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09.05.2013

René Guy Cadou

Bouleversant. Je n'ai pas d'autres mots pour dire ce poème de Cadou à sa femme.


Je t'atteindrai Hélène
À travers les prairies
À travers les matins de gel et de lumière
Sous la peau des vergers
Dans la cage de pierre
Où ton épaule a fait son nid

Tu es de tous les jours
L'inquiète la dormante
Sur mes yeux
Tes deux mains sont des barques errantes
À ce front transparent
On reconnaît l'été
Et lorsqu'il me suffit de savoir ton passé
Les herbes les gibiers les fleuves me répondent

Sans t'avoir jamais vue
Je t'appelais déjà
Chaque feuille en tombant
Me rappelait ton pas
La vague qui s'ouvrait
Recréait ton visage
Et tu étais l'auberge
Aux portes du village


René Guy Cadou, La vie rêvée, 1944

09:19 Publié dans Musique et poésie | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : littérature |  Facebook | Bertrand REDONNET

Commentaires

Jean Rouaud a écrit un magnifique "Cadou Loire Intérieure" publié en 1999 chez joca seria. C'est un texte d'une quarantaine de pages écrit pour le film "René Guy Cadou", une coproduction France 3-TV Only, réalisé par Jean-Pierre Prévost, pour la collection "Un Siècle d'Ecrivains" présentée et dirigée par Bernard Rapp.

Je recopie douze lignes (p. 11 et 12) :

Le secret de son identité tient dans son
double prénom. Si Cadou insistait tant pour
qu'on ne mette pas un trait d'union entre
René et Guy, c'est que les deux prénoms n'en
font pas qu'un. René Guy c'est deux frères
en une seule personne : Guy, l'aîné, mort à
dix-huit mois d'une méningite, René, de huit
ans son cadet, son remplaçant, ce qu'indique
son préfixe avec cette valeur de répétition, ce
re-né comme une redite, comme un bégaiement
de la naissance. Ainsi ce nouveau-né
n'est pas nouveau. René Guy, si ce n'est lui
c'est donc son frère. Comment vit-on avec ce
corps mort accroché à son nom ? Mal et pas
longtemps.

La poésie de René Guy Cadou devrait être dans nos maisons...

Écrit par : Michèle | 09.05.2013

J'apprends là beaucoup, beaucoup de choses et t'en remercie. Je savais le petit frère mort en bas âge, mais n'avait pas fait le lien avec René Guy.
Je m'empresse d'ailleurs de supprimer le trait d'union.
Je disais quelque part ( je ne sais plus où) que si j'étais sommé de dire les trois poètes que je sens le plus vibrer en moi, je dirais Brassens, Cadou et Couté. Au même niveau mais sur des cordes différentes.

Écrit par : Bertrand | 09.05.2013

Je me permets de faire un lien vers le blog des éditions du Petit Véhicule, dirigées par Luc Vidal, sans doute un des plus grands spécialistes de Cadou. Ils ont sorti un magnifique film sur le poète il y a peu de temps (avec des entretiens pleins de tendresse et de malice avec Hélène).

Film disponible en dvd : http://editionsdupetitvehicule.blogspot.fr/2013/05/luc-vidal-belle-ile.html

Écrit par : stephane | 11.05.2013

Salut, compagnon chemineau !
Bien sûr que tu peux te permettre et même que je t'en remercie ! Félicitations à Luc Vidal.

Écrit par : Bertrand | 13.05.2013

J'aime beaucoup ce poète trop peu connu, trop éloigné de l'académisme si souvent encensé.
J'ai assisté il y a peu dans ma ville à un "récital" de ses textes dont j'ai admiré la simplicité et la manière de dresser le portrait des choses de la vie. Je l'ai découvert à l'époque où un peu fauchée, j'achetai les recueils de poésie 1. Jean Rousselot en disait : "je ne sais pas de message plus réconfortant que le sien, en une époque où les seules prophéties qu'on nous lance sont des poésies désespérées."

Écrit par : saravati | 22.05.2013

Merci Savarati de votre passage. Cadou, un grand un peu délaissé, c'est vrai, mais nous sommes encore un certain nombre à l'aimer. Et je suis bien heureux que vous soyez de ce nombre là.
Ce poème est magnifique, tout pétri de tendresse.

Écrit par : Bertrand | 22.05.2013

Les commentaires sont fermés.