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14.03.2012

Dans quel état j’erre ?

photo_1318427215612-1-0.jpgLecteurs, je vous le concède bien volontiers : le jeu de mots a de la barbe ! Tenez-le dès lors pour une envie passagère, pour un de ces poncifs qu’on a parfois le désir d’énoncer, comme ça, pour la rigolade. Parce qu'être toujours sérieux, c’est fatigant, ça n’est pas gai et, forcément, ça ne peut pas être sincère.
Donc, si j’en crois les statistiques de la plateforme Hautefort - qui à mon avis déraillent un peu quand même - vous êtes de plus en plus nombreux à venir me lire. Plus de 3000 maintenant. Ce dont je vous remercie.
Alors, je fais comme si c’était vrai et je me sens redevable envers vous de quelques nouvelles sur la part d’écriture faite dans l’ombre. Il s'agit là d'une marque de politesse et de respect.
Car il faut personnaliser les blogs. Les faire confidentiels, les humaniser, qu’on sente, derrière, un homme ou une femme d’os et de chair et de cœur. Brassens disait qu'une chanson, c'est une lettre à un ami. Le blog aussi. Même si, parfois, c'est une  charge en direction d'un ennemi. C'est toujours du vivant. Rien de plus triste que ces blogs où l'on n'arrive pas à savoir qui parle et d'où ! Cela enlève à l'écriture la moitié de son relief. Pour peu qu'elle n'en soit pas généreusement pourvue d'elle-même, alors...

J’écris beaucoup. J’écris toujours. Mais ces velléités d’écrivain n’arborent pas pavillon triomphal depuis quelque temps. Alors autant vous le dire. Ne pas suivre l’exemple de ces auteurs pour qui, publiquement, tout va toujours pour le mieux, qui se vantent et se lustrent le nombril, mais qui, en privé, pleurnichent comme des canes. Bon, mais bon, bon, c’est là leur problème…Hum… Bon.
Mon dernier livre, donc, publié en juillet dernier, Le Théâtre des choses, suit son bonhomme de chemin. Il se lit, me dit fort gentiment l’éditeur, comme se lit un livre qui n’est supporté ni par les journaux, ni par la télé, ni par la radio, qui n'a pas été écrit par quelqu’un qui venait d’assassiner sa grand-mère et qui n'est pas parrainé par un grand frère ayant autorité - réelle ou surfaite- dans le sérail.
Zozo, lui, revient du Québec. Comment ? Oui, merci, il a fait bon voyage et a vécu là-bas un séjour où il fut fort apprécié. Cela me fait plaisir. Beaucoup.
Géographiques. Pas de nouvelles.

Brassens,  épuisé depuis longtemps.
Les deux autres, vous le savez, assassinés par un marchand de fichiers numériques.
Voilà pour la bibliographie. On en a vite
fait le tour.

Pour ce qui est de l’écriture actuelle, ben, ça n’est pas vraiment ça. Jugez-en plutôt.

J’avais entamé la rédaction d’un recueil de contes de mon cher Poitou… C’était une commande pour acheter du pain, mais je me suis trompé, ce n’était pas la bonne commande. La bonne était « Hauts lieux de légendes en Poitou ».
Un truc touristique à la… ce que vous voudrez. J’ai laissé tomber et travaillé deux mois pour reun. J’ai tout de même réussi à acheter un peu de pain et un peu de fricot, je vous rassure.
Plus sérieusement et plus embêtant, l’autre manuscrit, Agonies ou les champs du crépuscule, écrit en 2009/2010, retravaillé en 2011, n’en finit pas de ne rien faire du tout. Refusé aux éditions du Sonneur. Refusé au Chasseur abstrait, alors là, avec une élégance qui donne envie de se faire tout de suite chasseur concret et de botter des fesses de fâcheux ! Des goujats… Pas un mot. Rien. Pas un commentaire. Juste : on a refusé votre manuscrit. J’ai demandé, ironique : c’est si mauvais que ça ?

Silence méprisant.
Quand les petits pètent plus haut qu'ils n'ont le cul et ont déjà les perversions grotesques des grands, alors…
Qu’ils aillent se faire… ce que vous voudrez encore.
Ce manuscrit, j’ai eu l’outrecuidance de le présenter chez Fayard. Quel con ! Là, comme m’a dit une amie, ce n’est pas un refus, c’est une erreur de ta part. Effectivement. Savoir qu'un écrivain qui a un peu de respect pour son art, n'a plus rien à faire auprès des grandes maisons. Le savoir vraiment.
Lettre typique : « malgré son intérêt… » Vous connaissez la  suite. Sans intérêt, justement.
Le manuscrit est donc en lecture dans une autre maison. Je ne dis pas laquelle parce que, là, c’est certain qu’ils vont le prendre et je vous en ferai la surprise… Enfin, n’y comptez pas trop quand même. Pas plus que moi.
Tout cela est éreintant. Pas déprimant, non. Les éditeurs peuvent bien refuser, ils ne peuvent rien contre l’essentiel : l’écriture.
Ah, j'allais oublier dans cette liste édifiante : j’ai écrit aussi une nouvelle sur le football… Pas dans les cordes d’Antidata. Hors sujet… Bon. Normal. Excellents rapports conservés entre nous. Mais ça commence à faire beaucoup pour un seul homme, tout ça.
Enfin, quand j’avais écrit Zozo en 2008, j’avais fomenté le projet dans ma tête qui n'arrête pas d'en fomenter, de faire une trilogie. Trois personnages atypiques, trois  en dehors. Trois livres. Je viens de terminer le second. Il me plaît vraiment bien.
Reste à savoir s’il plaira à d'autres. Pas gagnée encore, cette histoire ! Mais j’ai au sujet de ce dernier-né quelques idées et s'il y a bien une chose que personne ne m'enlèvera jamais, c'est l'immense plaisir que j'ai pris à l'écrire !

Alors ça roule malgré tout et c’est le printemps. Et je sais bien, qu’en plus de souffrir d’une modestie handicapante dont je ne sais vraiment pas comment me débarrasser, je suis bourré de talent !
Ah, si seulement on était plusieurs à le savoir !

Photo AFP

13:03 Publié dans Acompte d'auteur | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : littérature |  Facebook | Bertrand REDONNET

Commentaires

Et ça va mieux en le disant tout ça, mais y en si peu qui le disent...

Écrit par : Alain L. | 14.03.2012

Si peu le disent, Alain, c'est bien la preuve que beaucoup le sentent et le vivent. Misère !
Bien à vous

Écrit par : Bertrand | 14.03.2012

Olé sur qu'olé possib' qu'o m'aurai piu, tieu titre:

Hauts lieux de légendes en Poitou

Écrit par : Daniel Duret | 14.03.2012

En voilà une drôle d'idée de vous présenter chez Fayard ! Elle a eu bien raison votre amie.

Écrit par : ArD | 14.03.2012

O fait piési d'entende d'causer pouètevin su tchau biog... L'tit' olé rin, c'qui compte ole c'quo y'a darrière...

ArD : C'est une amie qui a assez rarement tort, pour tout vous dire (!)

Écrit par : Bertrand | 15.03.2012

Les commentaires sont fermés.