sur ma peau comme la fraternité. Elles s’épousent de leurs contraires.
Et j'aime sur ma promenade l’unisson de leurs dissemblances.
Inextinguible sentiment de l'unité du monde.
L'exil est une notion du dedans.

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12:02 Publié dans Acompte d'auteur | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : littérature |  Facebook | Bertrand REDONNET

Commentaires

Joli parallélisme...

Écrit par : Feuilly | 10.03.2010

Beaux poèmes, beaux tableaux : on ne sait qui l'emporte du peintre ou de l'écrivain.
Merci.

Écrit par : Michèle | 11.03.2010

Les commentaires sont fermés.