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01.10.2008

L'automne, simplement

Delegacja leśników 013.JPGJe dois être d’un émoi suranné, de ceux qui ne font plus recette depuis belle lurette et j'ai dû naître avec un siècle et demi de retard, tant les déclins de l’automne m’inspirent comme d'éternels retours.
Les forêts ici sont des lumières orange, même sous la pluie grise. La feuille s’envoie en l’air et les champs  sont plats. Ils ne disent plus rien. Que du vent devant lequel ont fui des oiseaux apeurés.

L’automne, c’est toujours un peu comme la succession de mes échecs que le grand mouvement des choses viendrait mettre en musique, chaque année et sur la même partition multicolore.
La fin des vanités aussi. Une mélancolie qui rend la tristesse joyeuse et tranquillise la solitude. L’hiver sera bientôt un retour à l’essentiel. C’est ce qu’annoncent les parures de l’automne.
C’est l’heure où je regrette une foule de choses. Confusément. Je ne sais pas exactement quoi. Sans doute de vieux rêves toujours remis aux calendes, des  sentiers sur la dune qui n'ont jamais vu la mer, des amours volées au quotidien des jours. De vraies envies que le monde a bafouées de ses misérables exigences.

C’est comme ça l’automne. Une saison pour tremper sa plume dans les regrets de n’avoir pas été à la hauteur de ses propres illusions. D'avoir trahi  finalement.

Et je regarde ce monde que balbutie une autre langue sous un ciel sans paroles.
Je pense à l’océan qui roule inlassablement ses orgueils et ses prétentions ridicules à l’infini, là-bàs d’où je suis venu.
Je pense aux amis que je n’ai plus revus. Disparus. Echoués sur d'autres plages.
Leurs larges mains parfois posées sur mes épaules.

Je me demande aussi si tout ça vaut la peine, ces blogs, ces sites, ces écrits, ces tentatives criardes de conjurer l'incertitude, ces mots, toujours les mêmes mais recousus de neuf, comme les dimanches du désespoir.
Quand l'après midi comme un corbillard traîne en longueur sur la certitude de lundis mortellement ennuyeux.

Et comme l’artiste accoudé à son comptoir devant sa bière allemande, je regarde au loin et je me dis qu’il est bien tard, qu’il est bien tard...
Qu’il a peut-être, va-t'en savoir, toujours été bien tard.

09:27 Publié dans Acompte d'auteur | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : littérature |  Facebook | Bertrand REDONNET

Commentaires

Il est bien tard, en effet, pour nous tous qui traînons de blogues en blogues, à la recherche d'on ne sait quoi. Il aurait fallu commencer plus tôt. Mais commencer quoi ? La vie est un devoir que l’on remplit de suite au net, sans brouillon, sans erreurs possibles, sans erreurs admises.

Alors, l’automne ? Le résumé de nos échecs ? Peut-être bien. Et l’annonce que bientôt il sera trop tard et que tout sera fini. Mais quelle beauté quand même que cet automne ! Quel panache ! Afin de briller une dernière fois de mille feux et, sans doute, de se faire illusion à soi-même. Probablement.

Et pendant ce temps, le monde parle une autre langue, nous renvoyant irrémédiablement à notre solitude. C’est peut-être pour cela qu’on erre de blogue en blogue, quand revient l’automne. L’espoir insensé de trouver des semblables à soi, quelque-uns ou quelques-unes qui parleraient le même langage.

Écrit par : Feuilly | 30.09.2008

toujours le vide vent
la vite vie

entre je suis
et je fus
quelle paupière bat

c'est midi
c'est le soir
et l'écarté

Écrit par : michèle pambrun | 30.09.2008

Le poème est de Bernard Noël (La chute des temps).
Une mauvaise manip, commentaire échappé.

Écrit par : michèle pambrun | 01.10.2008

Qu'est-ce qui "vaut la peine" ? Tout, rien. Rien, parce que tout sera irrémédiablement emporté. Tout, parce que nous n'avons que cette vie-là, et qu'il serait tout de même un peu sot de ne pas chercher à l'habiter. Nous sommes Individus en Multitude, et nous le sommes de plus en plus. Monades balayés par le grand vent, s'y accrochant plus ou moins désespérément, et n'y parvenant, en effet, que trop rarement. Mais c'est aussi dans ce mouvement, et par lui, que nous puisons nos sentiments et nos pensées, que parfois nous vibrons, et nos mots n'échouent pas toujours à "conjurer l'incertitude". Ne serait-ce que parce qu'ils sont lus.

Écrit par : Marc Villemain | 01.10.2008

C'est bien parce que je cherche, depuis plus de cinquante ans, à habiter ma vie, le seul bien que je possède - mais quel trésor ! - à prendre pleinement possession des lieux, à ce qu'elle soit, le moins possible, soumise à la connerie obligatoire, que je revendique, parfois,comme ici, l'inutilité des atermoiements et des vanités, Marc.

Écrit par : B.redonnet | 01.10.2008

les gens, il conviendrait de ne les connaître que disponibles etc. : je croyais que Ferré ne vous branchait pas plus que ça... (mais je suis heureuse du contraire)

en tout cas, l'automne vous atteint vraiment, ici dans nos villes, on s'en aperçoit à peine

Écrit par : ms | 01.10.2008

Les bretons sont toujours là...en Bretagne bien sûr !Pas tout à fait "échoués" voir :
www.patrickclemence.fr Bisous

Écrit par : clemence | 01.10.2008

Foin des métaphores et des allégories. L'automne, telle qu'elle se présente à nous, telle qu'elle est, c'est la plus belle saison de l'année !

Écrit par : solko | 01.10.2008

Ah, te voilà, vieux barde breton, anar impénitent, moustache-synthèse entre Bakounine et Rabelais, cigogne qui claque du bec, poète, tes papiers !
Et quel bonheur de voir que ta plume et tes pinceaux sont toujours verts ! Je te rejoins par un autre chemin du Net !
Je parle du Monsieur qui a signé Clémence. Allez faire un tour sur son site. Ca sent le fagot et l'authentique. Il s'appelle Patrick et rien ne le vexe plus qui si on prononce son prénom en verlan ! Des gars comme ça, dieu refuse d'en faire d'autres ! C'est dire !

Martine, je disais effectivement dans une autre conversation que Ferré m'énervait un peu des fois avec un côté emphatique(Mon camarade moustachu breton chapeau noir n'est pas d'accord). Mais sa poésie, sa plume, chapeau bas. La mémoire et la mer et surtout le "Spleen" de Baudelaire....

Solko, le mot de la fin est pour vous, oui vive l'automne, sauf celui des idées !
Amitiés à tous et toutes

Écrit par : B.redonnet | 03.10.2008

Oui, oui, j'avais été voir le site de Patrick Clémence. De plus Google nous apprend qu'il avait été présenté à Ferré par Lochu lui-même (c'est à cause de Lorient que je m'étais mis à chercher). C'est extraordinaire, cela. L'Histoire est à nos portes.

"La mémoire et la mer" me semble en effet le plus beau tetxe de Ferré.

Écrit par : Feuilly | 03.10.2008

Les commentaires sont fermés.