11.01.2015
Quand s'écrit l'impensable
Sur un site «d’informations» je lis un long article signé de la très « sérieuse » AFP.
On en est à la glorification quantitative et aux pronostics, pour cet après-midi : y’aura du monde, y’aura du monde, y’aura un monde fou !
Alors, bordel de nom de dieu, on lance un défi, on compare, on jauge et on se mesure, on veut battre des records. Je lis, la colère me nouant la gorge :
Le record reste la liesse collective de quelque 1,5 million de personnes descendues dans les rues pour la victoire au Mondial de football en 1998.
Et puis le journaliste de conclure son affligeant charabia par cette phrase :
Les Jeunes socialistes défileront d'ailleurs derrière une banderole "Les jeunes pour la République, contre les amalgames".
Désolé, mais je n’ai pu juguler un immense éclat de rire car la bêtise, la soupe, l’insondable mufflerie poussées à ce point culminant, je crois que je n’avais jamais vu.
Je fais lire à D, Polonaise, et je ne ris plus : j’ai honte….
09:29 Publié dans Acompte d'auteur | Lien permanent | Commentaires (9) | Facebook | Bertrand REDONNET
Commentaires
Le pingouin, qui ne craint pas de ridiculiser le pays qu'il croit représenter avec sa cravate tordue, ses cheveux teints et ses amours de piteux sexagénaire avec une starlette, vient de déclarer, sans rire, que "Paris était aujourd'hui la capitale du monde". Propulser un obscur conseiller général de Corrèze sur le toit du monde, c'est un processus que permet la politique aujourd'hui, et qui n'a d'égal en effet, confère la photo que vous avez choisie pour illustrer ce billet, que le sport ou le show-business...
Écrit par : solko | 11.01.2015
Que dire de plus ? Ainsi que je l'écrivais ci-dessous à Stéphane, on nous a même volé le droit d'être émus. On a institutionnalisé l'émotion et tout ça pourquoi ?
Est-on devenus fous au point de croire que des millions de personnes, aussi sincères puissent-elles être individuellement, battant le pavé avec des slogans et des drapeaux sont de taille à faire taire le fanatisme des Kalachnikovs ?
Demain, chacun des grands politiques comptera ce qu'il a gagné dans l'affaire, ce qu'il en ressort de sa popularité, à des années-lumière des gens tombés dans cette sanglante folie !
J'ajoute qu'il y a quelque chose de surréaliste, d'indécent plutôt, à ce que ce soit Charlie hebdo, grand contempteur des signes, des symboles, des politiques-spectacles et des religions qui réalise post mortem "l'unité nationale".
Comme vous le disiez très justement dans un de vos billets : Charlie est mort deux fois.
Saloperie de spectacle récupérateur ! Car il s'agit bien de faire d'un drame directement vécu, une image renforçant les légitimités des pouvoirs.
Écrit par : Bertrand | 11.01.2015
Je remets ici la vidéo que Cléanthe avait mise chez moi en commentaire, vidéo qui souligne bien toute l’ambiguïté de al situation.
http://www.lesinrocks.com/2015/01/10/actualite/luz-tout-le-monde-nous-regarde-est-devenu-des-symboles-11545315/
Écrit par : Feuilly | 11.01.2015
Si 2 millions de personnes ne descendent pas dans la rue contre les traités transatlantiques, contre les atteintes aux droits de toutes sortes, contre la misère imposée par des choix politiques iniques, c'est parce que la complexité empêche les grands consensus.
Mais qu'on ne s'y trompe pas, tout ce monde dans la rue, cela veut dire qu'il y a des forces de protestation immenses et peut-être un jour le ras-le-bol fera-t-il sauter tous les clivages.
Je vois dans ces protestations la volonté de dire l'humain d'abord et beaucoup de dignité à rester calmes, même en côtoyant les hommes politiques qui étaient dans le "cortège" (dont Feuilly a, sur son blog, dressé un bout de liste).
Personnellement, je me suis éloignée de l'endroit où se trouvait le maire UMP (avec sa clique) de ma ville.
Je ne dresse pas la liste des endroits où il va pour veiller à ne pas y aller. Mon travail essentiel contre lui est de contribuer à le virer des fonctions électives qui lui ont été données.
Écrit par : Michèle | 12.01.2015
Franc et direct commentaire, Michèle.
"Peut-être un jour le ras-le-bol fera-t-il sauter tous les clivages", on peut l'espérer.
Mais quand tu vois la puissance de feu, la puissance financière, la puissance économique et la puissance du mensonge médiatique, tout ça condensé dans les mains de l'adversaire, l'espoir prend du plomb dans l'aile.
Sur les 2 ou 3 millions d'individus qui hier battaient le pavé ( parce que la cause était simple et le réflexe primaire face à la barbarie, combien font allégeance au monde de la misère, de la pauvreté, de la corruption, de la domination de l'argent et du mensonge politique ?
Les trois quarts et la moitié du reste.
Je note néanmoins que cette manifestation parisienne est vraiment Historique avec un grand H :
c'est en effet la première fois que la préfecture de police et les manifestants sont d'accord sur le nombre, à un poil de cul près.
Bien à Toi...
Écrit par : Bertrand | 12.01.2015
A un poil de cul près oui et gare à ce poil qu'un jour on mettra en travers de la gorge de tous les exploiteurs, profiteurs, de la Terre.
Bien à toi itou.
(je ne mets pas de capitale à toi, bien que je te porte aux nues :))) -ça ne me gêne pas d'exagérer - parce que je suis hyper normée et (-ative) et que je ne me referai pas là-dessus :)
Écrit par : Michèle | 12.01.2015
Comment oses-tu ne pas me gratifier d'un majuscule alors que tu en mets une à Terre ? :))
Écrit par : Bertrand | 12.01.2015
Bertrand,
sur le décompte obscène des manifestants par la journaliste et l'AFP, il faut tirer un enseignement : 11 crétins en short et en sueur, c'est plus rassembleur que 12 morts dans une salle de rédaction (mais comme les derniers chiffres semblent inverser la tendance, nous en déduirons que la France est une démocratie vive, mature, avec des citoyens qui ne se laissent pas manipuler...)
Je comprends fort bien votre désarroi...
Écrit par : nauher | 12.01.2015
Désarroi.. Je ne sais pas trop, Philippe.
Dans un monde qui ne fonctionne que sur l'image du signifiant, même pour les plus horribles choses, tout ça est anormalement normal, plutôt.
Écrit par : Bertrand | 12.01.2015
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